Vacarme 22 / Chroniques

Rock and roll all night (part 2)

par

Une diva. Il vient de Trappes et on ne fait pas exactement ce qu’on veut avec lui. 1997. Il est jeune et prometteur. À dix-sept ans, il doit progressivement intégrer l’équipe pro. Son entraîneur d’alors est Ricardo. Il se souvient : « Il bossait bien, était respectueux, mais il n’aimait pas trop les conseils. Les autres joueurs trouvaient qu’il avait la grosse tête pour un gamin. Non, il n’a pas fait d’efforts pour s’intégrer dans ce groupe. » Sex Pistols. D’ailleurs il se tire direct à Londres. Grosse polémique ; les clubs étrangers (comprenez quasi défiscalisés) pillent nos centres de formation, les jeunes n’ont plus d’éthique. Celui par qui le scandale arrive. Il court plus vite que tout le monde dans le plus beau stade d’Angleterre, montre une adresse diabolique, marque but sur but, devient champion d’Angleterre en 98. Août 1999 : « Il a laissé une cicatrice importante dans le football anglais. Je garantis que dans deux ans, il fera la même chose en Espagne. Il a bafoué en quarante-huit heures toutes les règles du football anglais et a montré un manque de respect total. » C’est David Dien qui s’exprime, le vice-président d’Arsenal, à propos du transfert de la diva au Real Madrid. La piste aux étoiles. Le-plus-grand-club-du-monde. God save the queen, vive le Real ! The Stooges Pistols au niveau top international. 33,5 millions d’euros. Au Real, un petit nouveau, quel que soit son nom – Zidane au hasard – fait preuve d’humilité et respecte le système. Se fond dans le moule de l’équipe, on dit. Il déclare : « Si le Real ne change pas de tactique, je n’ai rien à faire là. » Couillu. D’autant plus frappant que notre homme n’est pas loquace. Là où tous inondent les micros de « je me donne à 100 % à l’entraînement pour gagner la confiance du coach », lui sort ça. Cantona, au moins, faisait du kung-fu ou disait « quand les mouettes suivent un chalutier, elles savent qu’elles auront du poisson. » Lui ne dit absolument rien. Alors, la France du foot remarque qu’il vient de Trappes et qu’il aime le rap. Elle se dit que s’il parlait, ce serait sûrement pour la traiter sa race. Il gagne la Ligue des champions. Son entraîneur ne l’écoute pas, il ne vient plus à l’entraînement, est suspendu un mois et demi par le club et revient à Paris. 35 millions d’euros. 2001. Canal+, propriétaire du club décide de faire dans le style cité. Malcom Mac Laren. Mais leur football n’est pas joli et ils perdent beaucoup. Fernandez est revenu mais la diva thermonucléaire sort de son silence pour considérer « qu’il n’y a pas de plan de jeu, pas de décalage, rien. » On soupçonne que cela peut se traduire par quelque chose comme « je me casse ». Il est prêté à Liverpool, transféré à Manchester City. Beatles, Stone Roses, tout roule à nouveau, il court plus vite que tout le monde, marque but sur but, son entraîneur le qualifie de meilleur attaquant du monde et Santini le rappelle en équipe de France. Et bien non. NTM. Il dit : « Je sens aujourd’hui que ma sélection est un peu forcée. J’ai besoin d’être approuvé par tous les membres du staff pour me sentir au mieux. » Santini ne m’aime pas et moi je ne l’aime pas. Ça il ne l’a pas dit mais il avait déjà beaucoup parlé et c’est son avocate qui a poursuivi : « Il y a autour de Nicolas une espèce d’ambiguïté et de malaise, ce n’est pas net. »
Nicolas Anelka et Marie-jo Perec. Rock and roll all night.