Sur la brèche avant-propos

Qui a relevé la contradiction entre la menace, brandie quelques temps au ministère de l’Intérieur, d’une pénalisation de « l’insulte à professeur », et la prétention, affichée au ministère de l’Éducation nationale, à « refaire de l’école un sanctuaire » ? Ici, le franchissement des frontières qui délimitent la singularité de l’espace scolaire ; là, l’affirmation de la clôture de cet espace. D’un discours à l’autre, la définition de l’école, c’est-à-dire la détermination de ses lieux, dans tous les sens du terme, s’est perdue.

C’est sur ces lieux, et leurs frontières, que nous avons voulu nous porter.

Jouons sur les mots : au chapelet des lieux communs qui prétendent rendre compte de la crise de l’école – «  l’effondrement de l’autorité », « la baisse du niveau », « la démission de l’institution », « l’insuffisance des programmes », etc. – on préfère l’exploration des lieux communs. À ceux qui prétendent remettre l’école à l’endroit, on répond qu’ils feraient mieux de se rendre à l’endroit de l’école. Dans le dossier qui suit, pas de mesures d’urgences pour « sauver » l’école, ni crispations nostalgiques, ni certitudes surplombantes. Mais une série d’expériences concrètes à l’occasion desquelles l’école se risque à son dehors, se porte ailleurs ou accueille d’autres pratiques en son sein.

Aux lieux de l’école ? Sur sa brèche.