Vacarme 48 / lignes

drogues : sept ans d’hiver entretien avec Anne Coppel

Que se passe-t-il au juste sur le front des drogues ? Non pas la répétition figée d’une lutte entre États répressifs et associations antiprohibitionnistes, mais mille mouvements complexes, qu’une grille de lecture binaire ne permet pas de déchiffrer. Avancées et reculs, durcissements et concessions, expérimentations semi-clandestines et manifestations au grand jour : les enjeux politiques liés à l’usage de drogues ne se laissent pleinement saisir que si on en fait l’histoire avec précision. Anne Coppel est sociologue. C’est aussi une figure centrale du mouvement dit de « réduction des risques » qui depuis une vingtaine d’années creuse, sur la base de préoccupations sanitaires, des voies alternatives à la répression. Elle trace ici les lignes de cette histoire récente.

En 2002 Sarkozy, arrive au ministère de l’Intérieur. C’est aussi l’année où vous publiez Peut-on civiliser les drogues ? [1] un ouvrage qui fait retour sur quinze ans de révolution patiente de l’approche de la question. Sept ans après, le paysage s’est-il redessiné ?

On peut dire qu’il y a eu une vraie rupture. En 1998, la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) avait impulsé un tournant assez radical, pour ce qui est de la santé du moins, car la citadelle du ministère de l’Intérieur est restée fermée. Nicole Maestracci, qui la dirigeait alors, espérait qu’un consensus se construise sur la base d’une information scientifique. Pour la première fois, la MILDT a entrepris de « parler vrai » et de fonder la prévention sur la réalité des risques sanitaires. L’ambition était de mettre en cohérence les actions de réduction des risques, expérimentées depuis 1993 mais toujours marginales, et le dispositif de lutte contre la drogue et la toxicomanie, en fondant la nouvelle politique sur la science. Il y avait là pour moi une part d’illusion, mais pour une fois s’affichait une volonté de savoir, et de changement. En 2002, la situation se referme brutalement. D’un côté, on cherche à contrôler, voire à contrer le dispositif jusque-là très inventif de la réduction des risques. De l’autre, on développe un nouveau dispositif répressif qui répond à l’exigence de tolérance zéro.

Dès 2002 en effet, les ennemis de la politique de réduction des risques sortent du bois, forts de la conviction qu’elle est l’expression du « laxisme » de la gauche [2]. Des sénateurs lancent une consultation, qui débouche sur le rapport « La drogue, l’autre cancer ». Ses conclusions sont toutefois plus ambiguës que prévu : les résultats des programmes d’échange de seringues, comme des traitements de substitution, paraissent finalement incontestables, avec leurs 80% de réduction des overdoses mortelles et la chute spectaculaire des taux de contamination VIH par injection. Aussi le dispositif obtient-il un statut légal dans la loi de santé publique de 2003. Mais dans le même temps, ses objectifs deviennent purement médicaux. Officiellement rien ne change, le nouveau dispositif se réclame de la santé publique, on prétend seulement l’appliquer avec plus de rigueur : on renforce le contrôle sur la délivrance des traitements pour éviter leur détournement vers le marché noir, on supprime le testing (contrôle rapide de produits) considéré comme incitatif, on met en cause le soutien aux associations d’usagers. Mais c’est ignorer les fondements mêmes de la réduction des risques. Car sa réussite tenait à l’alliance avec les usagers, désormais en mesure de choisir comment protéger leur santé : utilisation de seringues stériles, ou{}renoncement à l’injection — éventuellement à l’aide de traitements de substitution —, ou renoncement à la consommation de certaines drogues. L’accès très large aux traitements de substitution avait également été un facteur de succès : une part des produits partait vers le marché noir, certes, mais des dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles certaines étaient très éloignées du système de soins, avaient pu en bénéficier. Aujourd’hui on a perdu le contact avec les nouvelles générations. L’alliance s’était nouée d’abord avec les usagers d’héroïne, notamment en facilitant l’accès aux traitements de substitution ; puis avec la génération techno en milieu festif, le testing permettant d’entrer en relation avec des usagers qui n’avaient aucune demande de soin. Actuellement le dispositif ne reçoit presque plus que des consommateurs chroniques. On sait que les consommations se sont déplacées vers les stimulants (cocaïne, crack, amphétamines etc.), mais on n’a rien à offrir. Les traitements existants sont insatisfaisants et on a renoncé à expérimenter de nouvelles réponses. Jusqu’à la volonté de savoir qui a disparu. Le dispositif de veille mis en place entre 1998 et 2001 devait éviter que se reproduise la catastrophe sanitaire des années 1980 ; or aujourd’hui, on ignore tout autant ce que vivent les usagers.

Le gouvernement donne par ailleurs la priorité à la répression de la consommation de cannabis.

La consommation de cannabis n’a cessé de progresser : à 17 ans, un jeune sur deux l’a expérimenté alors qu’aux Pays-Bas, par exemple, la proportion est d’environ un sur quatre. On aurait pu s’interroger sur la pertinence de l’interdit. On a préféré conclure que la répression n’était pas efficace parce qu’elle n’était pas systématique. Les deux mesures prévues par la loi de 1970 sont, de fait, aussi inapplicables l’une que l’autre : l’incarcération d’un an et les 3 750 € d’amende pour simple usage de drogues sont disproportionnés ; quant à l’injonction thérapeutique, elle est nécessairement limitée à ceux qui sont en demande de soin, car il est impossible d’imposer des traitements à des gens qui ne sont pas malades ! Aussi le dispositif législatif a-t-il été complété par une gamme de nouvelles sanctions plus réalistes. La loi de 2007 instaure une « sanction pédagogique pécuniaire à la charge de l’usager » : des stages « de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants » dont les frais ne peuvent excéder 450 € [3]. C’est la nouvelle doctrine : les sanctions doivent être systématiques, ce qui permet de poursuivre les récidives, tout en exerçant une pression financière plus modeste, donc plus applicable. Parallèlement, on a multiplié les campagnes de prévention, qui, insidieusement, glissent de la notion de risque à celle de danger. Toutes sortes d’études attestent de la dangerosité du cannabis, source de décompensations psychiatriques, de cancer des testicules etc. Elles nourrissent l’inquiétude des parents et justifient le harcèlement des jeunes. Des gendarmes s’introduisent dans les classes avec des chiens, les douanes circulent dans les trains, accueillent les jeunes dans les gares… La répression tape fort, jusqu’aux enfants !

Peut-on mesurer aujourd’hui l’effet de ces nouveaux dispositifs ?

On connaît l’activité de la police, mais ni les effets ni les impacts de ces mesures répressives ne sont évalués. Aux États-Unis, le coût de la répression l’a été grâce à la mobilisation de chercheurs dans le mouvement antiprohibitionniste. En France, seule la réduction des risques a dû faire la preuve de son efficacité. En 2008, 172 964 personnes ont été interpellées pour infraction à la législation des stupéfiants (ILS). C’est énorme. En 2002, elles étaient 96 700, ce que je trouvais déjà trop ! Les ILS présentent l’avantage d’être résolues aussitôt qu’elles sont constatées. Avec les infractions à la législation sur les étrangers (ILE), elles ont contribué à une progression notable du taux d’élucidation des affaires [4]. Aucune évaluation n’est prévue, si ce n’est la baisse des consommations ; or celle-ci est prévisible, la tendance européenne étant à la stabilisation à un niveau plutôt inférieur à la France. Le plus inquiétant pour moi reste l’effet des peines-plancher. Avant, la répression ne tombait finalement que sur un petit nombre ; il y avait 4 à 5 000 injonctions thérapeutiques par an, un nombre à peu près équivalent de sanctions, avec sursis ou parfois prison ferme, mais la plupart passait à côté. Aujourd’hui un jeune interpellé avec une boulette de cannabis sera fiché dès la première fois, et sanctionné ensuite comme récidiviste. Ces peines sont tout simplement exorbitantes. La sanction pour usage « simple » est évidemment peu fréquente, mais la « détention », assimilée au trafic, vaut a minima dix ans, quelles que soient les quantités. Au reste, les peines pour revente ou trafic « en bande organisée » sont tout aussi exorbitantes : vingt ans de prison. Et comme on achète toujours à un autre, la qualification de « bande » ou de « réseau » n’est jamais loin. Quant à la production, qui n’est pas distinguée de l’autoproduction, c’est vingt ans. La loi visait sans doute les gros trafiquants, mais la plupart sont des petits. S’il y a un domaine dans lequel les magistrats sont heureusement « laxistes » c’est dans l’application de la législation sur les stupéfiants. Mais que se passera-t-il s’ils sont contraints d’appliquer les peines-plancher ? On a des exemples d’usagers récidivistes condamnés à quatre ans de prison avec quelques grammes de cannabis, et même un gramme de cocaïne. Commencer sa vie avec un casier judiciaire est un handicap difficilement surmontable. Il faudrait chercher à savoir, comme l’a fait Loïc Wacquant pour les États-Unis, combien de jeunes des quartiers populaires ont un casier judiciaire, et quel est leur profil. Dans les prisons, on voit bien qu’ils appartiennent surtout aux minorités « visibles ».

Et l’état de santé des personnes qui consomment ?

Il y a, d’abord, les hépatites, qui touchent en France 500 000 personnes environ, parmi lesquelles 80% ont consommé des drogues. Ces maladies très graves évoluent lentement mais se propagent depuis vingt-cinq ans : il y a donc des morts. Par ailleurs, il semblerait que le nombre d’overdoses mortelles remonte. On ne peut pas le dire avec précision car l’accroissement constaté peut être lié à l’amélioration des outils de recensement. Les overdoses d’héroïne ont, certes, diminué avec les traitements de substitution, mais aujourd’hui, les usagers peuvent mourir de cirrhose, de cancer du foie. Or la connaissance de la mortalité liée aux drogues n’a pas progressé. Les problèmes cardiaques liés à l’abus de cocaïne par exemple sont mal identifiés. Et il faudrait parler de la santé des détenus. Une étude récente a évalué à 38% les entrants déclarant des consommations. La proportion de détenus concernés est sans doute supérieure, d’autant que certains commencent à consommer derrière les barreaux. Or la prison est extrêmement pathogène.

Le bilan des sept années passées, c’est aussi celui des points aveugles de la recherche. Sans doute les drogues posent-elles le problème de l’invisibilité de leur consommation. Mais d’où vient que la situation ait autant régressé ?

Plusieurs facteurs jouent. Il y a d’abord la crise de la recherche en sciences sociales. En 1998-99, la MILDT avait mis en place un dispositif plutôt enthousiasmant qui jouait, d’un côté sur le recueil de données de terrain, de l’autre sur des appels d’offre susceptibles de mobiliser la recherche. Outre les budgets, l’idée était de mettre en place des filières, des postes, des enseignants capables d’accueillir les étudiants désireux de travailler sur les drogues. Aujourd’hui le projet s’est évidé. Bien sûr, ceux qui ont été nommés sont toujours en place et les études de consommation quantitatives qui correspondent à la demande institutionnelle sont menées. Mais la recherche qualitative, ethnographique, associée notamment aux expérimentations de terrain, a disparu. Le dispositif TREND (Tendances récentes et nouvelles drogues), piloté par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a, certes, été conservé. Mais la fiabilité de l’information sur les tendances nouvelles dépend de la capacité des équipes de réduction des risques à pénétrer les milieux où les drogues sont consommées. Médecins du monde a fait un travail formidable dans le milieu festif, Techno+ a su s’associer des chercheurs, mais les bricolages complexes qui ont permis d’associer des recherches à des phases expérimentales ne seraient plus possibles aujourd’hui. D’autre part le mouvement techno est sur le déclin, les usagers de drogues sont ailleurs et il faudrait que les équipes aient les moyens d’explorer ces nouveaux territoires : dans les autres milieux festifs, en banlieue et dans les campagnes, pour suivre le processus de diffusion des drogues. Enfin, on souffre de l’absence de contre-expertises semblables à celles que produit le mouvement antiprohibitionniste aux États-Unis.

Vous parliez d’une « part d’illusion » dans le projet scientifique qui a fondé un temps l’action publique…

L’illusion tenait à l’idée qu’on allait mener une politique rationnelle fondée sur des données scientifiques. Mais les politiques des drogues ne sont ni rationnelles ni fondées sur des faits scientifiques. Rien ne justifie que le cannabis, qui est le moins dangereux de tous les produits, soit interdit alors que l’alcool est autorisé, sinon les héritages culturels qui font que l’un est socialement intégré et l’autre non. La santé publique ce n’est pas seulement de la science, c’est de la science et une négociation — qui est fonction de la culture d’une population et de ses usages. Objectivement, traverser la rue est beaucoup plus dangereux que de fumer un joint chez soi. La hiérarchie des risques est évaluée par chacun en fonction de ses ambitions, ses activités, ses contraintes et ses désirs. Aujourd’hui la médicalisation l’a emporté avec un discours positiviste, alors que la force des programmes de réduction des risques est de conjuguer représentations culturelles, habitudes de consommation et données médicales, et d’élaborer ses outils dans l’échange entre médecins, chercheurs et consommateurs. Par ailleurs il y a l’illusion centralisatrice, propre à la France. On entend construire une politique nationale, déclinée ensuite aux plans régional et départemental par les préfets. Mais connaît-on seulement les besoins précis de chaque département ? Tous nos voisins mènent des politiques régionales. Lorsque des élus locaux s’intéressent à la question, ils ne s’efforcent pas d’appliquer une politique mais de résoudre un problème. Sans doute seront-ils plus sensibles à la question de la sécurité qu’à celle de la santé. Il n’empêche : en Europe du Nord ce mode de gestion a permis de régler le problème des scènes de consommation. En Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, les villes proposent non seulement toute la gamme des traitements, mais des dispositifs sociaux. Ici, le dispositif répond à des objectifs purement médicaux, les besoins sociaux tels l’hébergement ne sont pas pris en compte. À Paris, nous avons été incapables de répondre à la scène ouverte qui se déplace au gré de la répression entre Barbès, Stalingrad, la Porte de la Chapelle. Avec dix millions d’habitants et une seule structure d’hébergement, la région Île-de-France dispose de trente lits. On ne veut pas, dit-on, céder à l’insécurité. Mais la question de la sécurité relève elle aussi de la négociation. Des toxicomanes posent problème ? Quelle en est la nature ? Qui est gêné ? Des usagers squattent la nuit dans les escaliers d’immeuble ? Ont-ils seulement un endroit pour dormir ? Des solutions peuvent et doivent être trouvées entre les habitants, les usagers et les pouvoirs publics. C’est de cette façon que les villes suisses en sont arrivées à proposer des salles de consommation.

Ce principe de négociation vaut-il pour tous les aspects d’une politique des drogues ?

Absolument. Il est normal que les gens n’aient pas envie d’enjamber des corps pour rentrer chez eux. Mais ensuite que fait-on des personnes ? Qu’on s’en occupe ou qu’on les mette en prison, chaque réponse a un coût, ce sont des choix de société. Au début des années 1990, les États-Unis ont choisi d’accroître la répression, jusqu’à avoir plus de deux millions et demi de prisonniers, dont la moitié en lien avec les drogues. Après plus de quinze ans de tolérance zéro, les Américains constatent que la prison ne règle rien. Selon Philippe Bourgois [5], si le crack a cessé aujourd’hui de dévaster les ghettos américains, c’est parce que les petits frères ont vu la dégradation dramatique de leurs aînés. De plus, à partir des années 1990, les petits revendeurs ont eu accès à des emplois, souvent précaires, qui ont fait d’eux des travailleurs pauvres, mais dans la rue ils prenaient des risques énormes pour gagner peu, ils ont donc en majorité choisi l’emploi. En Europe, si le crack n’a pas fait les mêmes dégâts qu’aux États-Unis, c’est sans doute parce qu’il y reste malgré tout des perspectives d’insertion. Qu’elles se réduisent, le ghetto pourrait se refermer sur lui-même et la situation devenir beaucoup plus violente. Un casier judiciaire ne laisse pas d’autre alternative que de devenir voleur ou trafiquant. Le contexte social détermine en grande part la dangerosité des produits.

Il semble heureusement que le vent tourne au plan international ?

Dans les années 1990 le changement est venu d’Europe et d’Australie, aujourd’hui une ouverture se profile sur le continent américain. Obama est capable de dire qu’il a consommé des drogues autrefois, il a récemment réaffirmé sa promesse d’autoriser la marijuana médicale, ce n’est pas rien. Le mouvement antiprohibitionniste est assez puissant aux États-Unis, il a associé des chercheurs, des médecins, des avocats et se fait entendre de quelques députés [6]. Aussi a-t-il pu ouvrir le débat sur la légalisation du cannabis. L’argumentaire porte notamment sur l’économie du coût de la répression, ce que la presse française a négligé ! Des gouvernants sud-américains, quant à eux, expriment le besoin de changer de stratégie : la plupart des pays d’Amérique Latine se sont efforcés de lutter contre les mafias, mais en paient très cher aujourd’hui les effets pervers. Au Mexique la corruption et la progression mafieuse sont telles que, sur une large bande frontalière avec les États-Unis, l’État a perdu le contrôle de villes entières — sans compter qu’il a été lui-même gagné par l’emprise mafieuse. En 1998 l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONDUC) s’était fixé pour objectif l’éradication des drogues en 2008. Non seulement elles n’ont pas été éradiquées, mais les consommations se sont développées dans des pays qui n’étaient pas touchés. Le criminologue Peter Reuter en a fait récemment la démonstration dans un rapport pour la Commission Européenne [7] : d’un point de vue économique, social et politique, la guerre à la drogue est un échec. Mettre à bas brutalement le système en vigueur paraît difficile, mais on peut au moins briser la spirale. Le premier pas est de dépénaliser l’usage, d’admettre enfin que les consommateurs sont des citoyens comme les autres. On peut aussi aller plus loin dans l’expérimentation. Peut-être faut-il abandonner une politique internationale unifiée mais inefficace, autoriser certains produits dans certains pays mais pas dans d’autres ? Si on légalise la culture de la coca, comme le demande le président bolivien Evo Morales, on n’élimine ni le trafic, ni la cocaïne, mais on épargne au moins les paysans. Gagnons petit à petit du terrain. Les drogues font très peur, en partie pour de bonnes raisons. Ce sont des poisons, il y a toujours des risques à en consommer, l’abus restera toujours dangereux. Mais il faut prendre acte de l’impossibilité de les éradiquer. Plus leur usage sera socialisé, régi par des contrôles sociétaux, moins elles seront dangereuses. Un temps, la lutte contre le sida a mis un frein à l’escalade de la répression, la peur de la contamination a contraint à prendre au sérieux la protection de la santé. Aujourd’hui, il faut trouver de nouvelles forces. Tous les Français ne sont pas partisans de la répression à tout crin, tous ne craignent pas leur jeunesse. Chaque fois que nous nous sommes mobilisés, nous avons réussi à peser.

Notes

[1Peut-on civiliser les drogues ? De la guerre à la drogue à la réduction des risques, La Découverte, 2002.

[2Même si, il faut le rappeler, ce n’est pas le cas puisque la première mesure de réduction des risques, l’échange de seringues, a été le fait de Michèle Barzach en 1987.

[4Le chef de l’État se targuait en avril de l’avoir fait grimper de « 25 % en 2002 à un niveau jamais atteint de 37 % » (Libération, 22 avril 2009).

[5Philippe Bourgois est ethnologue, auteur de En quête de respect. Le crack à New York, Paris, Seuil, 2001. Vacarme l’avait rencontré en 2003 : http://www.vacarme.org/article1583.html.

[6C’est le cas notamment des associations NORLM (National Organization for the Reform of Marijuana Laws) et Drug Policy Alliance (Alliance pour un changement des politiques des drogues)