dégonfler le fantasme ?

par

Le cinéma peut aussi bien rendre visible l’existence d’un groupe à qui la parole est déniée que se contenter de répéter sur grand écran le jugement d’incapacité dont celui-ci est systématiquement l’objet. Que se passe-t-il chez Godard et chez Lelouch, quand les prostituées rentrent en lutte, collectivement ou individuellement ? Sophie Wahnich explore l’élaboration des représentations de la prostitution pour délimiter un espace politique qui donne sa place à l’âpreté du réel et aux ambitions de la lutte.

1972. Un travail comme (auc)un autre 1

« Je propose et je déclare une grève générale de la prostitution ! »

Ainsi parle Nicole à la tribune d’un grand meeting de prostituées dans L’Aventure c’est l’Aventure de Claude Lelouch. Une grève générale, signe d’un travail comme un autre avec ses conflits sociaux, pour une Révolution comme une autre.

Il s’agit d’un film où l’on rit mais on y réfléchit aussi, car, Nicole l’explique à son mac Lino, « on peut se marrer et ça peut être sérieux quand même ».

Cette lutte des prostituées ouvre le bal des scénographies politiques qui vont servir de leviers aux cinq aventuriers du crime de cette comédie. Mais alors qu’ils ont été arrêtés, jugés par la Ve République puis évadés, un autre meeting en Françafrique semble clore le film. Le même Lino, à son tour à la tribune déclare : « nous sommes contre l’autogestion dans les bordels ». Le crime et le spectacle semblent avoir eu raison de la politique ou de son fantasme.

Nicole a éclairé cette jonction prostitution-Françafrique : « nous ne voulons plus être la dernière colonie française ! Plus de clandestinité, plus de ghetto. Il faut sortir au grand jour ! ».

Le continent noir, le continent des prostituées, un monde colonisé, un monde à libérer donc. Tout le discours tenu à la tribune par Nicole et l’ensemble des énoncés visibles sur des banderoles et des pancartes disent cette émancipation nécessaire dans des langages qui font ressurgir une histoire de longue durée.

D’abord le langage de Sieyès dans Qu’est ce que le Tiers État  ? en 1789 :

« Que seraient ces messieurs sans nous ? Rien !

Rien ! Ils n’ont aucun droit de propriété sur nous ! ».

Puis celui de Marx : « Prostituées de tous les pays unissez-vous ! » L’immense slogan donne le ton au meeting. Ce langage, repris et revu par Anson Rabinbach dans le Moteur humain, alimente la comparaison entre un corps soumis par le travail à l’usine et un corps prostitué : « Nous sommes les moteurs d’une gigantesque industrie qui rapporte des milliards. Nous ne voulons plus être exploitées, la prostitution est une usine que nous pouvons gérer nous-mêmes puisque les moteurs c’est nous ! » Suit une ovation, des applaudissements à tout rompre et une levée de pancartes : « prostitution = protestation », « sex is money », « autogestion », « notre ventre nous appartient » et in fine d’une manière à la fois plus discrète et plus sulfureuse « Pilule = opium des femmes ». La lutte des prostituées ici se distingue de celle des femmes comme de celle des ouvriers. L’enjeu est certes celui d’une émancipation comme dans les usines, mais c’est d’abord une lutte anti-patriarcale : « plus de patron, plus d’exploitation de la femme par l’homme ». Il s’agit encore de donner une place publique et reconnue à une activité stigmatisée. « Nous gagnerons, nous gagnerons car nous réussirons à prouver que la prostitution peut devenir un service public et je vais plus loin, nous voulons être considérées comme un service d’utilité publique ». Comment arrimer prostitution et service public après avoir évoqué la Révolution française ? Cette utilité publique, quelle est-elle ? Il s’agit en fait, en refusant la pilule, de retrouver après Sieyès et Marx, le Sade du Français encore un effort pour être républicains et de produire une conflagration contre le patriarcat. Sade y évoque des maisons où les jeunes filles pourraient se rendre pour aller prendre du plaisir avec tous les hommes vers lesquels leurs dé-sirs les conduiraient. Mais ce service public est celui d’un plaisir prélevé sur le corps de l’autre pourvu qu’on accepte qu’il soit prélevé sur le sien d’une manière réciproque. Prendre et donner dans la réciprocité, voilà où est la grève de la prostitution. Le service qui serait sexuel n’aliénerait ni celui qui le fournirait ni celui qui le recevrait. Or ces pratiques casseraient de fait la chaîne patriarcale de l’enfantement, car aucun père ne pourrait prétendre reconnaître ses petits, et il y aurait là plus d’émancipation fantasmatique anti-patriarcale que dans la revendication du contrôle des naissances nouée à l’esprit de la loi libéralisant la pilule. Encore un effort donc pour être républicains... Le drapeau brandi est ainsi « non le drapeau rouge du communisme, ni le drapeau noir de l’anarchie, mais le drapeau rose de l’amour et de la liberté ». Un drapeau sadien en quel-que sorte, avec toutes les ambiguïtés de ce discours qui pastiche la Révolution pour mieux en montrer les impasses, les non dits, les frilosités ou les rigueurs morales. Comme ce n’est pas d’anarchie qu’il s’agit mais, comme chez Sade, d’un nouveau régime de lois, l’attente des femmes de ce meeting est autant d’émancipation que de considération sociale et même de conformité sociale. « Nous acceptons nos devoirs, mais nous voulons que l’on nous reconnaisse nos droits ». Ils sont énumérés à la fin du meeting : protection du métier, sécurité sociale, retraite. Quant à la considération de la prostitution comme lieu réel de la liberté sexuelle et service d’utilité publique, c’est encore autre chose.

Cette considération sociale Lino et Aldo ne la donnent pas à Nicole. Ils se sont tenus la tête dans les mains ou ont regardé, médusés, les sourcils froncés, Nicole à la tribune. Seuls hommes parmi des milliers de femmes.

Lorsqu’ils se retrouvent seuls avec Nicole, Aldo en chauffeur de Lino, Lino tente de reprendre l’avantage. Il disqualifie le discours politique de Nicole dans les termes de Guy Debord : cette politique c’est du spectacle, la prochaine bête de scène du film sera Johnny Hallyday. « Tu as été sensationnelle, géniale, vraiment. Je ne savais pas que tu pourrais arriver à parler comme ça. (...) Tu aurais du être actrice au lieu de faire la pute. » Mais Nicole ne se laisse pas démonter, entre visage im-passible et digne, sourires et rires, « Tu vois ça m’était jamais venu à l’esprit ! (...) écoute Lino, t’as pas compris que le temps des macs c’est fini, c’est tout, mais c’est pas que ça, tu regardes tout ce qui se passe autour de toi dans le monde, les choses ont changé ».

Quand les choses n’avaient pas encore changé, en 1962, Nana dans Vivre sa vie de Jean Luc Godart aurait bien aimé faire du cinéma, elle.

1962. La bascule du rêve ou du cinéma. Un travail comme (auc)un autre 2

À Paul à qui elle n’a plus rien à dire,

Nana dit pourtant « je veux mourir »

et puis « peut-être je vais faire du cinéma ».

Paul en propriétaire répond agacé « Je voudrais voir ça ! ».

Dans la dernière séquence du film,

devant le restaurant des studios,

elle est vendue par son mac Raoul à d’autres criminels.

La fille d’abord ou l’argent d’abord, la marchandise ou le liquide, la relation d’équivalence est brutalement signifiée.

Objet de chantage, otage de ce règlement de comptes,

elle reçoit une balle des uns,

une autre de Raoul qui l’achève. Corps sacrifié.

Elle est morte.

Elle ne s’y attendait pas, pensait dire à Raoul que c’était fini

puisque désormais elle aimait le jeune homme blond.

Elle n’avait rien compris au film, demandait dans la voiture ou plutôt le tombereau

qui l’emmenait vers la dernière séquence, de quoi suis-je coupable ?

Elle refusait de prendre n’importe quel client,

Disait encore « c’est dégoûtant »,

Lui répondait « tu dois prendre tout le monde pourvu qu’ils payent ».

Ce dégoût, elle l’avait montré dès le premier client se détournant des baisers sur la bouche. Mais elle ne connaissait pas encore Raoul, elle avait pris la décision seule, sans souteneur.

Seule responsable, dit-elle à Yvette.

Elle l’a retrouvée sur le trottoir.

Yvette et ses enfants ont été abandonnés par son mari.

« Prostituée, c’était plus commode »

« Je ne suis pas responsable ».

Nana répond « on est toujours responsable ».

Yvette lui fait rencontrer Raoul son souteneur.

Nana n’a pas été abandonnée par un mari.

Elle a déjà joué dans un film avec Eddy Constantine.

Elle est jolie, alors pourquoi pas actrice ?

Là, elle vend des disques chez Pathé Marconi.

S’ennuie.

Elle est à court d’argent.

Cherche à emprunter auprès d’une collègue.

2 000 francs pour cette mauvaise passe.

Elle gagne 5 000 francs avec sa première « passe »,

Celle où elle grimace et évite la bouche du client.

Impossible d’emprunter.

Il faut qu’elle paye

son loyer.

Les concierges ne la laissaient plus rentrer chez elle.

Face à ses piètres ruses, ils étaient plus malins, plus brutaux, plus forts.

Errance le soir.

Ciné avec l’un, rendez vous avec un autre, il est tard.

L’un doit lui faire un book pour qu’elle puisse proposer ses services dans des castings.

Elle ne veut pas poser nue.

Elle le suit pour passer la nuit.

Le jour où elle croise Yvette,

Elle y va sans bien savoir

car elle veut « gagner plus d’argent »

Elle pense que « la vie doit être facile »

Elle parle avec Raoul

décide de chercher une place dans une maison close en province

Elle le trouvera finalement amical

puisqu’il le dit.

Elle fait affaire avec lui.

Il lui apprend ce qu’elle devra faire.

« Prendre tout le monde pourvu qu’ils payent ».

1979. Révolte. Et si le monde avait à nouveau changé ? un travail comme (auc)un autre 3

Elle rêve de prendre la malle, de mettre les voiles.

Avec ses amis, ils ont braqué une bijouterie, échoué.

Ils sont en prison, elle est libre.

Le voilier est construit, mais manquent les voiles.

La décision est prise, manque le mac.

Sa soeur, Isabelle, fait la pute. Ce sera elle. 50%.

Personne n’est indépendant.

Elle le sait d’expérience, sa sœur.

Elle l’a répété à l’écran, brutalisée par les macs, à leur merci.

Sauve qui peut (la vie) 1979

Sur un parking, ils la poursuivent, la rattrapent, lui font mal, lui tordent le bras en clé et l’obligent à se pencher, se mettre à genoux dans l’entrebâillement d’une porte de voiture.

« Vous croyez qu’on peut être indépendante ? »

« Oui » réussit-elle encore à dire. La croyance est encore là et l’affirmation politique avec elle, mais pour combien de temps encore ?

« Personne n’est indépendant. Répétez » dit le mac

« Personne n’est indépendant » (la voix d’Isabelle est blanche, son regard vidé)

« Ni putes, ni dactylos. Répétez »

« Ni putes, ni dactylos »

« ni bourgeoise, ni duchesse, ni serveuse »

« ni serveuse, ni bourgeoise, ni duchesse » (la lassitude d’une parole sans sujet donne son timbre à cet écho commandé)

« ni championne de tennis » (c’est une autre voix qui commande)

« ni championne de tennis »

« ni collégienne »

« ni collégienne » (une réticence dans la voix)

« ni paysanne »

« ni paysanne »

« ça suffit » reprend la première voix.

« Il n’y a que les banques qui sont indépendantes et les banques c’est des tueurs »

Les macs la changent de voiture, lui donnent la fessée déculottée.

« Premier avertissement »

« Nous on n’est pas des tueurs, on veut pas tout l’argent, seulement 50%, compris ? »

Isabelle ne meurt pas. Elle survit et explique à sa sœur que

« Les types, ce qu’ils aiment c’est t’humilier »

Cette humiliation passe par l’usage du corps dans un rapport de pouvoir de vie et de mort, celui qui paye peut te tuer. Il décide de la scénographie, de l’ordre des scènes, de l’image et du son dans un commerce du sexe devenu international car les patrons des multinationales s’ennuient. Celui qui paye demande à activer l’abjection d’une scène où Sade est beaucoup moins drôle. Une scène où il prône une activité sexuelle inventive dans sa forme et désubjectivée dans ses émotions. Une jouissance du simulacre, la jouissance d’un dispositif avec des lois édictées par le patron à l’encontre d’un subalterne et de prostituées qu’ils humilient. Le patronat a repris ses droits et incarne à nouveau un patriarcat qui signifie aux employés comme aux femmes un retour au Moyen Âge, celui où les femmes étaient des sorcières ou des fournaises infernales. Il ne joue plus au paternalisme, il fabrique l’image puis le son de cette scène où s’enchaînent des gestes obscènes et des sons qui lui reviennent. Voix off : « farouche pouvoir », « terreur abjecte », « désespoir immense et sans remède ».

Isabelle a plein d’histoires mais pas une vraie histoire. Si le bonheur est sans histoires, elle est heureuse. Mais elle dort mal, fait des rêves qui la troublent, veut s’éloigner d’une ville trop dure, aller vers la campagne. Elle apparaît dépassionnée, et voit partout de la passion. Mais la passion pour le sport n’est pas ce qu’on appelle la passion. La passion, c’est elle qui l’incarne dans cette désubjectivation, cette absence de vie et d’histoire personnelle, mais où les rêves continuent à dire l’insistance d’un sujet.

Isabelle joue son rôle comme plus tard d’autres femmes doivent dire leur phrase dans Passion.

Nana jouait aussi son rôle, mais Anna Karina qui l’incarnait ne supporta pas qu’elle meure, ne supporta pas sa passion. Elle en fit une tentative de suicide. Cette mort annoncée par la Jeanne d’Arc de Dreyer, Anna Karina ne la vit pas comme une délivrance, mais juste comme une brutalité non nécessaire à son encontre. Vivre sa vie, pour Godard, c’était en effet « avoir des relations avec l’actrice dont j’étais le client et où elle étais la prostituée ».

La prostitution pour Godard est la métaphore du rapport entre un réalisateur et ses acteurs. Les cinéastes louent pour quel-ques semaines des corps humains sur lesquels ils acquièrent le droit de disposer de leur posture, de leur parole, de leurs gestes. A ce titre, ils sont les unes et les autres des corps sacrés, les corps de la passion.

Voix : sur fond de discours social, « intolérer » le verbe absent

(chaque phrase ou groupe de phrases sera dite face caméra, d’une manière calme et posée toujours par une personne différente)

— « C’est dans la douleur qu’il y a un moment, un seuil où elle devient insupportable, intolérable. Point de basculement qui est un point singulier, point ordinaire où, comme sur l’échelle des températures, l’eau se fige en gel. L’eau a supporté le froid jusqu’à ce point. » [1]

— « Anna Karina a supporté son rôle jusqu’à ce point. »

— « La tolérance est d’abord le rapport d’un confort et d’un choc. Nous tolérons l’altération qu’il génère. » [2]

— « La traite mondiale à des fins de prostitution compte 4 millions de femmes et d’enfants de plus chaque année, selon l’ONU. »

« L’Organisation Internationale du Travail dans une analyse sur les profits de la prostitution évalue les revenus de cette activité à l’échelle mondiale à 1000 milliards de dollars US contre 600 milliards pour l’industrie pharmaceutique. Elle représente 5% du PIB aux Pays Bas, 14% en Thaïlande. »

« Comme disait Schnitzler, cette tolérance vis-à-vis de l’intolérable “devient carrément un délit”. » [3]

— « Mais il n’y a pas de verbe pour dire le négatif “intolérer”, le verbe absent. » [4]

— « Qu’est ce que l’intolérable ? Ce qui provoque un refus, une insurrection ? Contre un état de fait, un comportement, des idées qui sont dans le même mouvement une souffrance. Contre l’injustice. » [5]

— « Dans les hôtels de passe, le linge le plus souvent n’est même pas changé entre deux locations mais seulement le linge de toilette. Dans certains hôtels, les lits ne comportent pas de couverture mais seulement le drap de dessous. » [6]

— « Et la police ? » « La police opère par rafle, interpellation, examen de situation. Les prostituées qui ne sont pas en règle sont dirigées vers des dispensaires ou des hôpitaux où elles peuvent être consignées le temps que durent les examens médicaux très complets avec prélèvements et analyses. » [7]

— « Le parlement européen a évalué que plus de 80% des femmes prostituées en Allemagne, pays réglementariste, étaient issues de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie. Elles avaient été forcées à cette activité après avoir été abusées, violées, droguées. Dans les Eros center, les examens médicaux sont très complets avec prélèvements et analyses, et les passeports sont confisqués. Les femmes prostituées ne sont pas libres d’aller et venir, même dans la ville, et demeurent dans des zones de tolérance. »

— « Isabelle n’échappe pas complètement au marché international de la prostitution, elle se débat et s’altère, veut s’éloigner, sent le danger. »

— « Dès 1949, les Nations-Unies ont affirmé que la traite des êtres humains en vue de la prostitution était incompatible avec la dignité et la valeur de la personne humaine. Le contrôle de la cruauté est ainsi devenu une valeur des sociétés démocratiques. »

— « La cruauté ce n’est pas de faire ce que l’on veut de son corps et de sa sexualité. »

— « La cruauté ce n’est pas de “vendre ses charmes” [8] plutôt que sa force de travail.

— « La cruauté ce n’est pas de vouloir miner le patriarcat au cœur même d’une filiation introuvable. »

— « La cruauté, c’est de vouloir confondre cette liberté d’agir avec des règlements qui sans donner plus de droits qu’à Na-na, en opprimant encore davantage Isabelle laisserait prospérer l’oppression des maîtres à fantasmes et à humiliation. »

— « Être libre, c’est résister à l’oppression de ceux qui vendent le corps des autres. Protéger cette liberté ce n’est pas réglementer la sphère sacrée mais imposer la déclaration universelle des droits de l’homme et le code du travail pour ceux et celles qui y sont comme capturés . »

— « Être libre c’est alors comme Nicole réclamer pour le “sex work” ces droits, comme Nicole et Isabelle vouloir l’autogestion et l’autonomie. »

— « Cette résistance existe, elle est fragile. »

Notes

[1Jean Boreil, La raison nomade, Paris, Payot, 1993.

[2Jean Boreil, La raison nomade, Paris, Payot, 1993.

[3Jean Boreil, La rai-son nomade, Paris, Payot, 1993.

[4Jean Boreil, La raison nomade, Paris, Payot, 1993.

[5Jean Boreil, La raison nomade, Paris, Payot, 1993.

[6Vivre sa vie, Jean-Luc Godard, ce que Nana doit faire.

[7Vivre sa vie, Jean-Luc Godard, ce que Nana doit faire.

[8Vivre sa vie, Jean-Luc Godard, ce que Nana doit faire.