Vacarme 04/05 / féminin pluriel

prologue

Origine des femmes (Toba-Pilaga)

Autrefois, les hommes avaient coutume de chasser et de placer leurs provisions de gibier sur le toit des huttes. Un jour qu’ils étaient absents, tes femmes descendirent du ciel et volèrent toute la viande- Le même incident se reproduisit le lendemain, et tes hommes (qui ignoraient l’existence des femmes) placèrent Lapin en guetteur. Mais Lapin dormit tout le temps, et la viande grillée fut volée. Le jour suivant, Perroquet prit la garce, caché dans un arbre, et il vit les femmes, qui avaient un vagin denté. D’abord silencieux et immobile, Perroquet jeta un fruit de l’arbre sur les femmes qui festoyaient en dessous. Les femmes s’accusent d’abord l’une l’autre, puis elles découvrent Perroquet et se le disputent comme mari. Elles échangent des projectiles, dont l’un s’égare et vient couper la langue de Perroquet. Devenu muet, réduit à S’exprimer par gestes, il ne peut faire comprendre aux hommes ce qui s’est passé. C’est au tour d’Épervier de monter la garde ; il a soin de se munir de deux bâtons de jet. Le premier manque le but et permet aux femmes de le découvrir, mais, bien qu’elles se disputent encore pour l’avoir comme mari, puis essayent vainement de le tuer en lui lançant des projectiles, Épervier réussit, avec son second bâton, à couper l’une des deux cordes dont les femmes se servaient pour descendre du ciel et y remonter (une corde pour les jolies femmes, l’autre pour les laides). Plusieurs femmes tombent, s’enfoncent dans la terre, non sans qu’Épervier en ait capturé deux pour son usage.

Il appelle alors ses compagnons, Iguane seul l’entend, mais comme il a de très petites oreilles, les arbres hommes refusent d’admettre que son ouïe puisse être plus fine que la leur. Enfin, Épervier parvient à se faire écouter... Tatou extrait les femmes de la terre et les distribue à ses compagnons.

Origine des femmes (Matako)

Autrefois, les hommes étaient des animaux doués de parole. Ils n’avaient pas de femmes, et se nourrissaient de poisson qu’ils pêchaient en énormes quantités.

IIS s’aperçurent un jour qu’on avait volé leurs provisions, et laissèrent un perroquet pour monter la garde Perché en haut d’un arbre, celui-ci vit des femmes qui descendaient du ciel en glissant le long d’une corde. Elles mangèrent tant qu’elles purent, et s’endormirent à l’ombre de l’arbre. Au lieu de donner l’alarme comme il en avait reçu l’ordre, le perroquet se mit à jeter des brindilles sur les femmes, qui se réveillèrent et découvrirent l’oiseau. Elles le bombardèrent avec des graines, dont l’une l’atteignit à la langue, restée toute noire depuis.

l’iguane entend le bruit du combat et alerte ses compagnons ; mais comme on le croit sourd, on refuse de l’écouter. Quant au perroquet, d est devenu muet

Le lendemain, le lézard monte la garde, mais les femmes le capturent et lui arrachent la langue. Le voilà muet lui aussi. Les hommes discutent entre eux et confient la garde du village à l’épervier, que les femmes ne voient pas parce que la couleur de son plumage se confond avec celle du tronc de l’arbre où il s’est perché. L’épervier donne l’alarme ; bombardé de projectiles par les femmes, il réussit néanmoins à couper la corde. Désormais les hommes eurent des femmes

Origine des femmes (Chamacoco)

Alors qu’il était malade et couché dans son hamac, un jeune homme entrevit la vulve de sa mère, qui était montée sur le toit de la hutte pour réparer la couverture. Enflammé de désir, il attendit son retour et la viola. Puis il se laissa aller à lui révéler le secret des masques, qu’elle communiqua à ses compagnes, bien que les femmes dussent l’ignorer. Quand les hommes s’en aperçurent, ils tuèrent toutes les femmes sauf une qui, changée en cerf, réussit à s’échapper. Mais ils se résignaient mal à faire eux-mêmes les travaux féminins.

Un jour, un homme passe sous un arbre où la survivante est perchée. Elle crache pour attirer son attention. L’homme essaye de grimper à l’arbre, mais il en est empêché par son pénis en érection ; il renonce, non sans avoir inondé le tronc de sperme. Les autres hommes surviennent, réussissent à atteindre la femme depuis les arbres voisins. Ils la violent, la coupent en morceaux qui s’imbibent, en tombant, de sperme répandu. Chaque homme prend un morceau et le rapporte chez lui. Puis ils vont tous à la pêche.

Deux chamans, envoyés en éclaireurs, prétendent l’un après l’autre que les vautours ont dévoré les morceaux de femme. Les Indiens reviennent alors au village, qu’ils trouvent peuplé de femmes et d’enfants. Chacun obtient l’épouse issue de son morceau. Les morceaux de cuisse avaient donné des femmes grasses ; les doigts, des maigres.