"c’est à partir de mon genre que je détermine ma sexualité" (Camille Cabral)

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« La sexualité est importante pour les transsexuelLEs, comme pour toute personne », affirme Camille Cabral. « Les gens pensent que les transsexuelLEs sont asexuées. Il y a un tabou. La société n’accepte pas que les transsexuelLEs aient droit à ces choses-là. Ils ne veulent pas reconnaître qu’il s’agit d’une minorité qui a des désirs aussi. » Or la sexualité participe de la construction de l’identité. Par ailleurs, le désir des autres contribue également à tracer les contours de cette identité. Pascale peut se définir en fonction des personnes qu’elle attire : « Nous n’attirons que les hétérosexuels. Ce sont les hommes hétéros qui sont attirés par nous, pas les homosexuels. Moi, j’ai eu envie parfois, mais de l’autre côté, il y a jamais eu d’envie. Je suis classée dans la catégorie Femme. Pour les homosexuels, nous sommes des femmes. Pour les hétérosexuels, nous sommes des femmes. On peut se définir un peu par rapport à ça. » De la même façon les lieux de drague et la codification des comportements délimitent d’invisibles frontières à l’identité transssexuelle : « Tu ne peux plus entrer dans les saunas ou les lieux de drague pédé puisque tu es une femme ; tu ne peux pas accoster un homme dans la rue ou dans les parcs ; tu ne peux pas mettre ta main sur la cuisse et toucher le sexe d’un mec au cinéma ; tu dois te comporter comme une femme. »

Ce qui n’empêche pas de nombreuses personnes de classer les transsexuelles femmes dans la catégorie des homosexuels masculins.

Pourtant, pour Camille les choses sont assez simples : « Effectivement, si je couche avec un garçon, si tu prends mon genre, c’est un acte hétérosexuel, si tu prends mon sexe, c’est un acte homosexuel, un acte biologiquement homosexuel. Mais c’est à partir de mon genre que je détermine ma sexualité. Je suis une transsexuelle femme hétérosexuelle. J’aime les garçons. Je suis attirée par les garçons. Tous mes partenaires sont hétérosexuels, ce sont des hommes à femmes, des hommes qui ont des femmes, qui sont mariés. La transsexualité humaine est très riche, très compliquée. Il y a des transsexuelles qui préfère les femmes. Il y a des bisexuelles. Mais au PASTT la majorité aime les garçons. »