un bord comme protection

Pour vivre les autistes construisent un bord qui fait rempart contre le monde angoissant qui les entoure. Donna Williams parle « d’enfermer les autres dehors ». Le bord a fonction de protection ; l’objet qui sert de double peut permettre de le franchir, de lancer des « pseudopodes » vers le monde extérieur, disait Kanners. C’est est aussi le lieu dans lequel le sujet trouve sa dynamique. « Ce bord peut être appréhendé à partir de trois éléments : le double, l’objet (autistique) et un îlot de compétence explique Jean-Claude Maleval. Dans le cas de Temple Grandin le double est la vache. Temple est une image de la vache, elle pense qu’elle voit comme une vache. Elle voulait intituler son deuxième ouvrage “Comment on voit par les yeux d’une vache”. L’objet est sa trappe de contention : tout son traitement, (son auto-thérapie dit-elle), est passé par la construction de cette trappe dans laquelle elle se plonge de temps à autre, pour réguler ce qui la déborde.
 Son îlot de compétence est son activité professionnelle : elle est maître de conférence en “trappe à bétail”, spécialiste mondiale de ces trappes qui permettent de tuer les animaux, de la manière la plus douce possible » (source, cf. « un système d’antennes de sécurité né d’îles fabuleuses », note 1).
 On voit bien ici l’interaction des trois éléments. Temple passe son temps à faire des conférences sur l’autisme et sur les trappes à bétails, et cela seul compte vraiment dans sa vie.