7 jours au Caire

20 novembre 2013

par

Photo Zoé Carle

Marcher dans les rues du Caire. Slalomer entre les voitures qui s’entassent le long des trottoirs – impraticables trottoirs, trop hauts, trop pleins de gravats et de détritus, trop défoncés. Éviter les porteurs de pain qui foncent sur leurs vélos antiques, en maintenant d’un seul bras les larges plateaux posés sur leurs têtes. S’arrêter net parce qu’une voiture coupe la route. Repartir. Ralentir à l’approche d’un couple qui flâne en se tenant la main. Essayer de les dépasser sans les bousculer, en esquivant les voitures. Accélérer. Se jeter entre deux tacots pour éviter le scooter qui vient en face et les deux ados qui tendent les bras comme pour t’enlacer ou te gifler et les retirent au dernier moment en riant.

Je marche le long du ministère de l’Intérieur protégé par des nuées de fil barbelé et de tanks. Je passe une première chicane, les soldats assis au sol m’interpellent : « ya mozza ! » « ya batta ! » les inévitables noms qu’on donne à toute fille seule évoluant dans la rue. Mozza, c’est la jolie fille, batta c’est le canard, le nom qu’on donne aux femmes bien en chair à cause de leur démarche provocante. Je ne réponds pas. Les conscrits s’ennuient au check-point de El Dakheleyya. Quelques clashs tard dans la nuit autour de la place Tahrir. Un mort. Ça n’est pas rien, mais désormais on est habitué à la brutalité policière.