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École de la défiance / 1

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Dans un lycée de banlieue parisienne (ni trop proche, ni trop lointaine du « centre », pas favorisée du tout, sans être trop ghetto, mais bel et bien confrontée à tous les problèmes sociaux que la banlieue connaît), une quarantaine d’enseignants (de disciplines, d’âges, d’opinions et de parcours différents), un nombre conséquent par rapport à la taille de l’établissement, a décidé de suivre le mouvement initié par de nombreux syndicats contre les réformes portées par le Ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer et en particulier celle du lycée, la refonte des programmes, de l’organisation des enseignements, et du Bac. Ce mouvement est inédit depuis 2003 (16 ans donc - considérons que les élèves qui ont passé leur bac en 2003 peuvent être des enseignants qui font grève aujourd’hui et que, depuis leur entrée dans le métier, ce type de mobilisation est inédit) : il s’agit de faire grève le jour du début des épreuves du Baccalauréat, de perturber la tenue de l’épreuve de philosophie, quitte à voir ensuite ce qu’il en est (certains établissement mobilisés appellent à reconduire la grève). Il est rare, très rare, que des professeurs aillent jusqu’à ce qu’ils considèrent eux-mêmes comme une extrémité (ou un crève-cœur) : ne pas surveiller leurs élèves durant l’examen auquel ils les ont toute l’année préparés, un examen qu’ils les ont aidés, cours après cours, jour après jour, copie après copie, et après tant d’autres attentions collectives et personnelles à réussir (ils l’espèrent en tout cas). Il y a quelque chose qui interroge dans cette mobilisation. Non pas dans la radicalité supposée que le ministre, certains « médias » ou les membres du gouvernement et de la majorité parlementaire vont faire peser sur les enseignants grévistes… Ces professeurs « toujours en vacances », « peu soucieux du suivi et de la réussite de leurs élèves », « manquant de professionnalisme », « fainéants » et « preneurs d’otages » des usagers d’un service public (l’éducation) et de son totem (le Bac) – bien mal en point par ailleurs. Non, c’est plutôt dans la radicalité de la réforme qui leur est imposée ( à eux mais aussi à leurs élèves) que ce mouvement doit être questionné. Depuis plus d’une semaine, dans ce lycée, les professeurs échangent, s’interrogent et s’interpellent. En bref, témoignent. Voici des extraits de leurs conversations numériques qui permettent de saisir leurs doutes, leurs exaspérations, leur dépit, mais surtout les difficultés qui pèsent sur eux, et les enjeux assez inquiétants de la réforme qu’ils subissent, et que subiront leurs élèves…. Un échange qui nourrira la réflexion sur cette « école de la confiance » qui leur interdit de dévoiler leurs noms, ni même le nom de leur établissement, car en 2019 il n’est plus permis dans l’Éducation nationale de critiquer « l’institution » sans risquer un blâme.

Premiers appels  :

Lundi, nous serons un certain nombre à faire grève, à nous opposer au mépris dont nous sommes la cible depuis des mois, à la dégradation de nos conditions de travail, à l’injustice et aux inégalités que va supposer cette nouvelle réforme. Il ne s’agit pas de mettre les élèves dans l’embarras ni simplement de boire un café en terrasse pendant que d’autres assurent nos surveillances. Ce système éducatif qui nous a permis et donné envie d’être enseignant(e)s disparaît, et l’éthique professionnelle nous pousse à agir dans l’intérêt de tou(te)s. Le dialogue ne fonctionne pas et le mérite, l’investissement n’ont plus leur place dans ce qui se dessine. Cela fait 3 ans que je suis prof et que j’entends tout le monde me dire qu’il est inutile de se battre et qu’il faut penser aux élèves... N’y-a-t-il pas une contradiction ? Dois-je me résoudre à compenser sans cesse les manques du système ? Pourrai-je continuer de le faire à long terme ? La reconnaissance des élèves suffira-t-elle encore à panser le gouffre qui se crée avec une administration toujours plus autoritaire ? 

Peut-être que vous vous interrogez, comme moi. Peut-être que ce n’est pas le cas et que tout cela vous semble lointain et exagéré... Si c’est le cas, n’hésitez pas à venir m’en faire part, je pourrai envisager de changer de discipline si l’herbe est plus verte ailleurs. Mais surtout, ne considérez pas la grève de lundi comme une simple grève. C’est notre dernière chance et si cela échoue, il faudra faire tête basse pendant quelques années en attendant la prochaine réforme (si nous sommes encore là) avec cette crainte constante de perdre un dédoublement ou des heures et cette angoisse (du moins pour certain(e)s) de les prendre à une autre discipline. Nous aurons au moins la satisfaction d’avoir essayé.

Une professeure d’Espagnol

Premiers mouvements et mises en perspectives :

Pour ma part, il s’agit de la seconde réforme de l’Éducation nationale que je subis de l’intérieur. Les décisions prises ne m’étonnent absolument pas, puisqu’elles ne sont que la continuation des décisions prises pour le collège, il y a quelques années. J’étais contre la réforme du collège, non par principe, mais parce que malgré quelques bonnes idées, elle n’allait pas dans le bon sens pour moi. Et pourtant, il a fallu appliquer le double système d’évaluation pour les 3e (compétences et notation chiffrée), ce qui est une contradiction pédagogique, et ce qui biaise les résultats quels qu’en soient le sens. Il a fallu construire des EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires) en ne connaissant que partiellement les programmes scolaires, avec des collègues changeant tous les ans, plus ou moins motivés et avec plus ou moins d’affinités. Tout en les intégrant à notre progression, tout en gardant leur côté disciplinaire, mais en même temps, suffisamment interdisciplinaires pour fonctionner. Donc là encore, contradictions pédagogiques et iniquités entre établissements. Tout dépend de l’équipe et de sa propre conception de l’interdisciplinarité, de la transdisciplinarité, de la co-animation. Il a fallu, en fin de première année de réforme, créer en deux mois, une grille d’évaluation locale des oraux (pour le Diplôme national du Brevet). Et malgré nos protestations, contestations, interrogations … constater que de toute façon par cette simple épreuve orale, à l’échelle de l’établissement, le DNB n’avait plus grand-chose de national. Déjà, les grilles d’évaluations des écrits varient donc d’une académie à l’autre. Il a aussi fallu fermer des postes de lettres classiques, et de LV3 (Langue vivante 3), car les DHG (Dotations horaires globales – le nombre d’heures reçues par un établissement pour organiser son fonctionnement) ne prévoyait tout simplement pas les heures nécessaires, puisque de toute façon cela devenait encore plus optionnel qu’avant la réforme. Et à terme, ce fut la fin de l’agrégation de lettres classiques.

C’est sûrement tout cela qui fait dire à certains, que la lutte est vaine. Pourtant, il existe aussi des moyens de lutter en interne : l’excès de zèle est une bonne alternative (mettre 20/20 à tous les élèves pointer tous les dysfonctionnements pour les annuler ensuite…), en tout cas, il évite de vivre soi-même la contradiction du système, mais bien de la reporter sur le système lui-même.

D’un côté, la réforme de l’école de la confiance ne fait que confirmer des tendances. Fin des épreuves nationales, donc du mot « national » dans « Education nationale », accroissement des inégalités territoriales, en creusant des écarts entre les territoires et dans les choix des élèves, puisqu’il est matériellement impossible de fournir à tous le choix qu’ils souhaitent. Fermetures de postes, avec l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires par enseignant, mais aussi la fin de l’enseignement des mathématiques dans le tronc commun général à partir de la 1ère, la fin des langues anciennes puisque très peu d’établissement feront le choix d’ouvrir des classes sans l’assurance de les remplir, le passage de témoin entre la disparition des conseillers d’orientation-psychologues… remplacés par un super professeur principal, aucune médecine scolaire (transfert de compétences oblige), elle se gère uniquement à l’échelle départementale. Et oh ! Surprise, fermetures de postes aussi dans ce domaine d’activité.

Mais la réforme va encore plus loin.

L’article 1, de la "Loi pour une École de la confiance" (écrit trop vite sûrement) en est un exemple. Je n’ai donc apparemment plus le droit de critiquer l’institution. Que signifie « critiquer », et de quelle institution parlons-nous ? Dans le même temps, les programmes scolaires, que je dois tout de même enseigner, valorisent une certaine « grandeur de la république », et son installation par l’école. Mais puis-je dire que le roman national est une erreur historique et une construction historiographique ? Puis-je déconstruire l’histoire de cette institution afin que chaque élève se construise sa propre idée ? Je vais devoir expliquer à mes Premières, que l’égalité de droit est un principe républicain et révolutionnaire ; alors qu’ils auront vécu certainement la discrimination administrative de choix des spécialités (et tant d’autres discriminations), et se préparent à vivre de plein fouet celle de Parcoursup qui les contraint dans l’accès à l’enseignement supérieur ? Enseignant l’histoire, cet article, m’interpelle, et ne me donne pas confiance, au contraire. Enseignant la géo, comment ne pas constater que la logique purement comptable, rentable et ultra-libérale de « l’école de la confiance », crée une inégalité de fait entre ruraux et urbains et entre urbains eux-mêmes (entre lycées de centre-ville et lycées des banlieues) pour ne citer qu’elles ?

En tant que parent d’élève, je suis encore plus inquiète de lire les changements dès la maternelle. Comment imaginer qu’un établissement scolaire puisse fonctionner sans directeur sur place ? Comment imaginer qu’un enseignant, acceptera de prendre le risque de sortir ses élèves, de les faire cuisiner, de faire venir des intervenants, s’il doit aller au collège du secteur, pour en faire la demande à l’adjoint ? Et comment un adjoint de collège, pourrait-il gérer cinq établissements primaires ? Et que fait-on des enfants à PAI (Projet d’accueil individualisé - qui permet aux élèves malades ou handicapés de suivre une scolarité dans de bonnes conditions par des aménagements) puisqu’il n’y a plus d’infirmières scolaires, qui vont prendre ce risque ? Et malheureusement, pour résoudre le problème des inégalités territoriales, la solution serait des super structures ? En fait, si je déménage dans la Creuse, ou dans les Alpes, je devrais non seulement aller accoucher au moins à 40 voir 60km de chez moi, mais 3 ans plus tard, mon enfant, fera entre 30 et 60km le matin et le soir ? Devrais-je être obligée de payer un internat dès son entrée en primaire ? Au collège ? Tout cela, parce que la petite école du village, ne comptait que deux classes, de quadruple niveaux et a donc fermé ?

En tant que fonctionnaire, je suis en colère contre les décisions qui sont prises ces derniers temps. Seul le code blanc permet de réquisitionner des professionnels médicaux, des médecins en repos (épuisés)… Or aller les faire chercher par les forces de police, alors qu’elles-mêmes ont un peu autre chose à faire en ce moment, est un signal fort que l’exécutif prend beaucoup trop de pouvoir. Puisque il n’y a pas assez de médecins : et bien il n’y a qu’à passer leur garde de 12 à 24h, comme si un organisme pouvait s’adapter à ce temps de travail… sans compensation, sans reconnaissance. Et dans le même temps, en suivant la même logique, deux heures supplémentaires face aux élèves pour des enseignants, sous payés, semble totalement logique. En réalité, le gouvernement se croit revenu au temps de la Rome antique, les fonctionnaires, sont des esclaves publics, sans droits. Alors quitte à être une esclave, corvéable à merci, autant être un peu retord.

Enfin, puisque j’enseigne l’engagement civique à mes élèves, par l’EMC (Enseignement moral et civique), autant leur montrer l’exemple. La grève est encore un droit que j’ai. Alors je le prends ce droit, même si le rouleau compresseur s’abattra tout de même. Au moins, pendant une journée, les médias parlerons de ma colère. Dans une société ultra connectée, le combat d’image est à saisir, faire grève des surveillances, est une lutte d’images, avant tout. Alors c’est peu, mais c’est déjà ça. Et après tout, ce sont les images qui marquent le plus les esprits, ce sont elles que l’on enseigne en histoire !

Une professeure d’histoire-géographie et d’enseignement moral et civique.

Des Économies ? (Sciences économiques et sociales) :

Des réformes de l’enseignement, il y en a eu un bon nombre. Comme les précédentes cette réforme a pour but de faire fonctionner les écoles, les collèges et les lycées avec moins de moyens. Gel des salaires, suppressions de postes (enseignants et administratifs…), recours accru aux contractuels, plus d’heures supplémentaires… Ne serait-ce que pour la rentrée prochaine, 2600 postes sont supprimés dans le secondaire alors que nous allons accueillir 30 000 élèves supplémentaires.

Cette grève est un moyen de dénoncer cette nouvelle attaque contre nos conditions de travail et contre la qualité d’accueil des élèves dans les établissements. Les urgentistes se mobilisent aussi en ce moment pour dénoncer l’état catastrophique dans lequel se trouvent les hôpitaux. Eux aussi réclament plus de moyens pour fonctionner. L’État coupe en permanence dans les budgets nécessaires à la population comme la santé et l’éducation. Nous sommes 40 sur le lycée à nous être prononcés pour la grève du 17 juin. Nous pouvons donc nous faire entendre en accompagnant les collègues des autres établissements qui ont décidé eux aussi de faire grève.

Une professeure de Sciences économiques et sociales

La situation en philosophie dans l’établissement :

Bonjour, en philosophie la réforme est vue comme une catastrophe parmi les collègues. La disparition de la filière L nous afflige. C’est dans cette section, avec 8 heures devant élèves, que nous pouvons travailler de la manière la plus intéressante, et qu’on a plus le temps d’approfondir et d’échanger. C’est une respiration qui donne du sens à tout le reste : le travail qu’on y mène nous sert dans les autres sections (où le volume horaire est moindre). L’ouverture d’une spécialité Humanités - Lettres - Philosophie (partagée entre professeurs de lettres et de philo) ne compense pas cette perte. Au-delà des limites que présentent les programmes, très érudits, voire encyclopédistes, encore faut-il être sûr qu’elle soit proposée dans les établissements… car tous les lycées ne la proposent pas.

Ce qui me semble ahurissant c’est que ces inégalités territoriales soient assumées sans problème. Les dénoncer c’est du point de vue du pouvoir propager des fake news ou tenir un discours hypocrite : les inégalités existent déjà. La solution est simple : rendons les inégalités officielles, comme ça, elles ne seront plus illégitimes.

On va aussi en conséquence se retrouver avec des horaires classes réduits qui vont surcharger nos services. Sans compter les deux heures supplémentaires obligatoires. Au fait, si ce ne sont que des heures supplémentaires, comment peuvent-elles être obligatoires ? Je ne trouvais ça pas normal pour une, mais deux...ça montre en même temps le danger qu’il y à s’habituer à l’inacceptable.

Lors d’une réunion avec notre inspecteur général, à un collègue qui lui montrait qu’il ne pourrait pas, matériellement, trouver le temps d’assumer toutes ses tâches, dans les conditions qui nous étaient laissées, l’inspecteur a répondu : "il faudra apprendre à corriger plus vite". Euréka, merci de nous avoir donné la solution. Le métier commençait à tirer vers l’abattage et le travail à la chaîne, mais là on en a eu l’assurance : notre bonheur va être complet.

Dans ce contexte, je l’ai un peu saumâtre d’entendre des discours culpabilisateurs sur la grève. Au passage, qu’un enseignant ne soit pas remplacé pendant des mois en classe, et même dans des classes à examen, cela n’est pas irresponsable. Que les élèves ne soient pas en mesure de choisir leur avenir, avec l’institution de la sélection, ce n’est pas léser leurs intérêts. Mais en fait je dois exagérer ? C’est comme avec Parcoursup, j’ai compris que c’était vraiment « l’idéal ». Les élèves ont ce qu’ils demandent. Facile, il suffit de leur imposer ce qu’ils peuvent demander. Dans ce sens, la réforme est un formidable outil de justice.

Mais comme je ne suis jamais content, je ne surveillerai pas lundi.

Un professeur de philosophie.

Décomptes mathématiques (ou la réforme par les « moins ») :

Voici le constat actuel :

  • En Seconde, nous passerons de 6h prof à 5h30. Donc, une perte de 14 x 0,5 = 7 h. 
    Les élèves passent donc de 5h à 4h30 de math (ce qui ne semble pas lourd de conséquence, sauf que le programme s’est, lui, alourdi considérablement). 
  • L’option MPS (Méthodes et pratiques scientifiques) disparait totalement en Seconde, ce qui correspond à une perte de 2,5 h hebdomadaire.
  • En Première, il y aura l’an prochain 6 classes de spécialité mathématiques (contre 9 cette année entre les ES et les S). 

Nous avons déjà perdu la spécialité math en L il y a deux ans malgré l’intérêt de certains élèves. 

Pour l’enseignement de spécialité mathématiques : 4h hebdomadaires sont prévues, sans dédoublement (dédoublement qui est pourtant nécessaire, en particulier si l’on veut pouvoir enseigner convenablement l’algorithmique à nos élèves dans les salles informatiques – qui ne peuvent pas accueillir 35 élèves). En première ES, les maths étaient de 5h prof (4h élèves dont 1 dédoublement) tandis qu’en première S, c’était 6h prof dont 5h élèves avec un dédoublement. 
 
Au total, nous perdons 40,5 heures hebdomadaire en mathématiques pour cette année dans l’établissement (et probablement tout autant l’an prochain), avec un programme bien plus ambitieux et rendant notre matière plus élitiste.
 
Outre cette perte d’heures qui est là pour compenser le recrutement insuffisant des professeurs de mathématiques actuellement, l’absence de mathématiques dans le tronc commun ou plus précisément le fait qu’un élève moyen en maths souhaitant poursuivre en filière générale ne puisse avoir comme option que l’abandon total des maths ou un échec assuré en première générale nous pose clairement problème. Nombre d’élèves poursuivent dans les études supérieures avec des mathématiques dans leur cursus ; nous nous inquiétons réellement de l’impact qu’aura la réforme sur les futurs étudiants avec un bagage mathématique très pauvre.

Un professeur de mathématiques
 

Les sciences, grandes absentes de la réforme ?

 
Les nouveaux programmes mettent en avant la démarche scientifique (les activités expérimentales et l’utilisation d’outils informatiques), donc de nombreuses heures de TP (travaux pratiques, en groupes réduits, dans des salles dédiées) sont nécessaires. Il est par ailleurs rappelé, à chaque formation, par les inspecteurs que l’enseignement expérimental est primordial. Mais comme on l’a tous remarqué il n’y a aucune obligation de dédoublement (les classes sont à 35 élèves), c’est le chef d’établissement qui répartit les dédoublements et donc les différentes matières sont mises en concurrence, chacune espérant obtenir ce dont elle a besoin aux dépens des autres.
 

En Seconde :

Disparition des deux enseignements d’exploration scientifique (MPS 5 groupes et SL – Sciences de laboratoire - 7 groupes )

  • Actuellement : 1h30 de TP et 1h30 de cours.
  • Dans le futur : 1h de TP et 2h de cours (en moyenne) 

Dans le lycée nous avons trouvé un système sur 3 semaines pour sauver le bloc 1h30 de TP.

Pendant 2 semaines 1h30 de TP et 1h30 de cours, puis une semaine 3h de cours. On s’arrange, on invente, on essaye en tout cas.
 

En Première S :

  • Actuellement : 1h30 de cours, 1h30 de TP , 30 min AP et TPE 
  • Dans le futur : pour la spécialité, actuellement 2h cours et 1h30 de TP qui peuvent peut être passer à 2h cours et 2h de TP si certaines matières, option, spécialité se font déshabiller (vive la cohésion interdisciplinaire avec ce genre de politique). Pour le tronc commun (enseignement scientifique) : 1h de cours une semaine et 1h de TP (insuffisant au vu des exigences des programmes) une autre semaine.
     
    En 1h30 de TP on a juste le temps de faire passer les notions (mise en place des consignes de sécurité, découverte du matériel, de la problématique, mise en pratique, étude des résultats et conclusion individuelle puis collective). Les 1h30 de TP sont donc le minimum que l’on doit avoir pour enseigner correctement notre matière. Dans de nombreux lycées, les heures allouées aux TP sont plus importantes que dans notre établissement (sauf si l’on récupère les heures des autres matières...bonjour l’entente… ou la compétition…). Les élèves scientifiques de notre lycée n’auront donc pas la même formation que ceux des autres établissements (Parcoursup se fera plaisir derrière … et vive le « bac maison »).
     
    Par ailleurs, les élèves peuvent faire des sciences (physique chimie, science de l’ingénieur) sans faire de mathématiques. Ce sera donc aux enseignants de physique et sciences de l’ingénieur d’expliquer les outils mathématiques nécessaires à la compréhension des notions en plus de leur programme (certains outils mathématiques comme les dérivées, intégrales, équations pour ne citer que les plus flagrants nécessitent de vrais chapitres pour être exploités correctement et pas une simple explication de 5 minutes insérée dans un chapitre de physique).
     
    Pour enseigner les sciences correctement avec cette réforme, on est donc obligé d’espérer que certaines matières, spécialités, options disparaissent tout simplement ou s’enseignent dans de moins bonnes conditions (au profit d’autres). L’éducation devient de l’individualisme, la lutte des disciplines les unes contre les autres, là où elles devraient être complémentaires… c’est déprimant. 

Qu’en serait-il si la réforme prévoyait un tronc commun uniquement scientifique avec deux heures de matières littéraires par semaine ? Cela semblerait outrageusement scandaleux à nous tous ! Les sciences et les matières littéraires ne s’opposent pas, mais se complètent les unes les autres pour former au mieux des citoyens lucides, raisonnés et en capacité de comprendre le monde de demain.

Un professeur de physique-chimie.

En langues anciennes, l’enterrement :

La spécialité LCA (Littérature et langues et cultures de l’Antiquité) pourtant obtenue dans notre lycée ne verra, a priori, jamais le jour. Par ailleurs, les options de latin/grec pourraient aussi être supprimées l’an prochain en classe de 1ère… Des discussions sont en cours entre équipe pédagogique et direction mais pour l’heure rien n’est acté et ces discussions aboutiraient dans tous les cas à une nouvelle perte de volume horaire : de 18h et 6 groupes (1 par langue et par niveau) il y a 2 ans, on passerait à 6h et 2 groupes l’année prochaine (1 groupe par langue qui regrouperait les élèves des 3 niveaux). Les pertes sont donc considérables pour les élèves qui suivent ces disciplines et les professeurs qui les enseignent. 

Une professeure de langues anciennes.

En langues vivantes, la vie permanente à 35 élèves pour préparer l’oral :

L’enveloppe donnée pour toutes les langues : 5h30 en Seconde / 4h30 en Première.

Avant la réforme, les élèves avaient :

  • En Seconde : 3h d’anglais et 2h30 d’espagnol. 
  • En Première : 2h30 d’espagnol et 2h d’anglais. 

Chaque langue avait donc le même volume horaire : 5h au total sur les 2 ans.

Avec la réforme :
En tronc commun en Seconde : Les élèves ont toujours 3h d’anglais / 2h30 d’espagnol mais les professeurs d’anglais ont des classes à 35 et viennent de perdre 1/2h de dédoublement. 

En espagnol, rien ne change, les groupes sont censés être à 25 mais peuvent en réalité monter à 27/28 et ne sont jamais dédoublés.

En tronc commun en Première : Les élèves ont maintenant 2h d’espagnol / 2h30 d’anglais. Ainsi, les élèves ont au total 5h30 d’anglais et 4h30 d’espagnol sur les 2 ans. 

La nouvelle réforme indique pourtant que les LVA et LVB sont au même coefficient et que les élèves peuvent choisir une LVA en Première et la changer en Terminale. Le fait que le volume horaire ne soit pas le même est donc lourd de conséquences pour les élèves, qui auront moins d’heures pour préparer l’espagnol et pour les professeurs d’espagnol qui se retrouvent avec des heures en moins, donc des classes en plus etc… 

Et bien sûr, comme à chaque fois, il y a mise en concurrence entre disciplines, bien orchestrée par la direction.

En spécialité LLCE (Langue et civilisation en langues étrangères), comme dans toutes les autres spécialités d’ailleurs, il n’est prévu aucun dédoublement, donc 4h de classe entière en Première, alors qu’il faudra préparer à des épreuves orales. 

Il faut également ajouter que l’italien LV3 perd 3 heures d’enseignement... les Première seront regroupés avec les Terminales...

De plus, s’il n’y pas suffisamment d’inscrits en seconde LVC (l’ancienne LV3), il y a le risque de perdre plus d’heures...

Des professeur.e.s d’anglais, d’espagnol, d’italien.