Vacarme 21 / Chroniques

une désaffection pour la chose sportive

par

Régurgiter par associations
Délier une histoire
Que tel vide amène à tel plein
Libéré du convaincre énumérer les indices
Il y a des montagnes
Leur cime est enneigée
Boucles échantillons qui s’altèrent
Pour délier les pleins
La boucler pour qu’elles s’ouvrent, suggèrent la proximité d’une mer
Arracher un épaulé jeté
L’haltérophile soulève de la fonte
Comme neige au soleil

Jamais je n’aurai mis aussi longtemps pour écrire cette chronique. Il est difficile et fort ennuyeux d’exprimer sa désaffection. En l’occurrence pour la chose sportive. Quelle indifférence m’inspira cet été la victoire annoncée de Lance Armstrong dans le Tour de France. Je n’ai réellement remarqué la présence sur le podium du Lituanien Rumsas que deux mois plus tard, quand il a refusé de prendre la place de sa femme en prison. Elle s’y trouve accusée de détention et convoyage de produits dopants. Rien à foutre des quelques victoires au sprint de Cippolini en combinaison zébrée. Ce guignol abandonne tous les ans au pied du premier relief.

Comment expliquer que Muriel Hurtis — la belle Muriel Hurtis — peut aligner les victoires sur 100 et 200 mètres sans me faire oublier Marie-Josée Pérec — la disparition — et son mauvais caractère.

Que dire d’une équipe de France de football déjà insipide dans la victoire qui va perdre aux antipodes d’une façon aussi ennuyeuse. La nostalgie d’une France qui perdait avec un incroyable panache contre la terre entière couvre celle-ci du même emplâtre que celui qui devait guérir la cuisse de Zidane. Voilà tout de même un type qui a le bon goût de se faire expulser quand l’équipe gagne et d’être blessé quand elle perd. La classe, ça ne s’apprend pas.

Les présidents des grands clubs européens s’associent en un G-14 (appréciez le cynisme) dont le but avoué est de faire figurer le plus régulièrement possible leurs équipes dans les compétitions à fric style Champion’s league. Guy Roux et Ghernot Rohr auront bien du mal à les faire oublier. Le premier en offrant du Chablis au monde entier, en faisant aimer une équipe à 80 % d’origine africaine au fin fond de la Bourgogne, en fustigeant les matches décalés en fin d’après-midi, heure de la traite pour une bonne partie de son public, en gesticulant devant toute l’Europe pour récupérer un ballon qui ne redescendait pas des tribunes pendant le match contre Dortmund (on n’est pas des voleurs), en réussissant des adieux à la Mistinguett. Le second en réunissant — assez paradoxalement à Nice — une équipe de joueurs suffisamment méprisés pour être encore enthousiastes. Cet Allemand aime la France d’une façon très touchante. Prions pour qu’ils soient l’un ou l’autre champions de France, pour m’aider à retrouver la foi.

En espérant que ce désamour ne soit qu’un de ces passages obligés de toute vie conjugale, je profite en toute modestie de la place qu’il me laisse pour vous proposer une petite poésie. Étant entendu que la poésie n’est jamais aussi bienvenue que quand elle n’est pas à sa place.