Stalingrad

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Du point de vue de l’urbanisme, outre les frontières fortes évoquées, deux faits caractérisent le paysage du quartier (qu’illustre le travail photographique de Nicolas Vercken) : les friches et le bâti condamné. Ces deux formes de scarification de la cité, causes autant que symptômes d’un certain malaise, déstabilisent l’œil du citadin et semblent constamment menacer les immeubles plus ou moins dégradés qu’elles encadrent.

délimitations

Il n’existe pas de définition officielle de Stalingrad. Historiquement le quartier ne correspond qu’à une zone qui s’étend au-delà de la barrière des Fermiers Généraux (dont la Rotonde est un vestige) entre les anciens villages de la Chapelle et de la Villette. Son nom même ne correspond bien sûr à rien d’ancien puisqu’il date du baptême de la place après la bataille du même nom. La dénomination de Stalingrad est en fait communément associée à la station de métro et à son immédiat environnement. D’un point de vue administratif, le quartier n’existe pas davantage puisqu’il est à cheval sur trois arrondissements (10ème, 18ème et 19ème). Les seules délimitations certaines sont presque des frontières “ naturelles ” : le canal Saint Martin et les voies du réseau de la Gare de l’Est qui forment une patte d’oie en allant vers l’extérieur de Paris. Dans son acception la plus large, on peut le situer entre la rue Louis Blanc au sud, dans le 10ème, et le périphérique (la porte d’Aubervilliers) au nord. Dans ce “ Lieu ”, nous nous intéresserons principalement au cœur de Stalingrad, dans ses limites les plus communément admises, à savoir le quadrilatère compris entre les voies ferrées, le canal, la rue Riquet et le boulevard (de la Chapelle puis de la Villette). Ce dernier, surplombé par l’imposante structure métallique du métro aérien, constitue d’ailleurs une troisième délimitation très matérialisée. Ce périmètre réduit (une trentaine d’hectares) ne doit pas être compris comme un espace clos et ses caractéristiques débordent parfois largement ces limites. Mais l’aire ainsi définie a l’avantage de présenter une homogénéité urbanistique et sociale à l’intérieur de laquelle il est plus facile de mettre en évidence des cohérences.

paysage

Du point de vue de l’urbanisme, outre les frontières fortes évoquées, deux faits caractérisent le paysage du quartier (qu’illustre le travail photographique de Nicolas Vercken) : les friches et le bâti condamné. Ces deux formes de scarification de la cité, causes autant que symptômes d’un certain malaise, déstabilisent l’œil du citadin et semblent constamment menacer les immeubles plus ou moins dégradés qu’elles encadrent.

Les friches, parfois immenses, creusent de larges béances et mettent à mal la définition de Georges Perec, “ l’alignement parallèle de deux séries d’immeubles détermine ce que l’on appelle une rue ” ; les rues de Stalingrad doivent se débrouiller autrement. Deux zones de ce type sont particulièrement remarquables pour des raisons différentes.

La première, la cour du Maroc, est une friche d’origine industrielle de plus de quatre hectares, située entre la rue d’Aubervilliers et les voies de la Gare de l’Est. Elle appartient pour l’essentiel à la SNCF et fait l’objet d’un vaste projet d’aménagement (les Jardins d’Éole). Elle est en fait l’un des vestiges d’une des activités traditionnelles du nord de Paris qui perduraient jusqu’il y a peu. La partie nord-ouest du 19ème arrondissement, autour du canal de l’Ourcq, était en effet l’un des centres d’approvisionnement de la capitale ; à l’ouest de la cour du Maroc, la société TAFANEL perpétue cette tradition puisqu’elle fournit les débits de boissons parisiens. Un peu plus loin sur le canal, les bâtiments des Magasins Généraux ou la Grande Halle du complexe de la Villette en sont d’autres fossiles. La cour du Maroc est sans doute le plus vaste terrain vague de Paris et elle est en l’état depuis la fin du chantier d’Éole (la ligne E du RER) en 1997. Elle est ouverte jour et nuit et ne semble faire l’objet d’aucun système de surveillance.

La seconde friche est moins imposante puisqu’elle regroupe un ensemble disparate de parcelles autour du passage Goix (sans doute la voie la plus sordide de l’agglomération parisienne). Si cet espace éclaté la rend moins visible, elle n’en est pas moins inquiétante pour la simple raison que ces terrains ne sont pas la trace d’une ancienne activité industrielle mais bel et bien d’immeubles d’habitation tombés les uns après les autres au cours des dix dernières années. La question “ À qui le tour ? ” semble rebondir entre les pans des constructions demeurées debout. Ces murs mis à nu, dévoilant leurs flancs de tapis-series intimes, sont, au-delà de leur fragilité, d’une indécence criarde.

Les fenêtres aveugles et les portes condamnées, voire les grilles des commerces abandonnés, sont l’exact pendant des friches. À la béance et à l’horizontalité des terrains vagues répond l’obstruction verticale du bâti clos. Il est difficile de connaître ce qui, dans l’histoire de chacun de ces immeubles, a conduit à sa fermeture totale ou partielle, mais Daniel Keller, président des Jardins d’Éole, est extrêmement critique à l’égard de l’action de la précédente majorité municipale. Selon lui, l’importante politique de préemption de la Mairie de Paris (durant les années 1980-1990) a simplement découragé (pour ne pas dire assassiné) les petites copropriétés fragiles qui se partageaient, et se partagent encore malgré tout, l’essentiel du foncier sur le secteur. Il paraît en effet évident que de modestes copropriétaires occupants ne lanceront plus la moindre opération d’envergure sur un immeuble qui semble voué à la démolition. Et c’est bien sûr toujours ainsi qu’est interprétée la préemption quand elle n’est accompagnée d’aucun projet ni même d’aucun discours.

habitat

Stalingrad demeure, malgré ce tissu urbain rongé, un quartier plutôt densément peuplé. Plusieurs faits expliquent cette densité. Le premier, c’est l’absence totale d’activité professionnelle, aucune entreprise ne s’y est implantée à l’exception de quelques immeubles de bureaux sur sa frange orientale en bordure du canal. Il en va de même des institutions publiques, dont la présence se résume à l’immense blockhaus de la CNAM, toujours à l’Est, sur l’avenue de Flandre. Le second phénomène, c’est la concentration de petits logements, notamment due à la faible implantation de logements sociaux type HLM. Le troisième (qui n’est qu’en théorie antinomique du second), c’est le nombre important de familles nombreuses que le quartier abrite. Il faut enfin préciser que, si les friches sont nombreuses, elles constituent les seuls espaces verts notables du secteur…

Si les programmes HLM sont rares, l’habitat de Stalingrad n’en est pas moins constitué dans son immense majorité de logements sociaux de fait, des immeubles privés dans lesquels s’entassent des ménages très modestes. Ce logement privé, partagé entre copropriétaires occupants et locataires de petits propriétaires physiques, est souvent exigu, dégradé et parfois dénué du confort sanitaire le plus élémentaire (plus de 20 % contre 10 % sur l’ensemble de l’agglomération). Cela n’empêche pas les loyers d’être parfois exorbitants puisque ces appartements sont loués à des tranches de population qui n’ont concrètement aucune possibilité de se loger ailleurs. On pense en premier lieu aux ressortissants étrangers sans titre de séjour, mais ils ne sont pas les seuls. Une grande partie des familles d’Afrique de l’Ouest (entre autres), en situation régulière et avec des revenus salariés, doivent parfois patienter quelques dizaines d’années dans ce type de logement avant d’accéder à un hypothétique logement aidé. Les grands ensembles couvrant la zone située au-dessus de Stalingrad dans le 19ème arrondissement (et notamment les Orgues de Flandre dont les tours culminent à plus de 80 mètres) sont alors perçus comme les totems d’une Terre Promise.

population

Quand on parcourt les données démographiques fournies par les recensements, le profil quantitatif de Stalingrad est très proche de celui des quartiers populaires voisins. Une population jeune, un taux de chômage élevé (plus de 20 %), une sur-représentation des classes ouvrières… Pourtant il semble assez évident que l’on ne perçoit pas les habitants de Stalingrad de la même manière que ceux de Belleville ou de la Goutte d’Or, les deux quartiers qui enserrent celui qui nous intéresse.

À Belleville, les juifs tunisiens puis les Chinois ont façonné le quartier en faisant de ce lieu un centre communautaire. La Goutte d’Or a de même été durant des dizaines d’années une petite capitale culturelle pour les Maghrébins de Paris rapidement suivis par les Africains de la zone sahélienne. Ces quartiers ont une existence symbolique forte dans toute la littérature, qu’elle soit savante ou populaire, à travers l’identité construite par ces communautés. Celles-ci ont par ailleurs développé des formes de résistance active quand elles ont été très concrètement menacées (notamment lors des projets de rénovation musclée, au milieu des années 1980 à la Goutte d’Or et dix ans plus tard pour le Bas-Belleville). Résistances relayées et étayées par des militants attachés tant affectivement que politiquement à ces lieux privilégiés du Paris multiculturel. Le fait que la seule occupation d’église par des sans-papiers inscrite dans la mémoire collective soit celle de Saint-Bernard, en plein cœur de la Goutte d’Or, ne doit rien au hasard. Autant de faits et de symboles, de luttes et de sympathies, donnent des armes à un lieu et à ceux qui y vivent.

Stalingrad ne possède pas ces armes. Aucune histoire ancienne n’a pu établir son territoire. Aucune des communautés qui s’y sont installées n’a su y développer la moindre dominante culturelle. Aucun diktat extérieur, et donc aucun combat important, n’ont su rassembler ses forces. Cela se ressent jusque dans la façon dont y sont implantés les commerces. Stalingrad n’a pas de vitrine, ses échoppes de petites dimensions sont sans commune mesure avec les monuments que sont Tati ou Le Président, fameux restaurant bellevillois. Le “ peuple de Stalingrad ” n’a donc aucun des traits qui caractérisent beaucoup d’anciens quartiers populaires intra-muros des grandes villes (on a parlé de Belleville et de la Goutte d’Or, on pourrait aussi citer la Croix-Rousse à Lyon, ou le Panier à Marseille).

les Jardins d’Éole

Derrière cette étiquette bucolique se cachent tout à la fois un chantier de RER, une promesse électorale distraitement jetée, une association fer de lance du quartier et finalement le projet qui va sans doute transfigurer Stalingrad dans les cinq ans à venir. Nous avons rencontré Daniel Keller et Isabelle Kittel ainsi que Lionel et Chantal Mahier, deux couples qui assument une grande partie du travail pour porter ce projet.

Depuis les fenêtres du 44 rue d’Aubervilliers, où vit la famille Kittel-Keller, vue imprenable sur la boue et les carcasses métalliques de la cour du Maroc. Ici, en 1992, le futur ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant, candidat à la députation, invente l’idée d’un jardin ainsi que son nom, emprunté au chantier du RER E que le site accueille alors. Ici, en 2006, s’étaleront les premières pelouses d’un jardin de quatre hectares. Entre ces deux dates, beaucoup de déceptions, de manifestations, de négociations. Le chantier de RER achevé, en 1998, la SNCF (qui est toujours propriétaire des lieux) propose d’aménager un square de 3 000 m2 engoncé dans une nouvelle gare de fret… Les avancées se feront par périodes de six mois pour en arriver aux 42 000 m2 de l’appel à projet définitif en 2001. “ Quand on est soi-même au cœur des négociations, dit Daniel Keller, on ne réalise pas l’énormité d’une telle réussite. C’est après coup, par ce que nous ont renvoyé les gens qui n’ont pas suivi au jour le jour, que nous l’avons compris. Il y a des bras de fer de ce type un peu partout qui sont loin de connaître la même avancée. Ce qu’il faut surtout en retenir c’est que pour dépasser l’obstruction administrative, qui semble s’opposer à tout projet ambitieux, il n’est pas possible de faire l’économie de la volonté politique. Elle seule peut bousculer la temporalité propre à l’administration quand on s’attaque à des questions aussi techniques. ”

Mais avant d’en arriver là, il aura fallu impliquer les habitants du quartier. Même dans le cas d’un projet aussi consensuel qu’un jardin, cela ne se fait pas sans difficulté. La première pierre d’achoppement fut la crainte que ce futur lieu ouvert devienne un lieu de deal particulièrement cosy. Les esprits restaient très marqués par la façon dont avait été investie la place de la Rotonde après son réaménagement. On ne peut pas dire que cette éventualité ait été réglée (même si elle devra être prise en compte par les réponses à l’appel à projets), mais c’est en tout cas ce qui a poussé l’association à s’intéresser à ces questions et à s’opposer très vite aux discours et aux méthodes du Collectif Anti-Crack. Chantal Mahier a ainsi participé au nom de l’association à l’importante table ronde organisée par la mairie du 18ème en 2001 avec l’ensemble des intervenants en toxicomanie et des acteurs associatifs locaux.

La seconde difficulté pour impliquer leurs concitoyens, ils la lient à la sociologie de Stalingrad. Il n’est effectivement pas simple de motiver des gens soumis à une pression quotidienne forte (du point de vue travail, situation juridique, logement, famille…) sur de tels horizons temporels. C’est un des points sur lesquels d’autres associations devront tirer des enseignements. Pour nouer le contact, le noyau dur de l’association a dû passer par des biais détournés, au premier rang desquels les enfants. Les deux couples militent aussi dans les écoles de leurs enfants en tant que délégués de la Fédération des Parents d’Elèves (FCPE). Ils insistent sur le réel champ d’intégration qu’offre l’institution scolaire aux enfants mais aussi à leurs parents. Intégration au vrai sens du terme, celui de la réciprocité, puisqu’ils s’incluent eux-mêmes dans ce processus. L’école, loin de correspondre pour eux à un idéal égalitaire - notamment du fait de la fuite des classes moyennes -, a le mérite d’offrir de réels moments d’échange. C’est par exemple le cas lors des “ repas internationaux ” inventés dans la maternelle de la rue de Tanger et qui se sont depuis exportés dans d’autres écoles de l’arrondissement. Quand chaque famille est conviée à venir partager sa cuisine et que l’équipe pédagogique adhère vraiment à l’idée, le niveau d’interaction est assurément très supérieur à toute réunion plus formelle. “ Les écoles maternelles ont un avantage énorme, c’est que les parents sont dans l’obligation d’y pénétrer au moins deux fois par jour, c’est peut-être une piste pour d’autres lieux en manque d’interaction ”, dit Lionel Mahier. En poussant l’idée, les Jardins d’Éole organisent chaque année une fête sur le site de la cour du Maroc. Une fête aux allures de kermesse mais qui permet encore une fois de toucher des familles qui ne viendraient pas autrement, et donc de compter aujourd’hui parmi ses membres des représentants d’une grande partie des communautés.

Des deux entretiens que nous avons menés avec les Jardins d’Éole, ce qui nous a finalement particulièrement frappés, au-delà de la réussite de leur projet central, c’est le mélange de force et de facilité avec lequel ces représentants des classes moyennes intellectuelles ont su investir le champ politique d’un quartier populaire en l’espace d’une demi-douzaine d’années. Difficile de ne pas y voir le résultat d’une forme de foi (républicaine ? humaniste ?) qui transparaît dans leur choix de vivre ici, d’y demeurer, de ne pas subir ces choix mais d’y puiser au contraire un large éventail d’épanouissements personnels et familiaux. Quel autre ressort pour prêcher dans la friche ?

Stalingrad 1960-2003

Quand on se promène à Stalingrad, on est en droit de s’interroger sur la physionomie du quartier avant sa dégradation. Pour y répondre et mettre en perspective l’évolution de Stalingrad, nous avons demandé à Lucette Brunau, doyenne de l’association Stalingrad Quartier Libre (voir page 116), qui s’est installée dans le quartier au début des années 1960, de nous donner son opinion sur les décennies passées. La première des fausses évidences qu’elle anéantira (avec beaucoup de flegme) c’est qu’il n’y a pas vraiment d’avant. Ses premiers mots pour évoquer les années 1960 seront les suivants : “ L’endroit est beaucoup plus propre aujourd’hui qu’à cette époque. ”

La place de la Rotonde, qui accueille aujourd’hui des cirques et des manèges, était alors une gare routière… Lieu de départ, d’arrivée ou de transit de tous ceux qui n’avaient pas les moyens de se déplacer en train. Il est facile d’imaginer ce qui va généralement de pair avec une aussi sympathique infrastructure. Que ce soit sur le plan de l’environnement ou de la population. Ses abords n’étaient certes pas un terrain de deal mais ils n’en étaient pas moins envahis par un nombre important de “ clochards ”, comme toujours près d’un terminus ; sans compter les facilités offertes par les berges du canal et le métro aérien. “ La seule chose qui rendait le quartier effectivement plus agréable, c’est qu’il était tout aussi populaire mais beaucoup plus animé. Je veux parler d’avant l’arrivée massive de la télévision, quand il existait davantage de lieux de socialisation spontanée. Ne serait-ce que des petits commerces de rue devant lesquels on se retrouvait pour discuter. ”

Comment ? La télévision fléau de Stalingrad ? Mais la drogue ? “ Je n’ai jamais eu aucun problème avec les drogués et pourtant il y a eu des périodes où je me baladais beaucoup dans le quartier. En général je ne les vois pas, et si je les croise… ils ne me tendent pas leur carte. ” Lucette explique cette tranquillité à l’égard de ces questions par le fait qu’elle en a entendu parler bien avant que cela ne devienne un problème de moralité publique. Un ami de ses grands-parents était opiomane. Lorsqu’elle avait huit ans, sa mère lui avait expliqué qu’il fumait l’opium parce qu’il était passé par les colonies. “ C’était un fait, une donnée. Il n’y avait pas vraiment de honte ou de jugement comme ce serait le cas aujourd’hui. ”

Et quand on lie ce phénomène à la question du sentiment d’insécurité, elle va même plus loin. Elle raconte par exemple la façon dont une voisine de l’immeuble avait été rassurée par le commissariat quand elle leur avait dit qu’elle était sortie sur son palier et y avait trouvé un toxicomane. “ Ils lui ont dit qu’elle avait de la chance, qu’il aurait pu faire une crise et la tuer… il dormait le pauvre ! La police met parfois de l’huile sur le feu pour se donner une contenance, pour justifier son statut. ” Quelques jours après, le commissaire Maucourant, interrogé par le Comité Citoyen qui a été mis en place par le 19ème arrondissement (voir page 117) sur les délits liés à la toxicomanie, commençait par évoquer les attaques à la seringue… avant d’avouer qu’elles sont excessivement rares et que le larcin de loin le plus répandu demeure le vol à l’étalage.

Quand nous l’avions contactée, Lucette Bruneau nous avait bien mis en garde : son opinion est personnelle et ne reflète pas forcément celle des autres habitants du quartier. Mais le fait qu’au moins une personne de sa génération ait pu nous tenir un tel discours nous semble plus significatif que toute considération plus représentative.