sélectionner, proposer, prescrire

par

Peut-être parce que son objet est au cœur de la bibliothèque et de leur métier, la question du choix des documents par les bibliothécaires reste complexe et traversée de tensions. Mais la richesse des débats professionnels empêche probablement les « politiques documentaires » de se figer dans le dogmatisme.

Comment les bibliothécaires choisissent-ils les livres ? Jusqu’au milieu du XXème siècle, on s’en chargeait pour eux : héritières notamment des mouvements d’éducation populaire ou des institutions philanthropiques, les bibliothèques procédaient aux acquisitions sous la surveillance de leurs autorités politiques et morales, à l’exemple du « Comité de surveillance des achats de livres » de la bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer, qui fonctionna jusque dans les années 1930 et réunissait des représentants de la municipalité, mais aussi de l’Instruction publique et... du clergé. Le « bibliothécaire », notable bien souvent, bénéficiant d’une sinécure pour avoir mérité de la Ville, n’était généralement qu’un exécutant, peu professionnel, chargé de la partie administrative de maigres achats — et bien sûr de leur traitement catalographique. Car l’essentiel des richesses documentaires provenait de dons et de legs dans les bibliothèques françaises du XIXème siècle, et les acquisitions à titre onéreux étaient rares. Laissées à l’écart du dispositif d’alphabétisation des masses au profit de l’École, sous la IIIème République, proches des musées municipaux, géographiquement comme dans leur conception, la plupart des bibliothèques n’ont connu autonomie et moyens que tardivement, dans les années 1970 et surtout à partir de 1982 avec la nouvelle politique du livre et de la lecture.

Une question récente

Le développement sans précédent des bibliothèques dans les années 1980 et 1990 s’accompagne d’une hausse du niveau d’exigence professionnelle, qui va puiser ses références dans les bibliothèques anglo-saxonnes. Mais curieusement la professionnalisation des bibliothécaires n’a pas pour effet, tout d’abord, de provoquer un réel débat sur les acquisitions. La doxa des années 1980 est celle d’une neutralité (on y reviendra) qui, pour avoir dépassé la question de la présence ou non, sur les rayonnages, de romans policiers, bandes dessinées, science-fiction ou autres « mauvais genres » littéraires, ne s’épargne guère les grands débats sur les religions, la politique, l’érotisme et la pornographie, les médecines parallèles ou encore l’astrologie. Mais les discussions, aussi passionnées soient-elles, ne cherchent pas à se formaliser dans des principes à même de guider les choix d’acquisitions. Car, dans ces années fastes pour le développement de la lecture publique, les préoccupations des professionnels vont ailleurs. Dans les questions de construction d’abord : dans les seules années 1982-1986, on construit plus de cinq cents nouvelles bibliothèques municipales ; entre 1982 et 1990, leur surface totale a doublé ; peu à peu se créent des standards de construction pour ce qu’on commence à appeler des « médiathèques ». Dans l’informatisation des catalogues ensuite, qui absorbe l’énergie et la compétence de plusieurs générations de professionnels, confrontés à des techniques en perpétuelle mutation. Il faudra que s’allège cette vague d’informatisation — ou de ré-informatisation pour beaucoup — pour que les bibliothécaires libérés par l’automatisation de nombreuses tâches fastidieuses ou répétitives se consacrent à une réflexion approfondie sur les contenus de leurs collections. Une autre raison a joué. En 1995, le Front National remporte les élections municipales à Vitrolles, Marignane et Orange. Dans ces villes, les élus frontistes entament une campagne d’instrumentalisation des bibliothèques municipales à des fins de propagande : suppression des abonnements aux journaux et revues de gauche, mise à l’index de nombreux ouvrages, censure des listes d’acquisitions, achats systématiques des livres et journaux d’extrême-droite, harcèlement du personnel récalcitrant pour l’inciter à partir et remplacement de ce dernier par des militants du parti. La mobilisation des syndicats et des associations, le gel de l’aide de l’État dans ces collectivités durant tout le mandat FN, les défaites du parti lepéniste aux dernières élections municipales et le début d’un travail de « reconstruction » de bibliothèques municipales professionnelles font de cet épisode un long cauchemar à peu près terminé. Mais il a laissé une trace importante dans les milieux professionnels : sur la question du choix des documents, les bibliothécaires avaient en effet jusqu’alors des réponses faibles ; de toute évidence le concept de « neutralité » ne suffisait plus, surtout quand on sait que la plupart des bibliothèques écartaient les documents émanant de l’extrême-droite tout en laissant place à ceux produits par l’extrême-gauche. Choix respectables, mais plus intuitifs que réfléchis, et à défaut d’être formalisés et assumés dans une politique documentaire globale, exposés à la violence grossière des frontistes. Enfin on peut ajouter que les municipalités FN ne furent pas les seules à connaître de telles pratiques. À la faveur de ces événements, de nombreux bibliothécaires s’exprimèrent sur les pressions de certains de leurs élus qui, se substituant à eux, imposaient leurs choix personnels dans les achats de « leur » bibliothèque.

Ces différents facteurs eurent pour effet de faire émerger chez les bibliothécaires un débat sur les choix documentaires, jusqu’alors tacites sinon tabous. Très rapidement, sous l’impulsion de quelques professionnels, le concept de « politique documentaire » se généralise : l’idée est d’énoncer, bibliothèque par bibliothèque, à la fois qui décide et ce qu’on décide, en matière de choix de documents ; le débat s’organise d’abord au sein d’un groupe professionnel informel joliment baptisé « Poldoc » [1]. Année après année, journée d’étude après journée d’étude, les contributions apportent des éléments de réponse aux questions de chacun, professionnels, usagers, élus, sur le choix des documents.

Séparer le politique et le technique

D’abord, qui décide ? Les bibliothèques — municipales, départementales, universitaires ou nationales — sont sous la tutelle d’un pouvoir politique, et leurs agents sont fonctionnaires. Légitimité démocratique des représentants du peuple versus professionnalisme des bibliothécaires ; risque d’abus de pouvoir versus élitisme technocratique... les règles du jeu doivent aider à délimiter les champs. Dans l’idéal, la répartition des rôles entre élus et fonctionnaires veut que la politique documentaire de la bibliothèque soit préparée par les bibliothécaires (sur des questions techniques que les élus ne maîtrisent pas toujours, il revient aux professionnels de les éclairer avant qu’ils ne prennent des décisions), décidée (validée) par l’élu, en vertu de son mandat démocratique, et mise en œuvre par la bibliothèque. Ainsi, pour un élu, se préoccuper des contours de la collection de la bibliothèque proposée aux publics dont il a reçu un mandat paraît normal ; mais intervenir titre par titre en imposant ses choix, c’est franchir la ligne jaune. De la même manière, pour un bibliothécaire, acquérir des documents selon ses propres goûts et refuser de justifier ses choix constitue une entorse à la déontologie du métier [2]. En bref, dans politique documentaire, il y a politique, il est normal que les élus, représentant la population, aient leur mot à dire ; mais on n’imagine pas un adjoint au maire délégué à l’urbanisme piloter les grues et les bulldozers, ni même tracer lui-même les plans urbains... C’est l’objet même des « chartes documentaires » ou « chartes des collections » peu à peu mises en place dans les bibliothèques que de clarifier ou rendre visibles les règles du choix dans un texte de référence (d’une valeur juridique semblable au règlement intérieur) qui définit les contenus des collections. Rédigées par les bibliothécaires, validées par les élus et définissant, domaine par domaine, ce que la bibliothèque acquiert et n’acquiert pas, ces chartes servent de cadre de référence pour les professionnels, et doivent pouvoir être mises à disposition des usagers [3]. Globalement, à la revendication d’une loi-cadre définissant de façon nécessairement restrictive le pluralisme et les missions des bibliothèques, les professionnels ont donc préféré réagir de façon communautaire, par la voix des associations et groupes professionnels incitant chaque établissement à se doter d’un dispositif écrit fixant les règles du jeu dans le contexte de chaque collectivité. Ces « chartes documentaires » n’en faisant pas moins d’ailleurs référence aux différents textes existants : textes constitutionnels, Charte des Bibliothèques du Conseil Supérieur des Bibliothèques (novembre 1991), Manifeste de l’Unesco sur les bibliothèques publiques (novembre 1994), etc. [4]

Acheter quoi, pour qui ?

Que racontent ces « chartes documentaires » ? Une fois le pluralisme garanti et les textes éthiques et déontologiques cités, on entre rapidement dans les questions techniques. Car le temps est terminé où, pour constituer une collection, les bibliothécaires se contentaient d’accumuler les documents. Les missions de chaque bibliothèque diffèrent, le public et l’environnement social, culturel et documentaire aussi. Gérer une collection, c’est procéder à des acquisitions de façon raisonnée, selon des axes liés à des missions, à un public, à un territoire. C’est identifier les documents dont la valeur patrimoniale, actuelle ou future, justifie le stockage dans des conditions appropriées de conservation. C’est aussi intervenir sur tout ou partie des collections courantes par un « désherbage » régulier pour assurer la mise à jour et l’actualité des fonds. Les bibliothécaires se dotent par conséquent d’indicateurs de suivi des fonds, traduisant par des tableaux de bord les entrées et les sorties de documents discipline par discipline, et tiennent à jour des plans de développement traduisant en acte les objectifs énoncés dans la Charte documentaire. Grilles d’objectifs, indicateurs d’usages et de circulation des documents... sur le suivi et l’évaluation d’une collection en bibliothèque, la littérature professionnelle a fait ces dernières années des pas de géant.

Les collections ont par ailleurs leur cybernétique propre. Pour les livres, mais de plus en plus aussi pour les documents audiovisuels et multimédia, les fonds se chiffrent en dizaines de milliers, et dans les établissements de taille moyenne, en centaines de milliers. Une telle masse de documents ne « réagit » pas rapidement à des actions d’acquisitions (entrées) et de désherbage (sorties), aussi répétées soient-elles : en raison de cette « inertie » des collections, le travail des bibliothécaires sur les fonds dont ils « héritent » la charge et l’entretien est nécessairement un travail de longue haleine. La qualité du tout y est d’autre part supérieure à la somme de la qualité des parties, et c’est souvent à tort qu’on s’offusque ou se félicite de la présence ou non d’un document dans une bibliothèque : il faut prendre en compte sa place dans la collection, son contexte documentaire, son adéquation aux missions de l’établissement et par-dessus tout, aux besoins du public. Enfin toutes les disciplines ne réagissent pas de la même manière face au temps : un fonds de droit ou de médecine se périme plus vite qu’un fonds d’histoire ou de littérature, mais il est indispensable de réfléchir aussi à l’obsolescence de la littérature. Si, traditionnellement, la place de cette dernière est perçue comme envahissante dans les bibliothèques françaises, souvent pointées du doigt pour leurs faiblesses en sciences et techniques, en sciences sociales ou en droit, le problème ne se résout pas seulement par un accroissement quantitatif des fonds dans ces dernières disciplines. En littérature, la masse critique de documents nécessaires pour répondre aux besoins du public sera toujours plus importante qu’en droit, où pour la même qualité de réponses, il faut surtout entretenir un fonds restreint mais parfaitement mis à jour.

On le voit : il n’y a pas de réponse simple en matière de choix de documents. Encore faudrait-il expliquer les difficultés d’approvisionnement, d’abord en raison des règles sur les marchés publics, pour lesquelles les livres sont considérés comme des « fournitures courantes » ; ensuite parce que, quelle que soit sa subtilité, la mise en œuvre d’un plan de développement des collections reste tributaire de la production éditoriale : dans certains domaines documentaires, la production est si faible qu’il est difficile de tenir les objectifs fixés.

Offre ou demande, neutralité ou prescription

Forts de l’accumulation des expériences collectives, les bibliothécaires ont donc appris quelques principes en matière de choix de documents, parmi lesquels la réflexion sur le public, l’évaluation des collections et, surtout, le travail en équipe. Car acquérir n’est pas un acte solitaire. Voire, les forces contradictoires qui travaillent les équipes font la richesse et la complexité des collections. Divers couples de tensions s’affrontent en effet : tout d’abord l’opposition de l’offre et de la demande, ensuite l’alternative neutralité/prescription.

Depuis l’origine les bibliothèques françaises fonctionnent sur le projet pédagogique républicain, héritier des Lumières et de la Révolution, de la constitution d’une « offre » documentaire fondée sur une conception organisée du savoir. Dans cette perspective, « l’offre » a sa propre logique et la mission essentielle du bibliothécaire est de l’ordonner, de la cataloguer et de la conserver. Au cours du XXème siècle, cette conception des collections a été ébréchée cependant par le tournant culturel de mai 68, puis par le développement des bibliothèque publiques et l’attention de plus en plus grande portée à la question des publics. Plus récemment, l’intégration dans la formation des bibliothécaires de disciplines nouvelles comme la sociologie de la culture et le marketing des services publics a renforcé une nouvelle vision de la bibliothèque, dont la mission ne serait plus la constitution d’une parfaite collection mais la réponse à la « demande » des publics. Une révolution marketing pour les bibliothèques, en quelque sorte : l’activité n’étant plus tournée vers le produit (la collection) mais vers le marché (les publics). Cependant cette nouvelle conception n’a pas chassé l’ancienne. Devant la puissance de la production commerciale de produits culturels, sa « médiocrité » ou son « conformisme », de nombreux professionnels invoquent l’efficacité du modèle pédagogico-républicain pour refuser le modèle marchand... et c’est le retour en grâce d’un savoir organisé, des œuvres utiles et éclairantes, que seuls les bibliothécaires sauraient constituer ! Les bibliothèques oscillent ainsi entre une « économie de l’attention » (au marché, aux attentes du public) et une « économie de traîne » (valorisant les documents ayant un nombre restreint de lecteurs), auxquelles correspondent deux vitesses de renouvellement des collections : rapide dans l’économie de l’attention (ce que les bibliothécaires appellent aussi les « collections courantes »), plus lente et même immobile pour les collections de référence, d’étude et surtout les collections patrimoniales. Tension insoluble, sans doute, mais dans laquelle se met en œuvre le « pluralisme » cher aux bibliothécaires.

Pédagogie, par ailleurs, ou simple médiation ? Les bibliothécaires doivent-ils assumer un rôle prescripteur ou tenter d’y échapper au nom de la neutralité ? Historiquement, la lecture publique en France est issue de traditions héritières de ces deux positions. Des « bibliothèques populaires » du XIXème siècle aux bibliothèques centrales de prêt de 1945 en passant par les bibliothèques issues des mouvements ouvriers, l’idéal est celui d’une contribution aux missions d’enseignement : il s’agit d’instruire, d’éclairer le peuple, de faire son bien avec ou malgré lui. Mais cette tradition le dispute à l’influence « libérale » anglo-saxonne, à laquelle vient s’ajouter pour certains le souci de s’en tenir au rôle de passeur, dans un refus de la pédagogie ou plutôt un parti pris de pédagogie libertaire. Ces derniers, qui ont lu Bourdieu, se méfient de leur propre jugement de goût et ont scrupule à reproduire la culture dominante ; ou refusent l’intrusion dans la vie des lecteurs et veulent garder respect de leur capacité à penser par eux-mêmes. La bibliothèque n’est pas l’école, écrit Michel Melot, « sa grande vertu est de laisser le lecteur à son libre-arbitre » [5]. Celui-ci trouvera son chemin dans le foisonnement des collections. L’enjeu est alors d’être acteur du développement culturel sans contribuer à la reproduction, d’assurer l’accès égalitaire aux biens culturels de qualité sans renforcer les barrières culturelles, les hiérarchies, les sacralisations.

Cette tension ne se résout-elle pas dans le libre accès, principe inhérent aux bibliothèques de lecture publique, qui consiste à offrir simplement l’accès direct aux ressources documentaires, sans médiation, sans préjugé sur les usages ou trajectoires qui y seront à l’ œuvre ? Dans un bel article intitulé Les rayons de la bibliothèque ou comment faire son miel [6], Patrick Parmentier avançait l’hypothèse que le libre accès aux collections d’une bibliothèque permettrait à chaque lecteur, de façon égalitaire, de se constituer à mesure de ses visites un capital d’habitudes qui compenserait le capital culturel, inégalement réparti. Bien sûr, l’aménagement du lieu est loin d’être neutre, et son cloisonnement, ses restrictions d’accès ou les classifications choisies contribuent à la hiérarchisation des documents et des supports. Mais si le libre accès est convenablement organisé, si le recours à la médiation est possible sans être obligatoire (signalétique, recours éventuel à des bibliothécaires) le lecteur peut s’approprier ces pré-requis, et faire son miel visite après visite.

« Art et essai » contre pression du mainstream

La résolution de la pédagogie dans la configuration du lieu pourrait consacrer la victoire d’une conception libertaire de la bibliothèque, si, à l’intérieur même de ce modèle, de nombreux professionnels ne souhaitaient conserver une position de prescripteur. Devant l’agressivité du marché et l’imprégnation des plus faibles lecteurs par la culture commerciale, ou confortés par l’arrivée massive des documents électroniques (sites Internet, information en ligne, cédéroms), dont les modes spécifiques de consultation peuvent conduire à confondre rapidité de réponse et qualité de l’information, beaucoup retrouvent les vertus du modèle républicain, au nom de la qualité des collections et des services proposés, et par crainte que le refus de la hiérarchie des documents ne renforce les inégalités culturelles. Plus que jamais il faut exercer son rôle de guide, ordonner le chaos et poser des curseurs ; l’apparent foisonnement d’informations sur tous les supports est un désordre qui profite aux plus forts, à ceux qui connaissent les codes et les curseurs de la qualité, au détriment des plus démunis, pour lesquels il reste nécessaire « d’organiser l’arbre de la connaissance »...

Est-ce encore possible ? Peut-on encore raisonner en termes de collections, dans un tel morcellement des informations et des supports ? Dès lors qu’avec Internet, les médiathèques donnent accès à des informations qui n’ont pas subi un traitement préalable des bibliothécaires, la partie peut sembler perdue pour les « prescripteurs ». Mais restent les collections, qui perdureront. Grande acquéreuse de documents, la bibliothèque est et restera « acheteur public ». Elle a une force économique et une influence sur le marché. Les « petits » éditeurs, ou plus généralement ceux qui font des choix audacieux en matière de création, en reconnaissent le rôle primordial dans leur développement et leur pérennité. Face au durcissement du marché du livre, et peut-être plus encore des supports audiovisuels, les bibliothèques jouent le rôle de soutien à la création et de résistance aux pressions commerciales du mainstream — de bibliothèques d’« art et essai » en d’autres termes [7]. Et ce dans leur politique documentaire comme dans leur politique d’action culturelle, quand, pour des « animations », elles invitent des auteurs, organisent des lectures, des expositions ou des concerts.

En matière de politiques documentaires, les débats sont donc loin d’être clos. Ce sont ces tensions, ces dialectiques, cette c œxistence pluraliste des contradictions qui épargnent aux usagers le dogmatisme de bibliothèques systématiquement orientées. Leurs collections, durables ou volatiles, s’enrichissent sur cette frontière mouvante entre les missions auxquelles les bibliothécaires tiennent et celles qu’ils acceptent de ne plus maîtriser.

Notes

[1« Poldoc » est à présent un groupe de recherche intégré au sein de l’ENSSIB (l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques, qui forme les bibliothécaires et les conservateurs). On peut consulter ses travaux sur www.enssib.fr/autres-sites/poldoc.

[2Telle qu’elle est définie dans le code adopté en mars 2003 par l’Association des bibliothécaires français (ABF) : cf. www.abf.asso.fr

[3On peut en consulter des exemples sur le site du groupe de recherche « Poldoc » cité ci-dessus, qui recense et mutualise les chartes documentaires de nombreuses bibliothèques.

[4On trouve sur le site de l’ABF (cf. note 2) une rubrique consacrée aux questions éthiques et pratiques de choix de documents, avec notamment une rubrique « Que faire en cas d’urgence ? » destinée aux bibliothécaires en difficulté avec leurs élus.

[5La sagesse du bibliothécaire, Paris, L’ œil neuf, 2004.

[6Bulletin des Bibliothèques de France, 1985, t.30, n°1, pp.46-51.

[7L’expression est de Baptiste-Marrey : Éloge des bibliothèques, CFD éd., 2000.