manger local leurres et promesses

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Investir l’espace géographique local serait une solution pour permettre une transition réelle vers des systèmes alimentaires plus écologiques et plus justes. Parce qu’il y a là une évidence partagée au-delà de clivages partisans, il convient d’y regarder de plus près afin de mieux voir les revers d’une telle focalisation sur cette échelle d’action. À cette condition seulement, il sera possible d’échapper à la réduction des problèmes écologiques et économiques aux seuls problèmes scalaires, et par là‑même de ne pas faire du local une fin mais un moyen pour d’autres fins.

Manger local est un mot d’ordre écolo visant à réduire l’impact du système agricole et alimentaire sur les communautés biotiques et abiotiques, une pratique alter faite pour court-circuiter les modes de production capitalistes mondialisés, l’invention d’un espace d’expérimentation où se dessinent d’autres manières de cultiver, d’échanger, de se nourrir. Le resserrement autour de cette échelle permettrait de retisser les liens entre agriculteurs-producteurs et citoyens-consommateurs, de soutenir l’économie locale en favorisant les échanges entre habitants d’un même territoire, de réduire les émissions de gaz à effets de serre liées au transport alimentaire, de s’autonomiser vis-à-vis de l’agro-business et de l’agro-industrie. L’échelle locale, qui désigne stricto sensu un espace restreint par rapport à un ensemble plus vaste, est ainsi associée à un certain nombre de vertus inhérentes. Dans les discours médiatiques, et souvent même dans la recherche, un lien direct est établi entre relocalisation des systèmes alimentaires et santé écologique, justice sociale, vitalité économique, densité des interactions, présupposant que le local est une échelle intrinsèquement progressiste, voire alternative. Peut-elle être vertueuse ? Une échelle peut-elle avoir des caractéristiques ontologiques telles que manger local permettrait nécessairement de manger plus écologique ou plus juste ?

Le cas échéant, il suffirait alors de re-localiser les systèmes alimentaires pour les transformer et les réinventer. Certes, les expériences des villes en transition en Angleterre, des mouvements de justice alimentaire aux États-Unis, du courant slow food en Italie ou des AMAP (associations de maintien de l’agriculture paysanne) en France indiquent que la relocalisation des systèmes alimentaires est apparentée aux alternatives. Pourtant, lors de la campagne présidentielle de 2017, tous les candidats, y compris à l’extrême droite, ont pris position en faveur des circuits courts, s’engageant à soutenir leur essor. Quand François Asselineau et Jean Lassalle promouvaient le rapprochement entre producteurs et consommateurs, Nicolas Dupont-Aignant faisait valoir la baisse des prix pour les consommateurs et l’augmentation des marges pour les producteurs, alors que Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon tenaient surtout à développer les circuits courts et le bio dans les cantines. La revalorisation des petites structures paysannes et de leur ancrage dans le terroir, le refus de la standardisation des aliments liée à la mondialisation, l’incitation à développer de nouveaux circuits d’échange entre consommateurs, agriculteurs et entrepreneurs, traversent bien des clivages politiques et dessinent parfois une autre version d’un manger local qui n’est pas forcément radical.

Il ne s’agit pas de détruire les espoirs portés par la relocalisation des systèmes alimentaires, ni de nier les possibles alternatifs qu’elle propose, mais d’aspirer à l’examen d’un local moins glorifié que réflexif, moins réifié que situé, et d’explorer les ambiguïtés d’une échelle dite vertueuse.

Une ferme urbaine à Detroit (États-Unis).

le local vertueux

Dans les mouvements alternatifs aux États-Unis, comme celui de la justice alimentaire, jardins collectifs et fermes urbaines sont créées pour fournir localement des fruits et des légumes aux habitants des déserts alimentaires, ces quartiers défavorisés où les résidents Noirs ou Latinos ont du mal à se procurer des produits frais. À Detroit par exemple, où les supermarchés ont déserté la ville, les produits issus de l’agriculture urbaine locale estampillés Grown in Detroit se font une place entre les épiceries de nuit et les fast-foods [1]. Dans ce contexte, la relocalisation des systèmes alimentaires participe à la réappropriation de territoires relégués, à l’augmentation de l’autonomie alimentaire, à la création d’espaces de solidarité et de défense des minorités. En Europe, dans ce que la sociologue Geneviève Pruvost appelle les « alternatives écologiques au quotidien » [2], la défense de l’ancrage local et des circuits courts de distribution aux côtés de l’alimentation biologique, de l’habitat écoconstruit et des pratiques d’éducation et de médecine alternatives , apparaît comme centrale dans la conversion aux modes de vie écologiques radicaux, comme dans les expériences utopiques de Can Masdeu, dans la banlieue de Barcelone, ou de Cravirola, dans la Montagne noire [3].

Ainsi, les mouvements alimentaires alternatifs privilégient l’échelle locale à la fois comme espace d’action pour répondre aux problèmes posés par les systèmes alimentaires conventionnels et comme lieu d’expérimentation pour inventer de nouvelles manières de manger, de consommer, de produire, d’échanger et même de vivre. La relocalisation du mode de production alimentaire s’oppose avant tout aux dégradations écologiques provoquées par le système alimentaire conventionnel, dépendant du pétrole, de la pétrochimie (pesticides, herbicides et engrais) et des infrastructures de transports. Si manger local ne garantit pas le mode d’agriculture favorisé par ces mouvements alternatifs durable, biologique, agro-écologique etc., cela permet quand même de réduire les kilomètres alimentaires (food miles), la distance parcourue du champ à l’assiette. Et ainsi les quantités de carburant, la production du gaz à effet de serre, donc le dérèglement climatique. En Europe notamment, le local est aussi investi d’espoirs liés à la réduction de la consommation de masse d’aliments « déracinés » (placeless), c’est-à-dire a-locaux, déterritorialisés, mondialisés, comme le concentré de tomates [4]. Car manger local favorise l’ancrage dans un territoire et ses relations ; les interactions en face-à-face, les liens de proximité et de confiance entre producteurs et consommateurs. En même temps, cela contribue à renforcer les communautés locales et leur capacité à assurer leur sécurité alimentaire. Par la bande, les échanges économiques locaux sont vivifiés et l’autonomie alimentaire du territoire s’accroît.

local subversif

L’apologie du local n’est ici que l’envers de la critique du global, échelle par excellence de la capitalisation de l’agriculture et de la production alimentaire. Depuis les soixante dernières années, la mécanisation du travail, la chimisation des cultures, l’entrepreuneurialisation de la production agricole, la marchandisation des semences, la transformation accrue des produits, la généralisation du transport mondialisé, l’essor des grandes chaînes de distribution et la financiarisation des marchés alimentaires, ont accru les injustices, le saccage de l’environnement, l’insécurité alimentaire et les structures oligarchiques. Or, la principale stratégie scalaire des entreprises qui ont mené la capitalisation des systèmes agri-alimentaires a été celle de la mondialisation. Et parce que la capitalisation est si étroitement associée à la mondialisation, beaucoup ont assimilé système alimentaire global et système alimentaire capitaliste, i.e. industrialisé, standardisé, déraciné.

Il s’agit de comprendre comment faire du localisme alimentaire alternatif un mouvement social efficace de résistance plutôt qu’un moyen pour les élites locales de créer des territoires et des systèmes à leur bénéfice.

Ce qui découle logiquement de cette interprétation, c’est que la résistance au système alimentaire capitaliste dans les réseaux alternatifs doit être nécessairement locale. Le global devient la logique universelle du capitalisme et le local le point de résistance à cette logique, le lieu où on s’ancre et s’enracine (embeddedness) [5]. Le mouvement slow food cherche ainsi à renouveler un héritage de systèmes alimentaires localisés et non capitalisés, démantelés par la capitalisation : retour aux recettes traditionnelles, aux aliments et vins locaux, à la commensalité joyeuse et sociale. Le local deviendrait le contexte qui rend possible mais aussi favorise un certain type d’actions par sa capacité à susciter des chaînes de valeur et de comportements éthiques. Dans ce localisme normatif, le local est aussi bien l’espace des éthiques du soin, du care, de l’attention, que le royaume de la résistance aux forces capitalistes anomiques. Si les approches poststructurales, comme celles d’Arturo Escobar [6] ou de Naomi Klein, ont défendu l’idée que les mouvements sociaux locaux sont essentiels pour résister à l’hégémonie du capitalisme mondial, cette posture a essentialisé les échelles en considérant le global comme hégémonique et oppressif et le local comme radical et subversif.

le leurre du local

Le problème de cette ontologie normative est qu’elle tend à présenter l’échelle locale comme un donné plutôt que comme une catégorie construite et située, intégrée et modelée par des processus sociaux. La représentation du local et de ses attributs privilégie certaines catégories analytiques et trajectoires théoriques dont l’effet est de réifier le local. C’est ce que les chercheurs Branden Born et Mark Purcell [7] appellent le « leurre du local » (local trap), l’attribution de puissances inhérentes à cette échelle locale, de l’ordre de la durabilité écologique, de la justice sociale, de la démocratie, de l’autonomie, de la sécurité alimentaire, qui a pour revers de masquer les conflictualités, les politiques locales, les inégalités structurelles. Le local est considéré comme une catégorie épurée, un contexte propice à l’émergence de normes sociales alternatives. Se leurrer sur le local, c’est confondre le choix de l’échelle d’un système alimentaire avec les résultats souhaités, c’est considérer le local comme une fin en soi plutôt que comme moyen pour d’autres fins. Ainsi, il s’agit de rester prudent à propos de l’élaboration d’un dessein alimentaire émancipateur qui reposerait principalement sur le localisme stricto sensu. Considérer le local comme une échelle d’action et de solutions, c’est risquer de réduire les nouvelles questions alimentaires autour de l’écologie et la justice à un problème spatial et scalaire, à des problèmes qui pourraient être simplement résolus en organisant des circuits courts, en plantant un potager, en installant une épicerie dans un désert alimentaire.

Or, le localisme n’est pas en soi socialement plus juste. Comme l’a montré le géographe David Harvey [8], le localisme peut reposer sur les intérêts d’une élite restreinte, voire autoritaire. La relocalisation peut simplement bénéficier aux élites, à l’exclusion des autres acteurs : la présence de restaurants aux produits ultra-locaux, de points de distribution de paniers AMAP ne suffit pas à transformer les pratiques de consommation ni à se départir des différenciation en termes de capitaux et de cultures alimentaires qui président aux comportements alimentaires. Même dans les mouvements alimentaires alternatifs, la relocalisation n’est pas nécessairement associée à un militantisme qui intègre la justice sociale ni ne conteste les logiques de marché. Aux États-Unis par exemple, les membres du mouvement alimentaire alternatif qui revendiquent le manger local sont en majorité des citoyens blancs de classe moyenne supérieure, plus ou moins préoccupés par la justice sociale, participant à un mouvement socialement homogène, parfois exclusif [9]. De fait, le localisme peut générer des formes de particularisme susceptibles d’impliquer l’inclusion et l’exclusion de personnes, de lieux et de modes de vie particuliers. Longtemps le pendant de l’universalisme et de l’internationalisme, un localisme défensif peut déboucher sur des politiques réactionnaires [10]. La relocalisation de l’alimentation couvre ainsi de nombreuses formes d’agriculture et d’échange, associées à un large éventail de politiques, comme le suggère le soutien de tous les candidats à l’élection présidentielle de 2017 aux circuits courts, par-delà la couleur politique.

Surtout, le local détourne l’attention des structures macroéconomiques qui régissent les modes de production et l’accès aux denrées alimentaires, des processus historiques d’oppression qui contraignent l’accès alimentaire dans des quartiers ou pour des populations en particulier. La conviction que les aliments frais et locaux sont l’alternative au système alimentaire industriel et à ses maux écologiques est problématique en ce qu’elle a tendance à reléguer les inégalités structurelles. Les ouvriers agricoles californiens qui désherbent, cueillent, récoltent et conditionnent en étant exposés aux pesticides parviennent parfois à peine à se nourrir, s’approvisionnant fréquemment auprès des banques alimentaires. L’appropriation par les élites de certaines nourritures locales ou biologiques participe à l’augmentation des prix de ces denrées et à les mettre hors de portée des consommateurs ayant moins de ressources ou d’accès. Souvent, la construction d’alternatives prend le pas sur l’identification des structures sous-jacentes qui régissent le système alimentaire. Le rôle de la grande distribution, et notamment du départ systématique des supermarchés des ghettos états-uniens dans les années 1970, est rarement mentionné par les partisans mainstream du manger local. Les mouvements plus radicaux, comme ceux de la justice alimentaire, critiquent d’ailleurs la dépolitisation des projets de relocalisation.

Par ailleurs, la relocalisation n’est pas nécessairement incompatible avec la mondialisation et reste ouverte au déploiement d’une logique néolibérale qu’on peut qualifier de « glocale » [11], dans laquelle l’ancrage local sert d’assise territoriale et économique pour la compétitivité globale. Le local est le lieu où se fixe les flux de capitaux : là où il se matérialise, où il peut générer de la valeur, via la production ou l’urbanisation. C’est un site de nouvelles opportunités pour générer de la valeur ajoutée ou des rentes économique, sans toutefois que certains mouvements citoyens n’accordent une attention particulière à son appropriation, comme dans le cas de l’éco-gentrification [12]. Le désir de cultiver et de produire localement dans les quartiers urbains a fait fleurir jardins collectifs et petites fermes urbaines, mais a aussi participé à la hausse des loyers et forcé les résidents locaux à quitter leur quartier, poussés dehors par des nouveaux arrivants plus aisés à la recherche de ce type d’aménités.

localisme réflexif, localisme situé

On oublie souvent que l’échelle est socialement produite : les échelles, et leurs interrelations, ne sont pas des entités indépendantes aux qualités immanentes mais des stratégies poursuivies par les acteurs sociaux avec un programme particulier. Comme l’écrit le géographe Erik Swyngedouw, « en tant que construction géographique, les échelles deviennent les arènes où se jouent et s’accomplissent les chorégraphies socio-spatiales du pouvoir » [13]. Le but recherché dépend non pas de l’échelle elle-même, mais des desseins de ceux qui détiennent le pouvoir et de leurs manières de s’approprier les stratégies scalaires. Un localisme non réflexif de ce point de vue nie la complexité des relations de pouvoir, avec des conséquences négatives en matière de justice sociale.

Sans dé-légitimer le localisme alternatif, une réflexion sur les échelles permet de mieux comprendre les limites d’une apologie du local. Elle rend visible les effets délétères des mouvements de réforme des systèmes alimentaires qui cherchent à prédéterminer les normes des pratiques alimentaire alternatives manger local au lieu de manger du fast-food global plutôt que d’engendrer les processus politiques de décisions locales plus démocratiques sur le système alimentaire. Plutôt que de proclamer le « particularisme radical » du localisme, il est peut-être plus productif de remettre en question un localisme non réflexif et de forger des alliances locales attentives à l’égalité et à la justice sociale, de manière plurielle, ouverte et contestataire. La conversation devrait porter sur un « localisme réflexif » [14], un localisme politiquement situé en termes de lieu, de genre, de classe et de race et en termes de relations entre humains, et entre humains et non-humains. Il s’agit de comprendre comment faire du localisme alimentaire alternatif un mouvement social efficace de résistance à certaines formes de globalisation, de sortie du capitalisme, de justice sociale et de transition écologique, plutôt qu’un moyen pour les élites locales de créer des territoires et des systèmes à leur bénéfice, laissant de côté la question des « gagnants » et des « perdants » de ces luttes.

forger des alliances

Depuis le début des années 2000, des paysans et militants environnementaux en Argentine et au Paraguay ont utilisé l’amarante Kiwicha comme un agent de résistance face à la firme globale Monsanto. Cette variété locale et sauvage d’amarante s’est avérée être non seulement résistante au pesticide Roundup, mais aussi comestible, fournissant la base d’une alimentation locale. En jetant des bombes à graines de Kiwicha, les habitants utilisent l’amarante pour détruire les plantations de soja génétiquement modifié qui envahissent les campagnes sud-américaines, et pour développer une économie alimentaire alternative. C’est un des exemples de ce que Katarzyna Beilin [15] appelle les « alliances interspécifiques entre humains et non-humains » : mettre les relations au vivant, en l’occurrence ici aux plantes comestibles, au service d’usages bénéfiques et partagés du territoire local contre les usages prédateurs et destructeurs de firmes telles que Monsanto. Ainsi, les répertoires d’actions opérées témoignent d’une stratégie de résistance et d’un sens des alliances qui vont bien au-delà des limites du local. Puisse ce récit participer à la réinvention d’un — manger — local, non pas comme un mot d’ordre moralisateur, mais comme le partage de fait d’un territoire commun où les alliances entre collectifs humains et non humains font bonne chère politique.

Post-scriptum

Flaminia Paddeu est maître de conférences en géographie à l’université Paris 13. Elle travaille sur les mobilisations citoyennes environnementales en France et aux États-Unis.

Notes

[1Flaminia Paddeu, De la crise urbaine à la réappropriation du territoire. Mobilisations civiques pour la justice environnementale et alimentaire dans les quartiers défavorisés de Detroit et du Bronx à New York, thèse de doctorat de géographie, décembre 2015, https://tel.archives-ouvertes.fr/te....

[3Voir les expériences relatées par Isabelle Fremeaux et John Jordan dans Les Sentiers de l’utopie, La Découverte, 2012.

[4Jean-Baptiste Malet, L’Empire de l’or rouge. Enquête mondiale sur la tomate d’industrie, Fayard, 2017.

[5Melanie Dupuis et David Goodman, « Should we go “home” to eat ? : toward a reflexive politics of localism », Journal of Rural Studies, 21(3), 2005.

[6Arturo Escobar, A Encountering development : The making and unmaking of the third world, Princeton University Press ; 2001. « Culture sits in places : Reflections on globalism and subaltern strategies of localization », Political Geography 20 : 139—74.

[7Branden Born et Mark Purcell, « Avoiding the Local Trap : Scale and Food Systems in Planning Research », Journal of Planning Education and Research, 2006, http://jpe.sagepub.com/cgi/content/....

[8David Harvey, Spaces of Hope, University of California Press, Berkeley, 2001.

[9Voir l’entretien avec Julie Guthman, « Militantisme et alimentation alternative aux États-Unis », par Thomas Grillot & Nicolas Larchet , le 2 mars 2015, traduit par Arianne Dorval.

[10David Harvey, Justice, Nature and the Geography of Différence, Blackwell, Oxford, 1996.

[11Erik Swyngedouw, « Neither global nor local : “Glocalization” and the politics of scale », Spaces of Globalization, Guilford Press, New York, 1997.

[12Sarah Dooling, « Ecological gentrification : a research agenda exploring justice in the city », International Journal of Urban and Regional Research, 33(3) : 621—639, 2009.

[13Erik Swyngedouw, op. cit., p. 4.

[14Melanie Dupuis et David Goodman, op. cit.