comme l’herbe pousse dans les lézardes du béton les trois totalités et la démocratie interstitielle

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Si le monde a changé, nos manières de le penser et nos catégories politiques doivent elles aussi changer. La violence des pratiques économiques conquérantes a produit un état de violence contaminante qui accélère une déshumanisation palpable. Nous étions héritiers de l’ethos démocratique qui souhaitait rendre possible la plus belle forme de vie, toujours fragile mais désirable, nous sommes passés par un état de survivance, où seul le corps intact était resté objet sacré et nous voilà arrivés dans un moment sacrificiel. Quand le ravage fait rage, la démocratie n’est plus qu’un accessoire.

De même que la clé d’hier soir ne rentre plus dans la serrure qu’on a changée pendant la nuit, les signifiants régulateurs de la vie sociale et politique, hérités du XIXe siècle (siècle de l’impérialisme colonial, de la consolidation de l’État moderne, du premier essor des sciences humaines), ne sont plus vraiment opératoires aujourd’hui — gouvernement, institutions, partis, représentation, peuple ou public. Pour saisir les forces puissantes qui sont en train d’emporter avec elles ces vieilles catégories, celles de la taxinomie sociale et du « bon gouvernement », on ferait bien de tenir compte de ces modalités tonales, humorales, affectives, comportementales (et des effets de transfusion entre elles) dont se méfient depuis toujours les sciences sociales et politiques, les réduisant un peu vite à l’écume de la psychologie ou à l’inexorable « peopolisation » du monde. Car on y apprend plus sur l’époque, désormais, que du haut de la tour de guet des épistémologues du présent.

Le sacrifice : voilà la gure rhétorique commune à laquelle chacun de nos trois ennemis d’aujourd’hui réduit la démocratie.

La soif de conquête d’une multinationale venue piller les ressources d’un pays pauvre y déteint vite sur les communautés locales, dont les rivalités ancestrales sont souvent réveillées par le cynisme belliqueux qui préside à la prédation — lithium en Afghanistan, coltan au Congo, pétrole en Amazonie, gaz en Afrique du Nord. L’impudence provocante, déguisée en insoumission charmeuse, du youtuber populaire ou du grand patron glamour, du franc-tireur politique ou du parrain mafieux ne cessent, dans l’espace des images et des opinions, de se renforcer, de s’imiter l’une l’autre — El Chapo et Berlusconi, Elon Musk et Felipe Neto, mêmes combats. À mesure que la chose politique se réduit au culte des vedettes du pouvoir et au défilé de leurs frasques sur les réseaux, la ligne de démarcation s’estompe, jour après jour, entre l’autoritarisme des dictateurs élus et le néo-bonapartisme assumé des forts en gueule de la démocratie médiatique — Kim Jong‑un trouve Donald Trump à son image, Poutine et Erdogan savent qu’ils se ressemblent et entre les ploutocrates devenus présidents des deux côtés de l’Atlantique, le mimétisme l’emporte sur les désaccords. Tous mettent en avant, pour régner par la peur ou gagner les suffrages de la Toile (et de la presse à sensation), leurs manières impulsives, leurs désirs débordants, leur manque de tact et leur liberté de ton, en gages d’esprit critique et de sincérité émotionnelle.

démocratie facultative

Et de même que s’indistinguent, au royaume des gestes et des humeurs (ou du « ressenti », selon le mot creux qui a cours aujourd’hui), les despotes et les élus du suffrage universel, le crime et le marché, l’économie qui tue et celle qui adoucit les mœurs tendent elles aussi à se confondre : guerres interminables dont s’accommodent les marchés, complexe militaro-sécuritaire en plein boom, à la fois comme secteur marchand et comme instance de contrôle au service des marchés, taux de croissance records là où la situation politique est la plus explosive (c’est ce que notent tous les rapports des think tanks sur le continent africain), délinquance en col blanc ou contournements de la loi, dans l’Euro-Amérique, pillage des ressources naturelles et humaines sous le couvert de lois nouvelles, de l’Amérique latine à l’Asie du sud-est. De fait, les ravages meurtriers, pour la santé des pauvres, les droits du travail ou la survie des espèces, de firmes toutes-puissantes telles que Bayer-Monsanto, Nestlé, WalMart ou Vinci font d’elles, bel et bien, les supervoyous du moment, moyennant une homologie structurale avec ce que furent il y a cent ans les syndicats du crime ou, il y a vingt ans, les grands cartels mafieux. Quant à ces derniers, les dizaines de milliards qu’ils brassent, les normes comptables strictes qu’ils appliquent, les ethos de PDG de leur cruels patrons et leur place centrale et non plus marginale, dans plusieurs économies nationales, permettent de les voir comme la vérité et non l’outrance, l’un des moteurs et non pas des accidents, le modèle effectif et pas le repoussoir, de l’économie-monde contemporaine.

Voilà pour le décor, ou l’ambiance — qui ne sont pas des éléments secondaires, à l’heure où l’espace public bourgeois, cette scène démocratique de l’Occident moderne, a cédé la place à la plus vaporeuse atmosphère, au sens de milieu, de biotope, mais aussi d’environnement psychosocial plus ou moins saturé d’ivresses et de rancœurs. Dans une telle ambiance, la démocratie voit son territoire se recroqueviller, comme les banquises fondent au soleil année après année. L’assurance, donnée d’un air triomphaliste entre les premières brèches du Mur de Berlin (1989), que l’économie de marché désormais totale et l’information libre désormais (presque) mondiale seraient les plus sûres garantes de la démocratie, et qu’un triple nœud serré les relierait désormais pour l’avenir, a duré moins longtemps qu’il n’en faut pour le dire. Ce roi-là s’est trouvé nu bien avant que l’hiver fut venu — facultative, la démocratie. Les meilleurs élèves du capitalisme nouveau ont vite été les émirats féodaux et la Chine du parti unique. Les démocraties libérales étranglées par le monétarisme austéritaire ont vu grimper sur leurs flancs démagogues populistes et formations d’extrême-droite, la soumission du monstre froid étatique à la macro-structure financière réveillant peu à peu les plus chauds des démons politiques. Entre horizontalité numérique et néolibéralisation des grands services collectifs (éducation publique, santé universelle, culture non marchande…), les institutions intermédiaires indispensables au fonctionnement démocratique ont vu s’amenuiser leur rôle comme leur marge de manœuvre. De son côté, la plus ancienne des démocraties libérales (les États-Unis, fondés en 1776) s’est mise à « exporter » ses principes à coups de blindés destructeurs et des a priori orientalistes — « On va vous pacifier la gueule ! », comme disait l’affiche du film War Machine sur l’occupation américaine de l’Afghanistan. Quant aux vertus de l’information libre et de la transparence médiatique, la concentration des groupes de presse, les logiques d’agenda plus prégnantes que jamais et, bien sûr, l’essor du complotisme viral et des fake news sur fond de révolution numérique n’ont pu que faire déchanter ceux qui en firent hier la panacée démocratique, vers le tournant du millénaire.

Ce sont bien aujourd’hui trois fondamentalismes, au sens strict, qui prennent en tenaille la vie démocratique, trois règles intégrales, produisant trois contraintes totales, qui ne se recoupent pas entièrement mais coexistent tacitement, se partageant les strates de l’espace social jusqu’à le recouvrir (presque) entièrement : le fondamentalisme du marché, totalité par défaut, qui ne requiert aucune adhésion, mais qu’on peut nommer tel par sa stratégie d’hégémonie sans partage et la façon inédite qu’a sa logique exclusivement comptable de surdéterminer chaque aspect de l’existence individuelle et collective (ou aussi bien, par la façon aveugle dont, face aux échecs patents de ses mécanismes, il en radicalise les principes au lieu de les assouplir, comme on l’a vu suite à la grave crise financière de 2008-2009) ; et comme seules alternatives visibles à cette violence de l’économie, exercée dorénavant à découvert, deux fondamentalismes en miroir, ennemis mortels mais cousins directs, celui de la théocratie et celui du nationalisme, en l’occurrence, le plus souvent, de l’islamisme politique et du patriotisme xénophobe. Sous nos cieux, l’affrontement spectaculaire de ces deux-là, d’attentat sanglant en blog haineux, nous fait oublier leur logique communautaire semblable, celle d’un territoire absolutisé dont les inclus doivent être domptés, et les exclus, « mécréants » ou « étrangers », éradiqués — un territoire sacré, à l’abri du monde vide de la mondialisation. Mais ces deux fondamentalismes à l’ancienne — celui de la religion étant aussi vieux que la Bible, qui justifiait hier les croisades et les génocides coloniaux, et celui de la Nation datant au moins d’un siècle et demi, quand elle passa de gauche à droite, ou du « peuple » au « sang »… — partagent avec leur cadet, le fondamentalisme du marché, une méfiance intrinsèque envers la démocratie, qu’ils invoquent vertueusement mais que leurs appareils de captation travaillent surtout à encadrer, assujettir, embrigader si possible (avec des succès inégaux, l’impact de la publicité et des affinités marchandes restant plus large, et plus constant, que celui des propagandes religieuse et nationale).

citoyenneté sacrificielle

Et pour la soumettre, ils ont en commun de redéfinir la démocratie dans le sens d’une citoyenneté strictement sacrificielle. Le sacrifice : voilà la figure rhétorique commune à laquelle chacun de nos trois ennemis d’aujourd’hui réduit la démocratie, le peuple comme groupe passif dont chaque membre doit être prêt au sacrifice, à la soustraction de soi. Littéralement, dans le cas des théocrates, qui recrutent des kamikazes et promeuvent l’autodestruction comme ticket d’entrée dans le Califat. Tactiquement, pour les patriotes nouveaux, qui sanctifient les martyrs (de Jeanne d’Arc au gendarme Arnaud Beltrame) et préviennent leurs recrues que la partie sera dure et solitaire, mais d’autant plus méritante. Et doctrinalement, moyennant un chantage argumentaire ravageur, au cœur de la rhétorique néolibérale, qui depuis plusieurs décennies maintenant imprègne les discours politiques et les rapports sociaux d’une même pédagogie de la soumission : puisque la crise est là, qu’il n’y a plus d’alternative, et que de toute façon c’est pire ailleurs, il va falloir se serrer la ceinture, faire un effort, être raisonnable, préférer la continence à l’assistanat, rogner sur ses « privilèges » ou son confort d’héritier de (feu) l’État-providence — comme il est répété, négociation après négociation, élection après élection, aux contribuables, aux allocataires, aux derniers salariés, aux cheminots, aux fonctionnaires, plus souvent qu’aux évadés fiscaux, évidemment. Et l’économisme sacrificiel en vigueur aujourd’hui peut lui aussi se faire littéral : la leçon grecque de ces dernières années est qu’on peut sacrifier une population entière — paupérisée, acculée, abandonnée, privée de tout service public — aux injonctions du FMI et de la Banque centrale européenne.

Entre ces trois fondamentalismes, qu’un philosophe médiéviste appellerait des « monismes » (érigeant, comme ils le font, une instance absolutisée en principe unificateur, et renvoyant l’entêtante diversité à l’Uniquat obligé), il y a non seulement un cousinage logique, mais aussi, bien sûr, des rivalités symboliques et des jeux dialectiques qui occupent tout le terrain, y réduisant toujours davantage l’espace dévolu à la démocratie effective, en tant que pluralité indépassable. Derrière la vulgate anti-communautariste hexagonale, et son supplément d’âme (pseudo-)féministe, la querelle du voile musulman en fournit une inlassable illustration : argument essentialisé par les islamistes radicaux, point de fixation non moins absolutisé par les forces nationalistes qui veulent l’éliminer partout, et heureuse occasion pour de nouveaux segments de marché d’imposer le marketing multiculturel (du vêtement féminin aux aliments Halal), la question du voile ne peut plus, faute d’espace démocratique, faire l’objet d’un traitement juste, singulier, dialogique, respectueux des contextes et des différences — ou de l’idée, inhérente à la tradition démocratique, d’un sujet politique autonome, irréductible aux visions monolithiques de l’Islam comme à la dictature de la majorité, quand elle prétend parler au nom des minorités. Entre les trois pôles opposés de cet étau néo-fondamentaliste, c’est bien la démocratie, comme immanence politique, qui se trouve étouffée, sacrifiée, réduite à peau de chagrin.

Pour tous ceux qui ne sont ni sala stes, ni patriotes extrémistes, ni DRH, ni banquiers d’investissement, la possibilité d’un sursaut démocratique s’est trouvée considérablement réduite.

Dans cet espace resserré, une violence d’un type nouveau, inscrite dans les règles et les structures, les impuissances du quotidien et les chantages fatalistes, vient saturer les ambiances sociales, électrifier les situations ordinaires, imprégner les rapports de classe et les relations interpersonnelles. Une violence, d’autant moins visible ni reconnue comme telle, que plusieurs décennies de « pacification » ont permis de prohiber maintes formes de résistance, de disqualifier les dissidences démocratiques et, surtout, d’escamoter la conflictualité sociale, effacée des discours dominants, naturalisée sous la figure de l’accident, euphémisée et dissimulée par les lexiques obligés du « partenariat » social, de la proposition « constructive », de la charité « humanitaire » — en lieu et place, respectivement, de la lutte des classes, de la contestation sociale et du conflit géopolitique. Lesquels, pourtant, sont bien de retour, derrière leur déni officiel. En attendant, le salarié soumis à des objectifs de rendement intenables voit sa souffrance déniée par la chance qu’il aurait et la file de ceux qui convoiteraient son poste. Les millions de réfugiés errant à travers la planète endurent un calvaire dont les autorités, policières et migratoires, minimisent implicitement la gravité, au nom des génocides d’hier et des déportations d’avant-hier. La grande pauvreté réapparue dans les pays du « nord » est elle-même relativisée par le truisme selon lequel c’est pire, de toute façon, au sud du globe. Quant au flux ininterrompu des images et des informations, il déréalise l’évidence de la brutalité systémique, à laquelle nos corps nerveux et douillets, nos esprits inquiets mais stimulés par les nouvelles camisoles chimiques, n’offrent plus que leur indifférence — une rixe de bar étant désormais traumatisante, et l’agonie sur nos trottoirs de sans-abris ou de migrants privés de tout, tristement normalisée. Cette « chute du cours de l’expérience » dont parlait Walter Benjamin en 1933, pour caractériser la conscience (et la sensation) des modernes, s’est accélérée de façon décisive au cours du dernier demi-siècle, sur fond de précarisation du travail, de tyrannie consumériste, de sursollicitation médiatique et de techno-narcissisme en réseau. Pour tous ceux qui ne sont le relais d’aucun des trois fondamentalismes, ou pour le dire trop vite, qui ne sont ni salafistes, ni patriotes extrémistes, et ni DRH ni banquiers d’investissement (l’immense majorité d’entre nous, donc), la possibilité d’un sursaut démocratique, ou d’œuvrer collectivement à contrer ce triple étau, s’en est trouvée considérablement réduite.

lieux et contre-feux

Pourtant, cette mobilisation des forces démocratiques n’en a pas moins lieu, de façon accrue, qui plus est, depuis une douzaine d’années. Mais elle a lieu, pour l’essentiel, hors des corps constitués, soumis qu’ils sont aux nouvelles contraintes systémiques, hors des voies établies de l’élection et de la représentation, légitimement discréditées, entre les lignes et les vignettes du présentisme médiatique, peu enclin à témoigner de son existence, et loin de l’unitarisme social ou politique qui domina le XXe siècle, pour le meilleur ou pour le pire — fascismes rouge ou brun des années 1930 pour celui-ci, insurrections de 1917-1919 ou ordonnances françaises de 1944, pour celui-là. Elle a lieu, cette fois, dans une pluralité irréductible de causes et de praxis, d’affects sociaux et de modes opératoires, de subjectivations politiques et de temporalités dissociées. Une pluralité qui ne génère pas seulement impuissance et dispersion, mais tout aussi bien, à moyen terme, le libre déploiement de contre-feux multiples, que seules des circonstances objectives (krach financier mondial ou concomitance de soulèvements sociaux) pourraient un jour réunir en un seul incendie. Parce qu’ils sont liés à des territoires dont ils défendent l’autonomie, à des lieux qui les ont rassemblés, ancrant dans des espaces de vie collective leur égalitarisme radical et leur inventivité coopérative, de tels contre-feux démocratiques ont pris, ces dernières années, des toponymes précis, plutôt que les majuscules du dogme révolutionnaire ou les acronymes d’organisations instituées : le Soweto des townships libres, l’Exarchéia des autonomes grecs, le Chiapas des Zapatistes, l’Oaxaca de la « commune » de 2006, le Buenos Aires des piqueteros, Zuccotti Park à New York ou Oakland Center en Californie pour Occupy Wall Street, Tottenham pour les émeutes de Londres, le Rojava kurde ou les rives péruviennes du fleuve Marañón, les campus occupés du Québec en 2012 ou de la France de 2018, la Puerta del Sol madrilène ou la Place de la République parisienne, les banlieues de Séoul ou Shenzhen des longues grèves illicites, la Place Tahrir égyptienne ou la ville tunisienne de Sidi Bouzid (à l’origine des « printemps arabes »), et encore les « zones à défendre » variées de Susa (Italie), Standing Rock (Dakota), Notre-Dame des Landes ou Sivens (France). Mais cette logique interstitielle, celle de l’enclave (provisoirement) indépendante ou de l’autonomie temporaire, s’applique aussi bien aux espaces-temps dérogatoires des vies plus ordinaires, aux cyber-communautés critiques ou aux infimes résistances urbaines, à tout ce qui échappe, par les mots et les gestes, les fraudes ou les solidarités, au triple étau de l’anti-démocratie.

Il y est question de démocratie directe et d’autogouvernement tâtonnant, de métissage et de fragilité, de municipalisme et de troc institué, de marges d’expérimentation et de recoins insoumis, de la subjectivation inventive, à rebours de l’identité essentialisée, et de l’amitié en tant qu’institution civile, contre l’amitié obligatoire qui sert de musique de fond à la grande scène informelle du marché — amitié sur les barricades, ou juste par la satire des dominants, contre l’amitié familialiste de la série TV Friends, dont l’insouciance potache habille de légèreté la violence néolibérale. Et jusqu’au cœur des dispositifs sociaux et politiques en place, bases syndicales s’émancipant de leurs directions, groupuscules d’élus creusant une réserve d’espoir dans des parlements moribonds, cette logique de l’affect collectif et de l’habileté inventive est mise au service d’une résistance résolue. Rien là, bien entendu, qui puisse fédérer un mouvement démocratique opérationnel, à l’échelle nationale, encore moins mondiale, ni remplacer au pied levé les remparts et les contre-pouvoirs abattus par la vague néolibérale et ses suppléants involontaires du côté du patriotisme hystérique et du fondamentalisme religieux. Rien pour l’instant, du moins. Car en période de régression, de menaces et d’étau resserré, il faut faire feu de tout bois, comme le répétait en son temps Rosa Luxembourg. Jusqu’au moment où le bois brûle enfin d’un seul feu.

Post-scriptum

François Cusset, historien des idées, professeur de civilisation américaine à l’Université de Paris-Nanterre, vient de publier Le Déchaînement du monde : logique nouvelle de la violence, La Découverte, mars 2018.