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la création du STRASS (syndicat du travail sexuel) entre pride minoritaire et fierté ouvrière ?

Le 20 mars dernier, lors des Assises de la Prostitution au théâtre de l’Odéon, était annoncée la création du STRASS (syndicat du travail sexuel). Pour la première fois en France, les revendications des prostitué-es — en premier lieu, l’abrogation de la LSI, Loi pour la Sécurité Intérieure — sont défendues par une structure militante qui prend la forme d’un syndicat.

Parmi les fondateurs du STRASS, plusieurs militants des Putes, mouvement fondé en 2003 à la suite du vote de LSI, représentant d’un activisme provocateur, animé par la volonté de renverser le stigmate. Leur mot d’ordre : « FierEs d’être putes ! ». En créant un syndicat, ils s’engagent dans une voie tout autre, à la fois inédite pour la lutte des prostitué-es et traditionnelle pour la conquête de droits dans le domaine du travail. De la pride minoritaire, serait-on passé à la fierté ouvrière ? L’une n’a pas éclipsé l’autre, la filiation activiste reste manifeste, notamment dans les modalités d’organisation du syndicat. L’attention portée au lobby, à l’action publique ainsi que l’organisation en commissions de travail dans un esprit « d’auto-organisation » font très largement référence à Act Up et aux luttes minoritaires.
Autre source d’inspiration pour le STRASS : l’IUSW, l’International Union of Sex Workers, créé en 2000 en Grande-Bretagne et affilié à la deuxième plus grande centrale syndicale britannique : GMB. Ava Caradonna raconte l’expérience de l’IUSW dans un article intitulé « Travailleurs du sexe, unissez-vous » paru dans le n°42 de Vacarme et disponible en ligne. Comme l’IUSW, le STRASS s’adresse aux travailleurs du sexe en général et pas uniquement aux prostitué-es : acteurs porno, strip-teaseurs, employés du téléphone rose …
La création du STRASS rend possible l’émergence d’une organisation politique conçue par les travailleurs du sexe pour les travailleurs du sexe capable d’apporter un soutien individuel pour faire valoir leurs droits et d’organiser un mouvement collectif pour en gagner de nouveaux.

Vacarme souhaite bonne route au STRASS.

Le chantier du n°46 de la revue est consacré à la prostitution. Dans la table-ronde « Sex Work is Work » , les questions relatives à l’émergence d’une prise de parole collective et à la structuration de l’action politique prostituée sont débattues par trois militantes des droits des prostitué-es, Malika Amaouche, Cadyne et Ava Caradonna.

Le site du STRASS : http://www.strass-syndicat.org/