Harmonies Jaguar
par Anne Waldman
lâcheuse endurciedit c’est à cause des instruments usésJ’ai dit, dit, disantJe vous quitte ai-je ditquiétudeune nouvelle tour quitte d’elle-même, aucune piècedéserte la couleur dont est faite la colèreNon Non leur ai-je dit (échos des voix)c’est un visage neutrePersonne de cosmétiques partentPersonne de responsabilité partentcomment être appelée& à qui répondre ?Ne cesse jamais de répondre
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qui estde luth, divinesracines sens sensiblesdiverses coutumesfemmes, de diverses fourrures d’animaux et de griffesorgie de peau, interdictionspuis pleure ton doute lisible entrevuPersonne tissée de doutealarme limpideDr. Lazare est au mieuxquand toutes les personnes les mieux intentionnées se calment à la nuit tombéese couchent et dormentce sera le siècle plus jamais le tienprends-moi au mot, Personne tissée de motsphoton ! écoute, photon !soubresaut de voyage en espace-tempscomme tu es élémentairedissimulant ta sous-structureil appartiendra aux gardiens du futur sur lequel nous imprimons notre marquemaintenant ? lève-toi ?va, maintenant ?à l’endroit où les fermions où les quarks où les leptons où les bosonset les bisons ont disparu
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plus que jamais les riches haïssent le publicmême si la Richesse parle d’une voix douce et veloutéearrête-ton étrangeté, richesse, ton nom est Diable !dissipe l’argent& les vantardises ont une limiteles écussons un nom d’empruntcar les richesses sont des nutrimentsDr. Lazarus relève-moiComme je deviensVieille fille, à manquerdu courage d’aimer la mort !vieux Pullman bruyant brillant insistesur la Liqueur le cœurs’en prend ànon, abandonnepersonne tissée de langage floralinsensible soudainement& poids de la joue, lèvre de mandibulepremier discours, sommeil hirsute mais à l’intérieur un pistil une étaminequelqu’un sauva sa madre le consulviolence envers luij’ai vacillé j’ai bégayéconseilsalutdit dit un crimedit une hallucinationUn pissenlit s’adressa à moic’est certaindu mystère ses grimacesChe che che chevaleriechèvre de lassitudecashhumm déliriumHypérion fantômedans l’herbarium.
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Personne tissée de riretissu se coud sans-coutures et avectrope tropical dans ton esprit diamantique, fille de la voixtesselles ton royaume de transmigration incrémentiellede plusieurs inventions es-tu faite ?couturecoutureun plafondun bon enfantmais je ne peux pas payer plus, pardonde bons enfants, aliment pour les bons enfantsde plus je ne peux peux pas payer payer plus plus plusc’est un encadrement un un plafond au dessus l’univers célesteet je ne peux pas pas payer payer payer plusc’est une cruautéc’est une véritable cruauté cruellecomme si tu n’étais pas testée tout d’abordet de plus d’un châssis d’un plafondsur l’autre rive fais une grimacefais fondre un rébusenf ta cru cru une réal té apparence de rébusc’est une cure contre la cruauté& en pauvre pauvreté& en pauvre, pauvre pauvretéet ce que tu as fait et n’as pas faitpersonne tissée d’actes faisant et défaisant la cruauté
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Post-scriptum
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Vincent Broqua.
Ces poèmes sont extraits de Harmonies Jaguar, Bruxelles, Maelström, à paraître.
Poète, artiste, performeuse, depuis les années 1960, Anne Waldman perturbe la poésie et la politique nord-américaines. Avec Allen Ginsberg, notamment, elle a fondé la Jack Kerouac School of Disembodied Poetics, un programme d’études alternatif qu’elle dirige toujours. Ses derniers livres (en français : Archives, pour un monde menacé, éd. Joca Seria, 2014) mettent en rapport la notion d’archive, les dérèglements du monde, et des rituels poétiques.