Vacarme 75 / Courage

faire la révolution

par

Comment bascule-t-on individuellement et collectivement dans la révolution, et ce moment où s’allume l’insurrection, de quoi est-il fait au juste et comment le saisir, entre courage et désir de dignité ? Ce courage de la révolution qu’en advient-il ensuite, quand le mouvement a pris corps ? Qu’est-ce que le courage « en révolution » et l’individu peut-il avoir à se séparer du groupe, à s’en défier, comme jadis le groupe s’est levé contre le pouvoir absolu ? De la Révolution française aux révolutions arabes, Sophie Wahnich interroge ces courages révolutionnaires.

1. le courage, ça se précipite 

Vivre un temps qualifié de « révolutionnaire » c’est vivre selon les dires des acteurs, une nouvelle ouverture du temps dans un « précipité [1] » marqué par le courage d’une décision improbable. La perception des spectateurs de ces « initiums » est celle d’un « Soudain la révolution [2] » selon les termes de Fethi Benslama. Des manifestantes de la journée du million place Tahrir, le 29 janvier 2011, en témoignent « Je ne pensais pas que ça pouvait arriver, je ne pensais pas voir ça. J’allais à la manifestation par devoir, et je suis de plus en plus surprise ». « Je suis descendue et la Révolution était là [3]. » Ce « soudain » rend compte non d’un désir improbable d’émancipation qui n’aurait pas eu le temps de mûrir, mais de l’impossibilité de prévoir à quelles conditions la contrainte d’assujettissement et la peur de mourir pourraient céder face à la nécessité subjective et neuve en effet, de vivre enfin libre. « On ne savait pas que c’est de cela qu’on rêvait parce que c’est tellement grand, quand ça arrive on sait que ça nous a effleuré l’esprit, un truc du cœur [4]. »

Parler ainsi du cœur c’est alors reconnaître dans ce mouvement un rôle catalyseur des émotions, ce qu’on pourrait nommer la coalescence des subjectivités dans un mouvement de bascule qui fonde l’événement révolutionnaire. C’est pourquoi, aussi apparemment éloignés soient le processus constituant qui transforme des États généraux en Assemblée nationale constituante entre mai et juillet 1789 en France et les manifestations qui ont conduit entre décembre 2010 et janvier 2011 de la mort du jeune Bouazizi au départ de Ben Ali en Tunisie, on peut observer dans l’un et l’autre cas, comment des gens ordinaires deviennent des gens extraordinaires en situation révolutionnaire. Comment à un moment de l’histoire, la peur n’annule pas le courage, mais l’appelle.

Sur le temps court, l’expérience vécue est celle d’un moment d’agrégation rapide et inattendue de groupes sociaux qui auparavant restaient disjoints, moment de fusion proprement révolutionnaire qui conduit à expérimenter une puissance qui jusque là était restée virtuelle. Place Tahrir une manifestante enthousiaste décrit ainsi cet agrégat constitué : « ce sont des familles, des femmes voilées et des femmes non voilées, des jeunes, des vieux, des enfants qui sont descendus le 25 janvier, c’est la manif la plus forte et ils sont là par une initiative personnelle et non sous le mot d’ordre d’un parti, ils sont déterminés, ces individus, pour revenir sur la place [5]. » Là est le temps du « précipité [6] »qui conduit à filer la métaphore du catalyseur, et qui est celle du « maintenant ou jamais », du temps qui risque de manquer si aucune décision n’est prise. Or le moment de la décision reste irruptif et indépendant du temps de la conjoncture qui le précède comme délibération individuelle ou collective. Ce serait presque une décision sans décideur, un mouvement d’accélération qui n’a rien à voir avec la technologie mais tout à voir avec la constitution d’une souveraineté qui se découvre en se constituant. « Je suis descendue avec un grand doute, on n’a pas le temps de croire que c’est vrai, on se demande si on hallucine [7]. »

2. le courage est fils d’un désir de dignité

Selon l’analyse de Fethi Benslama [8], du côté de la Révolution tunisienne, l’identification (au sens freudien du terme [9]) des Tunisiens à la détresse radicale d’un individu acculé au suicide, a eu une fonction de déclencheur. Cette détresse était dans la bouche des Tunisiens associée au sentiment d’impuissance, le qahr. Or cette détresse n’a pas été attribuée à des circonstances individuelles mais à un système politique qui conduit un homme à avoir honte d’être un homme. Quand la condition humaine devient honteuse, on peut choisir de mourir, mais on peut aussi être amené à se révolter et à prendre le risque de mourir. Si Bouazizi avait choisi la mort, les Tunisiens choisirent dans la précipitation de se révolter. D’une manière analogue des Égyptiens place Tahrir parlent le 25 janvier 2011, d’« avoir le droit d’être » et évoquent leur détermination comme nécessité « on fait ce qu’on doit faire [10]. » Cette précipitation est ainsi nouée à une prescription, et l’accélération rencontre la nécessité. Nombreux sont les Tunisiens qui manifestèrent la journée décisive du 14 janvier 2011, pour la première fois. Ils expliquent que ne pas y aller cette fois aurait été indigne de l’événement. Maintenir sa fierté d’être Tunisien passait par la prise en charge nouvelle de la séquence ouverte par l’immolation. « C’était important, pour moi. Je voulais participer à cet élan lancé à Sidi Bouzid le 17 décembre par ce jeune diplômé chômeur qui s’était immolé par le feu. Il fallait qu’on prenne la relève. Je suis fière d’être Tunisienne et d’avoir été là ». « Après ce sacrifice, on ne pouvait plus se taire. Moi, j’ai mon diplôme de kinésithérapeuthe depuis quatre ans et je n’ai toujours pas de travail. Mon fiancé est ingénieur et il n’a pas de travail [11]. » Ces jeunes diplômés déçus des conditions indignes qui sont faites à leurs compétences, et s’identifiant de fait à un autre chômeur, expriment une nécessité nouvelle qui n’a pas de véritable explication rationnelle. D’autres immolations ne produisent pas une telle nécessité car elles ne sont pas rapportées à ce qui s’est précipité ce 14 janvier 2011 : la constitution, d’un sujet individuel non seulement digne, mais qui n’envisage sa dignité que dans le rapport au collectif comme chose politique. Les Tunisiens présents ont pu alors du fait même de ce précipité, prendre le risque de manifester à découvert face à des forces de l’ordre cruelles. Ce « précipité » serait la rencontre de l’inéluctable et de la décision, de la nécessité et de la responsabilité. Le propre de l’événement révolutionnaire serait d’entrelacer ces termes. « Le partage paraît impossible entre ce qui vient sur nous, ce qui nous arrive, et ce qui arrive par nous, à travers nous et dont nous devons porter la responsabilité [12]. »

Vouloir sauver une possibilité d’être au monde dans la dignité peut conduire à faire ce qu’on n’avait jamais pensé faire auparavant, conduire à affirmer « la Liberté ou la mort » là où la sécurité avait été troquée contre la liberté. Les manifestants ont conscience de ce danger qui rôde ; parfois, ils en sont même choqués, expriment leur sentiment d’être venus sans armes et en légitimité et d’avoir essuyé des balles injustifiées. En Egypte, un manifestant place Tahrir, affirme que « soit ce sera un massacre soit Moubarak s’en va. C’est un crime qu’il reste [13]. »

Cette bascule subjective suppose-t-elle cependant toujours l’émeute ? Le soulèvement précipité et courageux peut-il prendre d’autres formes ? Les révolutionnaires français en 1792 souhaitent une « nouvelle insurrection de la loi » et sont finalement acculés à prendre les armes, mais en 1789, la bascule subjective est passée par des pratiques d’assemblée extrêmement raffinées qui ont elles aussi mises en jeu des dynamiques émotives nouées à une nouvelle nécessité. La prise de la Bastille visait avant tout à protéger ce travail révolutionnaire d’assemblée en fabriquant les moyens d’une défense armée active face à la potentialité de la répression monarchique. Du côté de l’initium révolutionnaire français, la bascule subjective se joue donc d’abord à l’assemblée des États généraux.

3. courage, peur, espérance, une valse à trois temps 

Timothy Tackett a montré que ce sont pour des raisons analogues de dignité bafouée que les membres du Tiers-État sont devenus révolutionnaires [14]. Ils étaient arrivés confiants dans leur bon droit, trouvant souvent insupportable la radicalité rugueuse des députés bretons. Mais ils avaient changé de point de vue face à la morgue aristocratique de nobles qui cherchaient par tous les moyens à les humilier. Or cette humiliation qui aurait pu les annihiler avait conduit certains d’entre eux à prendre la parole et ainsi à être reconnus par d’autres qui découvraient ainsi, malgré les écarts d’origine et de culture, l’unité d’opinion du Tiers-État et la puissance que donnait cette unité. Avancer en terrain découvert était en soi un effort vertigineux qui conduisait ces députés au plus grand désarroi quand ils se retrouvaient seuls le soir à écrire dans leur chambre. Antoine Claire Thibaudeau, le futur conventionnel qui assiste alors son père à la Constituante explique : « Si les députés pris isolément étaient accessibles à la peur, réunis en assemblée, ils montraient un grand courage. Ils étaient imperturbables [15]. » Creuzé Latouche affirme encore : « C’est le processus et l’expérience des réunions qui nous ont mis à même de développer des vertus, des forces, des moyens que l’on ne nous soupçonnait pas [16]. »

La rencontre de l’inéluctable et de la décision, de la nécessité et de la responsabilité. Le propre de l’événement révolutionnaire serait d’entrelacer ces termes.

Le temps vécu est alors celui d’une oscillation permanente entre enthousiasme, abattement, espoir et peur qui sont considérés comme les deux émotions centrales de la période révolutionnaire par Georges Lefebvre. Autant dire que le sujet est malmené et qu’il n’a jamais la certitude que le sens de ses gestes, de ses choix, de ses sensations est fondé et que ses désirs pourront effectivement prendre forme. Le récit historique rétrospectif estompe, voire efface cette incertitude à la fois émotionnelle et effective, en fabriquant des gestes héroïques sans mélange, voire une révolution dite juridique sans prise de risques inouïs. Or même au moment du serment du jeu de Paume, moment d’unanimisme et de conquête de la souveraineté nationale, sacrée justement par le serment, les députés sont pris entre l’enthousiasme du groupe, ce nouage de l’identification décrite par Freud, et la peur. Albert Mathiez rapporte qu’un député bien conscient d’avoir enfreint radicalement la souveraineté du roi eut peur constamment d’être arrêté et embastillé ; ne supportant plus l’incertitude de son devenir, il se suicida pour faire cesser la violence du conflit qu’il vivait. La bascule subjective qui relève autant de la pensée claire que des émotions opaques du sujet inconscient, est ainsi un effort sur soi qui doit à la fois surgir et être maintenu pour produire cet événement révolutionnaire.

Ce ne serait donc pas l’émeute qui signerait le début d’une révolution, mais la possibilité pour ceux qui se présentent comme incarnant le tout d’une société en crise, de prendre le risque de faire jouer la légitimité contre la légalité, jeu qui conduit parfois à accepter le risque de mourir plutôt que de laisser perdurer cette situation de crise et d’injustice, de crise et d’indignité. La rue à Tunis, la place Tahrir au Caire, la salle des Menus Plaisirs puis du jeu de Paume pendant la Révolution deviennent alors dans l’émotion de la bascule subjective inouïe les lieux sacrés du politique.

C’est dans cette séquence ouverte qu’on assiste également à une efflorescence de créations civiles associatives qui fondent un nouvel espace public, autre lieu du politique à la fois moins précipité, moins fusionnel et plus chaotique. L’utopie des lignes brisées mêle l’incertitude réfléchie et cette nécessité qui a surgi dans le précipité et l’enthousiasme initial vient constamment s’écraser sur des faits décevants et décourageants, entre fusion et dislocation du corps social. Ainsi Leyla Dakhli décrit-elle la Tunisie actuelle dans une alternance de moments de réconciliation révolutionnaire et de moments de divergences où tout semble hors de contrôle. « Tout est contesté et tout est sans cesse balloté entre des phases de surengagement militant et des phases de déception forte [17]. »

S’il est possible de parler d’utopie, c’est que le précipité subjectif est décision d’accueillir et de faire venir un monde tout autre et non de se contenter de réformer un pays. Edgar Quinet affirmait ainsi que « la Révolution française avait ramené la foi en l’impossible. » Mais si le découragement rôde, c’est que l’adversité reste forte et qu’elle est incluse dans la séquence ouverte dès que le corps social défusionne, c’est-à-dire dès que les objectifs immédiats de la révolution ne sont plus communs.

4. le courage de la défiance

Pour ne pas subir de découragement, les groupes peuvent devenir grégaires, face à l’incertitude, préférer vivre l’enthousiasme des effusions collectives qui rappellent la grâce de l’initium, plutôt que de maintenir une exigence qui lui soit fidèle. C’est la configuration du débat sur la guerre l’hiver 1791-1792.

La défiance est alors un refus de se soumettre, le refus de devenir esclave du passé sentimental, du présent esthétisé. Un refus de subordonner la liberté à un quelconque pouvoir exécutif compris comme un pouvoir de chefs.

Dans le même temps, pour Robespierre, cette défiance est produite par le « sentiment intime de la liberté ». « La défiance est au sentiment intime de la liberté, ce que la jalousie est à l’amour », affirme-t-il le 11 décembre 1791 [18].

La défiance est un sentiment conservatoire de la liberté, mais c’est la liberté vécue qui serait la condition de possibilité d’une sensibilité défiante. La liberté serait ainsi la qualité qui rend sensible à ce qui peut la faire perdre et aurait besoin de la défiance pour se sauver.

La défiance à l’égard du pouvoir exécutif, ou pouvoir du chef est ainsi constitutive de la liberté et permet de refuser la jouissance de l’obéissance abandonnée, la jouissance du redevenir esclave d’un pouvoir exécutif en lieu et place de l’obéissance active et libre, qui consiste à obéir aux lois qu’on a soi-même produites comme membre du souverain. Il s’agit de refuser la jouissance de la servitude volontaire qui réapparaît avec la guerre, de promouvoir le courage de se détacher de l’expression obligatoire des sentiments, c’est-à-dire de ces sentiments qui sont conditionnés par le groupe et l’hégémonie culturelle qui le structure, ce qu’on nommerait aujourd’hui idéologie, ce que l’on nommait alors « fanatisme » ou « enthousiasme ». Face à l’idéologie, à l’obligation, au fanatisme, oui il faut de la défiance, un sentiment intime contre ces sentiments publics.

Le pas de côté nécessaire pour ne pas se laisser subjuguer est ainsi l’autre face du courage non plus révolutionnaire mais « en Révolution ». Il répète dans une certaine mesure celui du premier orateur qui s’est opposé aux règles d’Ancien régime.

Face à l’enthousiasme des foules, les seuls garde-fous sont du côté de l’individu libre, le courage et la ténacité de l’individu qui fait face au groupe dans la solitude de sa décision. Le courage n’est plus alors du côté de la foule, du groupe mais du côté de l’individu défiant.

La dictature d’institution ne cherche pas à faire penser. Elle fabrique des lois qui tétanisent et découragent, c’est vrai de notre état d’urgence, de la loi travail, de la nouvelle loi antiterroriste…

L’individu qui résiste à l’oppression des idéologies cyniques, ou oublieuses du droit ou simplement peu lucides dans l’analyse des situations, est un individu qui sait prendre le risque de se séparer, de s’isoler pour revenir éclairer la collectivité faite d’individus manipulables y compris comme le dira plus tard Alain, manipulables en jouant sur leurs meilleurs sentiments. On constate ainsi que le sujet libre peut certes prendre appui sur les droits déclarés comme nouvelle imago, mais doit surtout prendre le risque de cette solitude quand la cité est en danger du fait d’un conformisme idéologique néfaste. On retrouve, je crois, la tension monastique du Moyen Âge entre érémitisme et cénobitisme. L’ermite est seul, il doit assumer cette solitude pour pouvoir revenir éclairer la communauté. Les moines de monastères sont en confréries pour fabriquer ensemble des moyens de ne pas succomber au mal car les individus sont faillibles. Le monastère fabrique des garde-fous qui sont des entraves à une certaine conception de la liberté. L’objectif d’une Révolution réussie, mais toujours inachevée, serait de conduire chacun à cette capacité propre à l’idéal des Lumières de penser par lui-même le principe de justice et à ce titre de supporter le statut d’ermite. Idéalement on comprend que la confrérie deviendrait une confrérie d’ermites. Chacun est seul, mais œuvre pour le bien commun dans la confiance réciproque. L’objectif révolutionnaire serait de ne plus avoir besoin de la défiance. C’est une telle situation qui peut produire un nom collectif, c’est-à-dire un nom qui nomme un groupe, la société populaire de Bourg la liberté, le syndicat des charpentiers, le conseil d’urgence citoyenne, mais aussi si tout un peuple est à la hauteur d’une situation historique : le nom français.

Mais pour l’individu qui se sépare en disant qu’il n’est pas d’accord et souhaite alerter sur le danger couru, comment passer de la distance à la présence convaincante, de la solitude du moi sensible au « nous » politique ?

Pour réussir à plusieurs reprises ce va-et-vient, Robespierre est qualifié par ses adversaires, puis par l’historiographie, de « dictateur d’opinion ». Or que fait-il dans ces cas ? Il expose son individualité, son « je ». L’entreprise de persuasion suppose cette mise en exposition du moi, une prise de risque dans le regard de certains, une manipulation liée à son charisme pour d’autres.

Le charisme de celui qui a déjà assumé depuis 1789 des moments de dénonciation solitaire qui le laissaient alors isolé, n’est pas négligeable, mais explique-t-il à lui seul la portée de ces actes de langage ? On peut tout aussi bien considérer que ce charisme en est plutôt la conséquence. Celui qui s’est exposé et qui a survécu [19] est devenu dans le langage de Canetti un survivant. C’est le survivant qui chaque fois ayant traversé le styx gagnerait en charisme et en puissance. Mais il peut aussi perdre la partie comme Robespierre le 9 thermidor. La prise de position non conforme est toujours dangereuse, elle est mortelle quand elle accuse. Le 9 thermidor, Robespierre ne réussit pas à prendre la parole, il ne peut plus revenir vers le « nous » et il en meurt. Ce 9 thermidor montre que le « je » déclaratif même arrimé à du charisme, n’est pas une dictature d’opinion, mais bien une prise de risque renouvelée, que la dictature n’est pas d’opinion mais d’institution.

La dictature d’institution ne cherche pas à faire penser, elle embrigade dans une gouvernementalité étouffante. Elle fabrique des lois qui tétanisent et découragent, c’est vrai de notre état d’urgence, de la loi travail, de la nouvelle loi antiterroriste... C’était vrai des institutions de la Ve république, coup d’état permanent dénoncé comme tel en 1958, auxquelles nous nous sommes habitués depuis.

Pour faire face à cette dictature d’institution, ne nous faudra-t-il pas quelque courage révolutionnaire ?

Notes

[1Sur cette notion de « précipité », Jacques Derrida, « Penser ce qui vient », in René Major (dir.), Derrida pour les temps à venir, Stock, L’autre pensée, 2007, pp.17-44.

[2Fethi Benslama, Soudain la Révolution, Denoël, 2011.

[4Ibid.

[5Ibid.

[6J. Derrida, op. cit.

[7Joseph Confavreux, op. cit.

[8Nous reprenons ici d’une manière succincte son argument développé dans Soudain la Révolution, Denoël, 2011.

[9Freud explique ce qui fait coalescence dans une foule, une masse, une collectivité soudé : le sentiment amoureux qui s’exprime verticalement à l’égard d’idées, de personnes, ou d’objets fantasmés et horizontalement entre les membres du groupe. Sigmund Freud, Psychologie des foules et analyse du moi, 1921, réédité en français en 1981 sous la direction d’André Bourguignon, Petite Bibliothèque Payot.

[10Joseph Confavreux, op. cit.

[11Libération, 15 janvier 2011.

[12Jacques Derrida, op. cit., p. 26.

[13Joseph Confavreux, op. cit.

[14Timothy Tackett, Par la volonté du peuple. Comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires, Albin Michel, 1997.

[15Ibid.

[16Ibid.

[17Leyla Dakhli, « Une révolution trahie ? Sur le soulèvement tunisien et la transition démocratique », La Vie des idées, février 2013.

[18Robespierre, Journal des débats des amis de la Constitution, numéro 113, p. 4.

[19Elias Canetti, Masse et puissance, 1966.