Can’t put your arms around it Johnny Thunders, 1963-1991
par Mark Wallace
J’y suis allé et ce n’était pascomme j’avais prévu, tant de foisles bus m’avaient laissé dans les rues occupéà trouver si une route habite quelque part. Les immeubleschangeaient d’adresse aussi vite que de façadequand les nouveaux gestionnaires publiaient des arrêtésrelatifs aux limites des trottoirs. Tous les matinsles portes s’ouvraient et James allait travaillerpour oublier ce qu’il n’avait jamais su, et si ça signifiaitmoins de rires éteints, néanmoins j’aivu d’autres poissons voler, tels des poèmesdans des pièces pleines de marteaux.
Chaque rêve pourrait faire monter son contraireainsi dire « oui » pour un « non »mais pas exactement l’inverse. Une multitudede styles voulaient entrer au club, et pourquoi pas,la mort et les journées n’étant jamais particulièresni les réponses appropriées. La processiondes tramways et des désirs, embourbés malgré laclameur, disait qu’au moment même où tu sensqu’il n’y a rien à dire, un nouvel angle d’attaquefait craquer les chaînes. Bien sûr les pigeonsapprochaient, et les vieux amis prenaient plus de coupsque de génie. Mais on pouvait s’en sortirà la manière de l’air, quand il rabat la fuméesur le trafic.
Ce qui était censé arriver sur le papier, hormis le faitdes instants qui trébuchent, ou du langage qui a perduce qu’il a jamais possédé, je laisse la syntaxese tordre et vaciller dans la nuit, sourcede déplacement, parfois saisie au bond,et si le ciel titube, qu’il en soit ainsi.Il y avait des ordonnances et des avis, au cœur des groupeset des mots d’ordre, des citations, des loteries et des fuites.Serait-il aujourd’hui démodéde se pointer avec une seule chaussure ; aussi pourquoi ne pas en porter troiset tout rater d’un coup. Johnny Thunders est arrivéà New York en tombant. Sa guitare était si approximativeque tout le monde a écouté, et la mort de sa colèren’a servi à rien, pas plus qu’une épopée ou une pilule,mais toute la nuit on a remis le disque.
Post-scriptum
Mark Wallace vit à Washington, DC, où il enseigne à l’Université. Il est l’auteur de plus de dix livres de poésie, dont Temporary Worker Rides A Subway (Green Integer Books) qui a reçu le Gertrude Stein Poetry Award en 2002. Il est également éditeur, critique et romancier.
Traduit de l’américain par Juliette Valéry.