La Corse, c’est l’Europe ? entretien avec François Alfonsi

Porte-parole du Parti de la nation corse, député européen Europe Écologie Les Verts, maire du village d’Osani — la réserve naturelle de Scandola et le golfe de Girolata en sont les joyaux —, François Alfonsi fait partie des principales personnalités de la vie politique corse. Nous lui avons demandé de revenir sur ses combats des quarante dernières années pour mieux comprendre son projet politique d’une Corse autonome dans une Europe fédérale, seule solution à ses yeux pour que l’île vive en commun.

Vous appartenez à un parti dit « nationaliste modéré ». Pouvez-vous revenir sur votre trajectoire et l’histoire de ce mouvement ?

Le mouvement « nationaliste » s’est structuré dans le sillage des événements d’Aleria en 1975, lorsque quelques dizaines de membres de l’Action pour la renaissance de la Corse ont occupé une cave viticole pour protester contre une escroquerie qui risquait de ruiner des petits viticulteurs. La réaction disproportionnée de l’État — près de deux mille gendarmes ont été envoyés ! — a été un déclencheur. Après Aleria donc, l’offre politique politique s’est organisée autour de trois tendances :

  • Tout d’abord celle du Front de libération nationale corse (FLNC) qui a été créé en 1976. Mon expérience gauchiste m’en a tout de suite écarté : au cours de mes études à Grenoble au début des années 1970, je m’étais forgé une culture d’extrême gauche, du type Mao-spontex. Or cette tentation de la radicalisation, qui avait été incarnée par les Brigades rouges, ne valait selon moi que si on pouvait gagner le combat rapidement. Ce qui était impossible ; c’était donc risquer d’emblée l’enlisement et la déviation des outils.
  • Il y avait également l’autonomisme de gauche, autour de Dominique Alfonsi et du Parti du peuple corse, mais il était trop minoritaire, et il s’est vite affaibli.
  • Enfin, il y avait l’autonomisme de l’Union du peuple corse (UPC), majoritaire, rassemblé autour d’Edmond Simeoni, le « leader » d’Aleria. C’est là que j’ai décidé d’aller.

Mais dès la création de l’Assemblée de Corse en 1982 [1], les divergences sont apparues. Un basisme nationaliste conduisait certains à refuser de participer à l’exercice du pouvoir afin de rester dans une démarche contestataire. Pour ma part, j’ai été tout de suite favorable à la voie institutionnelle. Je suis entré à l’Assemblée de Corse en 1987. Le FLNC avait alors le vent en poupe : depuis 1982-83, toute une génération y adhérait. Nous, les autonomistes, étions plutôt mis au rancart. Avec Max Simeoni, on a tenu le parti à bout de bras, avec la conviction que ce message de l’autonomie finirait par porter. Car à mes yeux, notre nationalisme ne peut se tenir que depuis deux principes : le rejet de la violence politique et du racisme, et un engagement pro-européen. Et puis, en politique, il faut rassembler : or le recours à la violence, à mon sens, l’a toujours empêché.

Il y a certes eu malgré tout des listes d’union entre les différents courants pour faire front contre le système politique traditionnel et ses fraudes électorales, contre les partis « nationaux » trop assujettis à l’État central. Cela a permis d’ailleurs quelques belles victoires contre les clientèles politiques familiales bien implantées sur l’île. Mais les alliances entre tous les mouvements ont été dures à maintenir. En 1993, le contexte a vraiment dérivé avec l’affaire Sozzi (un militant, Robert Sozzi, a été exécuté par le FLNC qui le jugeait dangereux pour l’organisation). Les divisions se sont multipliées et cela a conduit à l’éparpillement, à la fragmentation des voix, à de nombreux échecs… Jusqu’à ce qu’en 2002, à l’occasion des législatives, on tente une campagne commune entre partis « alter-nationalistes » ; on a créé dans la foulée le Parti de la nation corse (PNC), qui idéologiquement prend la suite de l’UPC. La stratégie était claire : entrer pleinement dans la gouvernance et utiliser la voie institutionnelle pour imposer nos revendications autonomistes. L’année 2008 a été celle du démarquage avec les nationalistes indépendantistes. Jean Christophe Angelini a conduit une liste à Portivechju. Gilles Simeoni (le fils d’Edmond) était lui aussi convaincu du bien-fondé d’une liste « modérée » qu’il a conduite à Bastia ; et par ailleurs Corsica Libera, le parti indépendantiste, ne souhaitait plus l’union. Un électorat s’est libéré et les résultats des municipales ont été très satisfaisants. Encore plus aux élections européennes en 2009 où ma candidature sur la liste Europe Écologie Les Verts de Daniel Cohn-Bendit a fait 24 % en Corse contre 8 % pour la liste du Nouveau Parti anticapitaliste où figurait un candidat nationaliste plus radical en position éligible. Puis, en 2010, notre liste Femu a Corsica aux territoriales a fait 26 % au second tour et celle de Corsica Libera 10 %, ce qui a entériné une donne nationaliste nouvelle en Corse.

Avez-vous cru d’emblée à la construction européenne ?

Dès les débuts l’UPC a participé à l’Alliance libre européenne (ALE) dont elle est membre fondateur. L’ALE défend depuis sa création l’idée d’une Europe fondée sur une communauté de peuples et non sur un modèle unitaire. L’échelon européen nous a donné au demeurant une belle reconnaissance : Max Simeoni a été élu au Parlement européen en 1989, à la suite de notre soutien à la candidature verte d’Antoine Waechter lors de la présidentielle de 1988. Cela nous a permis de resserrer nos liens avec les écologistes et de structurer plus fermement la section française de l’ALE. En 1994, Max Simeoni a conduit ainsi une liste qui a recueilli quelque 50 000 voix sur toute la France. C’était peu, mais c’était un acte fondateur qui nous a permis de créer la Fédération Régions et Peuples Solidaires, qui fait lien entre les différents partis « régionalistes » de l’hexagone. C’est tout cela qui a favorisé notre relation aux Verts, avec qui nous avions certes déjà des affinités : le marqueur régionaliste (le Larzac !), le rapport critique à l’État centralisé, qui a favorisé la part exceptionnelle en Europe du nucléaire français…

D’où est né cet engagement précoce pour l’écologie politique ?

Notre mouvement a toujours défendu une politique environnementale. J’ai eu 21 ans en 1974, et j’ai pu voter aux présidentielles ; mon premier vote a été pour René Dumont. En Corse, on était déjà sensible à ces questions. Le lotissement balnéaire du Languedoc-Roussillon décidé par l’État gaulliste au début des années 1960 avait servi d’avertissement. De plus, des projets privés touristiques gigantesques menaçaient dès la fin des années 1960 les côtes sauvages et préservées de l’île, dans l’extrême Sud, à la Testa Vintilegna où une société d’investissement projetait la construction d’équipements hôteliers de 25 000 lits, dans le Nord, aux Agriates où la banque Rothschild acquérait des terres par milliers d’hectares. Les gens commençaient à comprendre qu’ils risquaient d’être les Indiens de la réserve. Il y a eu également comme moment fondateur la lutte contre les « boues rouges » en 1972 avec la mobilisation massive — et la victoire ! — contre la société italienne Montedison qui organisait quotidiennement au large des côtes du Cap corse le rejet de déchets hautement toxiques de couleur rouge. Il y avait déjà eu, en 1960, le combat protestataire contre le projet du gouvernement de Michel Debré d’installer dans le site remarquable de l’Argentella une base d’expérimentations souterraines nucléaires. La contestation avait réussi à provoquer l’abandon du projet, qui fut — hélas pour eux — déplacé en Polynésie française à Mururoa. Quand je suis revenu en Corse en 1978 après mes études d’ingénieur, je me suis engagé sur les questions énergétiques, qui étaient déjà un combat essentiel à mes yeux. EDF envisageait la construction d’une centrale thermique au fioul à proximité d’Ajaccio, au Vazzio, sans prendre en compte les risques de pollution. Avec le comité anti-Vazzio et le Groupement d’Ajaccio et sa région pour la défense de l’environnement (le Garde), nous avons porté une opposition ferme, entamé une concertation et ébauché un plan soucieux de l’environnement centré sur les énergies renouvelables qui, à l’époque, étaient traitées par le mépris, mais qui aujourd’hui représentent l’avenir pour la Corse.

La Collectivité territoriale de Corse a le pouvoir et le devoir d’élaborer un Plan d’aménagement de développement durable de la Corse (Padduc). Le projet de Padduc porté par l’exécutif précédent — une liste UMP — avait suscité des oppositions telles de la part de la société civile qu’il n’avait finalement pas été présenté au vote. L’élaboration du nouveau Padduc constitue-t-il un enjeu crucial à vos yeux ?

Par son contenu, le Padduc constitue le corpus politique de la réforme constitutionnelle que l’on demande avec une majorité de l’Assemblée de Corse. On y trouve l’engagement pour la co-officialité de la langue corse, le respect de la loi littorale, un urbanisme de qualité et respectueux de la Corse, l’engagement pour un statut de résident. Ma famille politique s’est également exprimée favorablement sur les orientations relatives à une spécificité en matière fiscale, avec une priorité donnée aux affaires de droits de succession et de mutation. Mais la suppression en décembre dernier par le Conseil constitutionnel des arrêtés Miot, qui accordaient un statut dérogatoire à l’île dans ces domaines, est un spectaculaire retour quarante ans en arrière, dans les actes comme dans les méthodes. Deux points en particulier nous semblent fondamentaux : tout d’abord, la question foncière est une urgence à l’heure de la spéculation, qui fait flamber les valeurs foncières et donc les droits de succession qu’il faudra désormais acquitter au moment de la transmission familiale. La fin des arrêtés Miot va enclencher la machine à vendre, et sur ces ventes les plus fortunés, pour la plupart d’entre eux extérieurs à la Corse, pourront spéculer de plus belle. Deuxième raison : les arrêtés Miot font partie du patrimoine politique insulaire, et leur remise en cause par une décision autoritaire, arbitraire, non négociée, sans aucun appel possible, est tout simplement sidérante. Cette décision nie quarante années de combat politique.

Qu’est-ce qui selon vous explique le blocage de l’évolution institutionnelle  ?

Les prérogatives que nous donne notre statut de collectivité territoriale depuis 2002 sont inexploitables. Chaque fois qu’on les sollicite, notamment en ce qui concerne notre pouvoir d’adaptation aux normes règlementaires, ce n’est jamais applicable : soit les demandes de l’Assemblée corse sont immédiatement déclarées anti-constitutionnelles, soit elles ne sont pas traitées. Le rapport conduit par l’actuel exécutif, par Pierre Chaubon en particulier, est éloquent : il décrit précisément l’inefficience du dispositif depuis dix ans [2]. On subit au fond, depuis 1998 et l’affaire Érignac, le blocage de l’État et une rétractation autour des corps qui défendent l’ordre constitutionnel centraliste : le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel, l’ENA, le corps préfectoral… Pourtant il faudra bien à un moment une rupture philosophique dans la conception de l’État-nation.
La Corse se trouve dans un entre-deux : ni intra-muros puisque insulaire, ni extra-muros comme la Nouvelle-Calédonie parce que trop près. Il faut dire en outre que le mouvement de réaction centraliste est général en Europe — avec cependant des exceptions comme la Finlande et le Royaume-Uni. La situation des pays de l’Est, qui ont intégré l’Union européenne en 2004, le montre bien. Prenez les indices de développement : toutes les régions-capitales de ces pays se sont développées grâce aux fonds européens, et toutes les autres sont oubliées. C’est une réalité démontrée par les chiffres : le centralisme enrichit la capitale et spolie le reste du territoire ! Cela ramène la force économique, la richesse autour de ceux qui gèrent la capitale, autour de cette oligarchie forte et étroite.

Dans le même temps, en réaction, on assiste à l’émergence politique de régions et peuples dans le paysage européen — la Flandre, la Catalogne, le Pays basque ainsi que l’Écosse dans une certaine mesure… Ces débats effraient la classe politique, très tributaire des États-nations. J’en ai eu un bon exemple, il y a peu de temps. J’ai interpellé Hermann Van Rompuy, le président du Conseil européen, qui avait déclaré dans la presse belge que les mouvements dits nationalistes étaient anti-européens. Une fois devant le groupe, je lui ai rappelé que j’étais un député « nationaliste » et membre du Groupe des Verts-ALE qui existe au Parlement depuis 1984, avec un engagement pro-européen que nul ne peut contester. Et il m’a répondu : « Oui, j’ai parlé un peu vite, mais il y a déjà vingt-huit États et créer de nouveaux États n’est pas dans l’intérêt de l’Europe. » Ce qui est une idiotie : le vrai problème c’est la disparité des composantes et non le nombre ou le fait que de nouveaux apparaissent. Il y aurait seulement deux États, l’État grec et l’État allemand, il n’y aurait plus d’Europe !

Est-ce que la différence entre indépendantistes et autonomistes corses ne se joue pas au fond autour de la question de l’État-nation ?

Le clivage politique essentiel, celui qui est actif en Corse, c’est celui de la violence politique qui selon moi, en Europe au XXIe siècle, est une impasse. Dans une vision d’avenir à long terme, l’autonomisme énonce qu’il peut y avoir une complémentarité entre un projet européen qui affaiblit, puis remet en cause les États-nations, et la montée en puissance des autonomies régionales, qui expriment une réalité culturelle et historique. C’est ce que le débat sur le Traité constitutionnel européen avait introduit avec le concept de « Régions Constitutionnelles ». L’autonomie permet de structurer une gouvernance locale et de réorganiser la relation avec l’État national. À condition évidemment que soit garantie une réelle capacité d’action — l’exemple du Pays basque espagnol le prouve. Les provinces basques et navarraises ont une autonomie fiscale et négocient directement avec l’État central à travers le Concierto Economico. Et force est de constater qu’en s’extrayant de la politique d’austérité du gouvernement central espagnol du conservateur Mariano Rajoy, elles ont beaucoup mieux réussi à faire face à la crise. Mais il faut conserver l’ouverture vers l’échelon européen pour participer aux décisions. C’est par exemple crucial pour les enjeux agricoles. Dans la Politique agricole commune actuellement, c’est l’évaluation des surfaces utiles qui donne droit au paiement unique. Sauf qu’avec ce système, les économies méditerranéennes de parcours et de transhumance ne sont pas du tout représentées, comme celles de la Corse et de l’Italie du Sud.

Vous êtes donc « nationaliste » contre l’État-nation ?

Le nationalisme corse est fondamentalement contre l’État-nation ! Je suis « nationaliste » dans une Corse dominée. Dans une Corse reconnue, je ne le serai plus nécessairement ! Soyons réaliste, si demain Paul Giacobbi, le président du Conseil exécutif de Corse, écrit à Google ou à n’importe quelle multinationale en menaçant de lui faire perdre le marché corse, on va les entendre rigoler. C’est très clairement à l’échelon européen qu’il faut agir sur de tels enjeux. Mais il y a les priorités de l’heure : dans les vingt-deux régions françaises, la Corse est un cul-de-sac. En revanche dans le projet de macro-région de la Méditerranée occidentale, la Corse est au centre. La vision étroite de l’État-nation nous prive de cette perspective. D’ici cinq ou six ans, cela pourrait prendre forme, si la Commission ne traîne pas des pieds, si on s’en occupe sérieusement. Mais c’est un peu toujours la même chose : pour la Baltique, l’arc Atlantique, c’est tout de suite ; dès que c’est la Méditerranée… C’est très précisément ce que nous portons au sein de la fédération Régions et peuples solidaires à laquelle nous participons depuis sa fondation en 1994. Relisez l’article 1 de nos statuts : il s’agit de fédérer des formations qui « représentent des peuples, des communautés culturelles et linguistiques et/ou des réalités régionales historiques et qui sont animées, en opposition à tout esprit de domination ou de xénophobie, par un même idéal de respect des minorités, d’approfondissement de la démocratie, d’autonomie, d’autodétermination et de fédéralisme ». Ce que nous avons en ligne de mire, c’est de combattre le centralisme et les inégalités qu’il engendre, de promouvoir la diversité culturelle et d’officialiser les langues de nos peuples et communautés.

L’Union européenne peut-elle exister sans les États-nations qui la constituent ?

Pour faire l’Europe, il fallait bien partir de l’existant : rassembler les États-nations. Mais c’est leur refus d’évoluer qui est un vrai handicap. Car de facto, l’État fonctionnel aujourd’hui, c’est l’État des Européens. Les orgueils des États-nations sont un problème ; aujourd’hui aucun État-nation n’assure plus ses fonctions essentielles : sécurité des citoyens et prospérité. L’État maltais ne peut pas les assurer seul, c’est une évidence ; je pense que pour l’État français c’est fini aussi, au moins quant à la prospérité, c’est-à-dire la conduite des politiques économiques. Est-ce que maintenant l’Europe peut devenir un État centraliste autour d’une administration établie à Bruxelles ? Je pense que ce serait la pire des constructions politiques possibles. Il peut exister en revanche une logique de réorganisation par le bas, vers les « nations » sans État. Et cela peut se faire par un processus d’indépendance pour certains ou par des processus intermédiaires. Quand on a besoin de solutions, on en trouve ! L’autorité nord irlandaise peut déjà négocier directement à Bruxelles avec la Commission, sans avoir un siège à l’ONU. Je pense qu’un peu d’imagination va s’emparer des constitutionnalistes européens et va permettre de faire droit à la bonne douzaine de nations et peuples réellement concernés par un conflit avec un État central. J’en suis convaincu : seule la dimension européenne donnera de la liberté au peuple corse, tout en garantissant ses citoyens au plan géopolitique.


L’auberge espagnole

S’il est vrai que le système politique traditionnel corse était complexe, il faut avouer que la situation politique contemporaine ne l’est pas moins, et qu’elle peut même paraître très compliquée, voire carrément opaque. Notamment parce que le mouvement nationaliste, qui depuis quarante ans s’est invité dans le débat idéologique et institutionnel, n’est pas facile à appréhender. Ses composantes, déjà hétérogènes au départ, n’ont pas cessé d’évoluer au fil du temps : nationalisme de résistance contre nationalisme d’exclusion, indépendantisme versus autonomisme, nationalisme radical (acceptant l’usage de la violence politique) contre nationalisme modéré, affiliation droitière contre sensibilité de gauche… À y perdre son latin. D’autant qu’à invoquer sans cesse la rhétorique de la « nation », on se crispe volontiers. Mais il convient de s’entendre : aujourd’hui comme hier, on trouve de tout chez lesdits « nationalistes corses ». Quelques fervents écologistes européens, démocrates et fédéralistes notamment. Ils nous intéressent car ils bousculent le centralisme étatique, impensé politique le mieux partagé au sein des partis traditionnels, et qu’ils incarnent aussi, à rebours d’une attitude de repli, une défense des minorités — linguistiques en particulier — toutes voiles dehors.

Notes

[1Sous la pression des revendications des indépendantistes et autonomistes de la fin des années 1970, deux lois donnent depuis 1982 un statut particulier à la Corse. Celle-ci devient une collectivité territoriale de plein exercice avec des compétences et ressources spécifiques, quatre ans avant toutes les autres régions métropolitaines. Les textes prévoient que l’organisation de l’île prendra en compte des spécificités résultant de sa géographie et de son histoire. Exerçant le pouvoir exécutif, l’Assemblée remplace le Conseil régional et est élue au suffrage universel, à la proportionnelle intégrale.

[2Pierre Chaubon est président de la Commission des compétences législatives et réglementaires de l’Assemblée de Corse ; il est partisan d’un approfondissement du statut particulier de l’île. Voir le compte-rendu de la session de l’Assemblée qui y a été consacrée.