Vacarme 27 / Cahier

Le tatou / se détache

par

Je sors d’une nuit peuplée d’animaux. Les phrases traînent encore leurs lanières dans cette poussière étrange où des bribes s’agglutinent. Où les corps mot à mot sont sans aucun rapport. Le son cherche à forcer, à déranger les places. Il se trame quelque chose/ Elle m’attend au sous-sol. Il n’y a qu’une table et trois chaises, avec une lampe et du bruit au-dessus. Dites-moi ça fait peur quand ma mère la laite elle mord ses seins et crie/ De savoir que tout ne tient pas si bien ensemble la fait rire. Une petite peau se détache. Et elle repart. Gardons les questions, quoi de plus juste, gardons les questions bancales, rien à caler surtout, ni l’estomac ni l’esprit/ Dans les rideaux de la fenêtre de petits animaux dorment. Ils sortent quand on ne s’y attend pas. Tamanoir, Scolopendre et Tatou. Et le fourmilier cousu de fils blancs. Et encore un être qui attend/ Une petite peau se détache. Et elle repart. Le tatou a neuf bandes, des griffes croissant de lune et des yeux luisants. Ses oreilles écoutent chaque moitié du monde. Il se trame quelque chose/ sous les rideaux il y a des patins à roulettes. Pour glisser sur le sol à toute vitesse. Ça n’a aucun rapport. Toutes sortes de choses inutiles réapparaissent. Enfin. À chaque pas qu’il fait, entre les plaques osseuses articulées qui couvrent son thorax, de fines bandes de fourrure plient, avec courtoisie.