Vacarme 86 / Cahier

une mesure pour rien

par

Abandonné sur
Le rebord d’un jour si vif
Figure rouge
Sans toujours
Mains dans les poches
Ni les yeux ni
Ni la langue ni
Figure noire
Pleine lumière
Promesse en l’air
Pour les alouettes
Ne laisser là
Que les échardes
Et cailloux
Déjà vu lame tendre ?
Mais voilà
Figure jeune figure blanche figure grise
Cernes turquoise
Où placer un rose passé ?
Où sont-ils ?
Flasques amoindris affalés graves et suintants
Je reprends mes petits papiers
Et puis
Une touche de
Oh et puis !
Quand je perds le fil les grisettes se marrent
Je préfère le décousu
Pendant ce temps
Les insectes rongent les pieds des chaises
Attendez-moi
Tu te crois où
Tour d’ivoire case aquarellée caisson insonorisé
Façon il y a
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Petits trucs là
Lancer juste lancer
Sans viser sans trembler
Voleur de mots de peu
Hauteur du troisième étage
Un clin d’œil
Pluie continue
Sucre farine café
Poivre épices allumettes
Poésie essais romans
Pour un os de poulet
Do it yourself
Roue libre
Bouche pleine de pointes
Rosiers redevenus ronces
Faut-il encore une parenthèse ?
Tour de piste
Mes étoiles néons reflets baisers horions
  [dans l’infini mou
Attention à la marche !
Libellules éphémères
Dans le marbre
Les ongles peints
Dans l’eau des ronds
Cernes turquoise
Formes mobiles
Façon il y a
Et au cœur
Sans viser
Sans trembler
Le paradoxe du menteur
Le lièvre et la tortue
L’aller et le retour
Vides et pleins
Dans le marbre
Pas dans le marbre
Ne croyez pas ce que je lis
Ne suis là pour
Améliorer votre confort
Combinatoire
Cartes postales
Toiles à la loupe
Motifs
Dans les tiroirs
Vides et pleins
Papillons
Éclairs
Des petits points
Des petits trous
Vides lestés
Pleins sans fond
Pompes inversées
Conducteurs désinvoltes
Tresses défaites
Souffles esprits délavés
Et le plastique
Et les frimas
Et terre sèche
Et le goudron
Et le papier
Et la chèvre et le chou
Et la tripe et le gnon
Arrière toute !
Gribouillis
Un café serré
Un grain de poivre
Fredonne
Folksong
Électrique
Bouche pleine de pointes
Hauteur du 35e étage
En équilibre
Échelles au garde-meuble
Fantômes sur le trottoir
Stratocumulus
Cumulonimbus
Cirrus
Noctiluques
De la cave au grenier
Une page cornée
Enveloppe froissée
Grandes chaleurs
Variété ancienne
Retour à la normale
Nuages moutonnants
Roulement à billes
Point-arrière
Arpèges évasifs
Roulades
Script-girl
Dentellière
Punkette
On en est où ?
Derrière la cloison
Escabeau de meunier
Grain une note un souffle
Enfin roulades pages cornées
Rue pierre usée
Fenêtre voilée
Rideaux piqués d’étoiles
Éponges sèches
Grenouilles de caoutchouc
Gobelets
États d’âme
Bossu
T’es mort
Dehors !
Câbles
Défense de mouiller dans la passe
Griffon plus grand encore
Planches enluminées
Beautés et merveilles
Anneaux de Saturne
Instruments de passage
Pieds de long
Petite galerie morale
Abonnés absents
N’avez peut-être rien perdu
Attaches parisiennes
Agrafes rouillées
Les pieds qu’il a bleuâtres
Vus et revus
Lève une armée
Guide des traces
Théâtre des antiquités
Où sont mes lunettes ?
Vent contraire
Échappe seul à ce massacre
Contes saillies immondices
Coffre de ces riens précieux
Tableaux comiques
Zones industrielles
Petit chien sage
L’histoire générale des voyages de tous
Ressorts
Baromètre
Valse enlevée
Queues de comète
Une mesure pour
(…)

Post-scriptum

Daniel Pozner est né en 1971. Après s’être consacré à la biologie évolutive et à l’ornithologie, il abandonne la recherche scientifique pour l’écriture. Peut-être l’autre bout d’une même lorgnette. Parmi ses publications récentes : Trois mots (Le Bleu du ciel, 2013), À lurelure (Propos/2 éditions, 2017), L’œil était dans la pomme (Gros Textes, 2018).