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Immigration : le PS court derrière la droite

« Pour une politique juste et efficace en matière d’immigration, nous renforcerons la lutte contre les entrées illégales, nous fonderons les régularisations sur la base de critères clairs et transparents et nous créerons un contrat d’accueil et d’intégration en insistant sur la maîtrise de la langue et la compréhension des droits et des devoirs républicains. »

Si vous croyez voir dans la déclaration ci-dessus la moindre ressemblance avec le programme de l’UMP, vous vous trompez. C’est l’ambitieux programme du PS en matière d’immigration. Concession interne à la droite du parti ? Gage de fermeté, pour ne pas prêter le flanc aux accusations de laxisme ? Effet mécanique du glissement général de l’offre politique vers la droite auquel nous assistons depuis 20 ans ? Peur de s’aliéner les 40% ou 50% d’électeurs qui, d’après les sondages, jugent qu’il y a trop d’immigrés en France ? Quel que soit le prétendu réalisme qui a aligné le PS sur une telle position, il est voué à l’échec, y compris électoral. La seule position réaliste, en matière d’immigration, est de reconnaître qu’on n’empêchera jamais l’émigration. Que les politiques restrictives, dans ces conditions, n’auront jamais d’autre effet que de produire des sans-papiers. Que l’injonction faite aux migrants de prouver leur désir d’intégration est une insulte au courage et à la ténacité dont il faut faire preuve pour émigrer aujourd’hui. Qu’elle est d’un parfait cynisme quand on sait ce qu’est une vie sans papiers, livrée tout entière à la précarité, économique, médicale, conjugale. Qu’un critère de régularisation, fait pour être appliqué au cas-par-cas à des vies irréductibles aux catégories administratives, ne peut pas, par nature, être « clair et transparent ». Que l’immigration n’est pas un problème, ni d’ailleurs une solution, juste un fait à la fois têtu et ténu : 211 000 entrées d’étrangers en 2008 d’après l’INED, dont 72 000 Européens, soit une part bien maigre, on en conviendra, de la misère du monde. Que si vraiment l’on craint la présence des migrants, la meilleure manière de favoriser leur retour est de leur laisser la liberté de circuler, comme l’ont montré les Polonais venus en, puis repartis de Grande-Bretagne. Que le droit d’être ici ou là ne saurait être conditionné au hasard de la naissance. Et qu’on ne gagne pas une élection en mimant les bassesses de l’adversaire. D’un parti qui prétend gouverner, on attend qu’il prouve son intelligence, c’est-à-dire qu’il en prête à ses électeurs. Du PS en un mot, on aimerait bien qu’il arrête de nous prendre pour des cons xénophobes.