7 jours bruitistes aux Buttes Chaumont

Quatrième jour, en contrebas du parc, depuis l’ancienne petite ceinture : jeudi

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Toujours fidèle à Chris Watson, ou presque, j’opte ce quatrième jour pour un point d’écoute très difficile : les rails de la petite ceinture qui traversent le parc. Y accéder est compliqué : il faut localiser un des points d’accès sur la partie sud de la ligne, à Alésia dans le 14e, près de l’avenue Jean Moulin. Lorsqu’on passe par la villa Brune, toujours déserte, c’est sans risque mais difficilement praticable à pied.

Vue de l’ancienne petite ceinture, vers Alésia dans le quatorzième arrondissement.

Une fois en bas, je décide d’enregistrer de manière itinérante. Sur la bande, j’entends les mêmes sons que dans la rue mais ils sont tous étouffés par l’épais feuillage. J’entends mes pas sur les cailloux. Mon point d’écoute est désormais mobile et au loin, l’ensemble des sons de Paris convergent vers moi. L’itinérance transforme quelque chose de l’écoute ; elle me permet de fendre l’espace sonore par une voie illégale. En me rapprochant du 19e, je décris un arc de cercle autour du foyer initial de l’enregistrement. Alors qu’auparavant, j’attendais que les sons viennent à moi, j’ai à présent l’impression d’être un filet, ramassant tout ce qui passe à ma portée, grand mangeur de pollution sonore. Tout un ensemble de sons nouveaux apparaissent, notamment les chants d’oiseaux et les pépiements qui ne sont plus masqués par le son de la circulation. Mon heure d’enregistrement devient un concert itinérant, quelque chose qui me fait très accidentellement penser aux Compositions ornithologiques de Bernard Fort ou à Presque rien de Luc Ferrari.

makaosama