Vacarme n°44 est disponible en ligne

Un an tout juste après sa parution en librairie, et quelques semaines avant la parution du n°49, Vacarme n°44 (été 2008) est maintenant intégralement disponible en ligne. Au sommaire :

• Un entretien avec Alban Bensa. Au contact des Kanaks, dont il accompagne depuis plus de vingt ans les combats et les deuils, Alban Bensa a été amené à repenser radicalement la pratique de l’ethnologie : on ne peut plus, nous dit-il, figer des peuples prétendûment sans histoire dans l’immobilité exotique du mythe et du rite ; les sciences sociales doivent être en mesure de rendre justice aux groupes qu’elles observent quand ceux-ci cherchent à infléchir leur destin. Cet entretien sera une succession d’allers-retours : de cette Nouvelle-Calédonie dont on sait si peu à l’épistémologie des sciences sociales, du savoir savant aux luttes politiques, de la singularité des Kanaks à notre histoire commune.

• Un dossier thématique : en finir avec l’évaluation. La fureur de tout évaluer est le poison du jour. On prétend évaluer les enfants dès la maternelle, voire plus tôt encore pour prévenir leur présumée « dangerosité », et ensuite évaluer chacun tout au long de la vie : à l’école, les élèves (rapport Bénisti de novembre 2004) comme les professeurs (rapport Attali), à l’université (création de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, en 2006), dans l’entreprise (nouvelles techniques de management), en sport, à l’hôpital, dans ses projets de recherche, jusque dans ses pratiques les plus intimes, chez son psychanalyste (premier amendement Accoyer), sur le marché de l’art (pour obtenir les subventions publiques), et à l’horizon au sein de toute relation humaine (la socialité comme calcul). On en mesure à chaque fois le coût, terrible : on éteint toute inventivité et tout plaisir du savoir, on pousse au conformisme, quand ce n’est pas au suicide, on tue d’avance le caractère nécessairement disruptif, digressif, imprévu de la pensée et de la science, on foudroie la vérité de toute rencontre véritablement humaine, c’est-à-dire son caractère inévaluable, singulier, incomparable. D’où le premier enjeu du dossier : dresser un panorama des lieux et des formes de résistance à cette quantification forcenée de toutes les sphères de l’existence humaine, combat que tentent de fédérer certains psychanalystes, universitaires, sociologues du travail ou du sport, artistes, écrivains. Toutefois, on ne saurait en rester là. Car après tout évaluer, c’est aussi la vie même, à condition de l’entendre au sens propre : créer de nouvelles valeurs, comparer pour dépasser et se dépasser, donner du sens, interpréter. Il faudra donc aussi tenter de se réapproprier l’évaluation à nos propres fins.

• Un Cahier, rubrique éclectique. Ce trimestre, une tonalité plutôt musicale.

• Les Lignes, série de feuilletons politiques : comment ranimer le désir d’égalité ? que se passe-t-il dans les lieux d’enfermement ? où en est la lutte des classes ? quoi de neuf à l’école ? comment (dé)passer les frontières ?