7 jours à Beyrouth

Tempête sur Beyrouth : samedi 14 décembre

Réveil à 5h, l’un des deux bébés geint mais ne se réveille pas vraiment. On se rendort de 6 à 7.

Ce matin, on a prévu d’aller à l’Institut français où des amis organisent une vente d’artisanat syrien. Comme c’est bientôt Noël, ça marche assez bien. Au moment où j’allais partir, j’ai un coup de fil de Béatrice. Aurais-je quelques vêtements qui ne servent plus et qui pourraient convenir pour une jeune fille de quinze ans ? Elle a besoin de vêtements chauds.

Je fouille dans mes placards, mais malheureusement ils ont déjà subi cette inspection plusieurs fois, et il ne me reste pas grand-chose, à part ce que je porte encore. Je déniche cependant mon manteau de grossesse, pas très élégant (une grande chose noire et informe) mais bien chaud, en laine. Hop, embarqué. Arrivée à l’Institut français avec le manteau sur le bras et les bébés en poussette et porte-bébé, et Carlito bien sûr, je rencontre la jeune fille qui a besoin de vêtements. C’est la fille de l’une des femmes qui expose de l’artisanat, celle qui fabrique, à partir de bouts de tissus, perles, boutons et autres fanfreluches, de petites poupées d’inspiration palestinienne. Elle est Palestinienne de Syrie, réfugiée au Liban. Ils habitent dans la région de Saïda, au sud de Beyrouth. Sa fille est venue donner un coup de main pour l’expo. Elle est en T-shirt alors qu’il fait dix degrés dehors. A-t-elle oublié son manteau chez elle ? Regard gêné de la jeune fille, sa mère explique qu’elle n’a pas de manteau, ni de pulls, toute la famille est partie de Syrie sans rien, avec juste les vêtements qu’ils portaient ce jour-là. C’était en juin… Mon manteau de grossesse trouve une nouvelle raison d’être.

Après l’expo, on emmène les petits en centre-ville, où il existe par miracle quelques rues piétonnes. Il fait froid, mais avec un grand soleil. Les rues piétonnes ne sont là qu’en raison du centre commercial qu’elles desservent. On s’en fiche, les petits s’amusent, bébé 1 court partout, bébé 2 se balade en poussette et pousse des petits cris ravis. Autour de nous, des tas d’enfants et de bébés libanais en font autant. Seule différence : ils ne sont pas avec leurs parents, mais avec leurs bonnes éthiopiennes, ou sri-lankaises, ou camerounaises, ou philippines. Les parents, pendant ce temps, font du shopping, boivent un café ou fument un narguilé. Et si jamais il pleut, la première destination du dimanche devient le mall.

16h30. La nuit tombe, retour à la maison. Je résiste à la tentation d’ouvrir mon mail, et je retourne jouer avec mes enfants et leur père. Bébé 2 s’est assis sur le pot de son frère et feuillette un livre. Bébé 1 vient lui déposer une couche sur la tête. Tout le monde finit dans la baignoire, car quand on sort, on peut faire chauffer l’eau.