7 jours bruitistes aux Buttes Chaumont

Deuxième jour le long du lac et des canaux : mardi

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Cette fois il n’y a plus de souffle. Les sons se succèdent sur la bande à grande vitesse. Au premier plan j’entends une rumeur faite d’une multitude de voix, qui se croisent et se chevauchent. Quand une voix distincte émerge de cette mer de paroles, l’ensemble acquiert soudain une profondeur, une épaisseur ; je les situe dans le souvenir de la prise de son. « Ilfécoualeumeussieu » ou « Vapatrolouin » éclatent comme des bulles à la surface. Le souvenir de Chris Watson me revient. Lorsqu’il enregistre les bords de mer dans son disque St Cuthbert’s Time, il utilise des microphones amphibies.

Chris Watson effectuant un enregistrement sous-marin.
touchmusic33

L’auditeur a alors le sentiment de pratiquer une écoute non pas immergée, mais située entre les replis des vagues. Les enregistrements de Watson nous font accéder à une écoute impossible, venus de points d’écoute auxquels l’oreille n’a pas accès. J’en veux pour preuve les micros paraboliques qu’il utilise ou les tiges destinées à enregistrer les signaux émis par fourmis et chenilles à l’intérieur des fourmilières.