western love
par Bill Luoma
J’ai appréciéton plat de haricots.C’était grandcomme dix amarantes. Tuas aussi acheté descouvertures à la mode pournous protéger des cris du coyotedans la nuit. Je t’appelaismon petit coussin isolant.
La prairie s’étend à perte de vueau fil de notre errance. Tu as faitun feu pour sécher nos chaussettes.Dans la nuit les bêtes reconnaissantesclignaient des yeux vers les ombres.Les collines se délitaient.
Ton instinct de chevalt’a préservé desconcessions minières.Tu as trouvédes pépites dans ta passoireà Trinity Center.Les gens de la montagnene t’ont sûrement pasregardé de haut.Tes pochesétaient pleinesd’or.
Barman, prends mon fusilc’est plus sûr.J’ai envie de baignerle désir exercéde mon godelureau.
J’ai joué avec lestrappeurs pendant que tuétais sur la piste.J’ai entreprisune de ces filles seulesd’Abilene.Elle dit le plus grand biende tes habitudes de jeu.Tu n’as pas cessé demontrer la vieille grange en disantc’est du bon bois.Mais je te voulaisdans la belle grangeet puis la mare.
Je pêche le poisson-chatdans la mare.Je veux me blottir contreta broussaille.Zoum-Zoumdit la cavalière.
Mes accords sont pour toi,fille de saloon. L’ondulationfantasque c’est ton truc.Il faut dire queseule ta poitrine est à la hauteur.Donne-moi un baiseravant le plein midi.
Le cuistot rapportela louche à la roulante.Ô terre amie, ce soirtu remplaceras mon amour.
Les gros nuages grismoutonnent dans l’après-midi.Les rayons gracieux du soleiln’ont pas autant de charme.Je t’ai vu faireavec les fusils. Tu astout appris du sexe animalen chassant. Tu saisvider les chargeurs.
Nos chevaux brisent
les mottes. Les busards tournoientau-dessus du camp.Je porte un Stetsonà Kansas Citypour t’impressionner.C’est ma façonde faire la cour.L’éventail en papiert’envoie un petit air fraisderrière la nuque,mon ange. Tes ailes decow-boy brassent les ventsdu Sud-Ouest.Je te présente machambre bien huilée.Es-tu prêt pourl’arrière-paysde mon amour.
La jument sombre hennitpour appeler son étalondans la nuit. Ô doucesmerveilles,ton cul sauvagecommence à savoirce qu’il veut.
Tu fais toujoursd’aussi beaux feux de camp. Et tuclames ton appétit. Je suisprisonnier de tes soies.La grande nuit voudrait bientout éteindre.
Tu portes un cache-poussièreen cuir. Tu faisdu café le matin.Tu fais se refléterla prairiedans tes éperons dorés.Allez, sors ton pétardet tire-moi quelques coups.
Je porte la roueau forgeron.Cette culbute que tu as faitedans le chariot valait bienune paire de mocassins neufs,ceux qui ont des lanières en cuiret ne craignent pas l’eau.Tu sais que la cire d’abeillegâche le goût du cuir brut.Demande à n’importe quel chien.
Tu peux gardertes jambières, chéri. Maiscette cartouchière gêne.L’homme au fusil,quelle émotion.Nous avons laissédes balles derrière nous.Nous avons laisséplus d’un arbre étonné.Nous avons laissé des coyotesqui voulaientjapper d’amour avec nous.Eh toi vieux crapaud-buffle,attends un peu que j’aiefini de cuire ce lapinà la broche.
Veiller avec la luneet toi et la tequila. J’aicontinué à nourrir le feu.
Le halo s’est briséet nous avons vu la sauge.Tu disais j’ai toutvu. Les loupshurlaient.
Tu te rappelles le painde buffle que tu avais fait ? Je n’aijamais rencontré meilleur cuisinier.Pour sûr, tu sais tirer aussiet coucher un bœufsur le flanc au rodéo.
Nous devions donner de l’eauaux chevaux. C’est toi quil’a flairée. Les feuillescaressaient l’eaudans ses endroits secrets.Les animaux ont bu.
Les bêtes ne protestent pasquand nous envahissons la place.Pas si nous les associons,les cigales, les moustiquesdes prairies et l’immensitéde tout ça.
Ma couverture est humidede rosée du matin.Je dois trouver mon petit déjeuner.Les noix et les baies sontabondantes, mais les buissonsfrémissent d’unbruit animal.
Je t’avais dit de ne pas laissertes bottes dehorsdans la nuit du désert.Trois scorpions y sont entréset t’ont piqué.Maintenant je dois te sucerles orteils.
J’ai commencé à cuisinersur le feu. J’y ai misaussi quelques fers.Il se peut que je retouchequelque marquesdu bétail que tu as volé.
Chante-moi une chanson de la prairie,mon amour. J’en ai entendud’assez tristes sur la Big Valleyet le Grand Canyon.S’il te plaît, charme-moi encoreavec tes chansons tristes.
Tu étais chercheur d’orà Placerville. As-tutoujours cette douleur cuisante ?Je sais que l’accident de lamine n’était pas de ma faute.J’ai ouvert le robinet hautepression par amour.
Je me méfieraisde ce fer rougesi j’étais toi dans ton 501et ta veste en jean à colen peau de mouton. Les ferssont brûlants maintenant. Ils vontnoircir d’un instant à l’autre.
Les bornes de ton territoiremontent la garde contre les squatters.Chaque jour des mains réparenttes clôtures. Je me moquedes barbelés. Je suis tonouvrier au ranch. Je fais le boulotet j’en suis fier.
Les broussailles bordentl’inondationtandis qu’elle gagneentre les collines.La forme en triangleme rappelleton éventail.Les saules à chatonsondulent dans la brise.
J’aimerais que tu voiesle travail du gentilcastor au col de la montagne.Tandis que j’apprécie cetrou d’eau, le chevalet le bétail, non.Il faut qu’ils me voientnu.
Les bêtes transforment l’herbeverte des hauts pâturagesen bouillie. Les bouses de vachefont des soucoupes volantesen automne. Quand lesoiseaux bleus des montagnesnous suivent jusquedans la vallée, je saisoù je vais. Je veux direaprès le barbier.
Ô danseuseà frous-frous,je t’appellema petite gâteriede la semaine.Je veux tirer le sucde ta doucesalsepareille.Ta mère ne t’a doncpas apprisà verser ?
Je ne voulais pasfaire peur au lapin.Pardon. Je sais quece que tu dis des show-girlsest vrai. J’aime seulementles coups de foudre.
Les garsdescendus chez Clemne sont pas contentsde la nouvelle loi.Moi-même je ne peux pas croireà cette taxe.Je parie que tu trouvesça drôle.
Eh chéri !As-tu entendu parlerdu truc avec la langue salée ?Je pense que les gros lièvresfont ça tout le temps.Tout comme cescow-girls.
Ta façon de chevaucher ce bœuf m’a fait prendreconscience de la fermeture-éclairde mon jean.Ce matinj’ai remarquéle dessinsur ta peau.Est-ce làta marque ?
La rivière fougueuse finitlente et brunedans la prairie. Je suisfou amoureuxde ton profil sur fondde montagnes.Ta tête monteet descend au pas du cheval.
Hier soir j’ai mangé des champignonsen souvenir de nosvirées dans la prairie.J’ai marché dans une bouse de vachequi m’a fait penser à ton chapeau.Des serpents à sonnettependaient aux branches.Tu as inondé la terreet fait rouler les cieux.
Post-scriptum
Traduit de l’américain par Juliette Valéry. À paraître dans la collection Format Américain, Un Bureau sur l’Atlantique.