gauche : combien de divisions ?

En matière d’auto-critique, contrairement à ce que leur tradition aurait pu laisser croire, les appareils de gauche sont visiblement moins doués que leurs électeurs. Le contraste est en effet saisissant entre un peuple de gauche manifestement troublé, jusqu’à exprimer une honte, ou avouer un remord, et l’aplomb extraordinaire avec lequel les partis, après le 5 mai, ont reconduit à l’identique leur distribution antérieure, avec, d’un côté, une « gauche unie » en droite ligne de la « gauche plurielle », dans la plus pure tradition des tiédeurs réformistes, de l’autre, une extrême gauche incapable de s’unir, dans la plus pure tradition des rivalités révolutionnaires.

Divisée, la gauche l’est donc au moins deux fois : intimement et électoralement. Sans doute beaucoup plus, si l’on explore la zone qui s’étend, justement, de l’affect le plus immédiat aux stratégies les plus assurées. C’est ce que nous avons voulu faire. Ou plutôt : c’est ce qui s’est imposé. On ne peut pas prétendre rendre compte d’un événement en y restant, quant à soi, perméable. La gauche « minoritariste » (Pierre Zaoui), ou « mouvementée » (Michel Feher), celle que nous revendiquons, moins que toute autre.