feu de camp chronique de nuit
Il y a des lignes de plongée, dangereuses, même mortelles. Un espace de dominos, de craie écrasée, comme le dessin à la craie qui reproduit le contour du cadavre que l’on a trouvé et qui demeure sur le sol, une fois que la police a emmené le corps et posé les scellés. Il y a des zones, comme cela, dont on délimite le périmètre.
J’ai choisi le camp des bohémiens. Avec ce que cela implique. On croit qu’à un moment le pic à glace vous reviendra dans la tête. C’est un peu excessif.
Des bornes sensibles dans ma tête : je ne dors pas, je me rhabille, je sors de la chambre, couloir, je marche dans le couloir qui ramène au salon. Parfois que le chaos de son âme devienne le chaos de sa vie.
J’ai encore très précisément dans les yeux l’ensemble des stries que griffent dans l’espace les allées et venues de toutes les personnes qui se lèvent dans la nuit et se recouchent alternativement.
Un peu de craie de couleur écrasée sur le sol, le début d’une marelle.
Les scènes érotiques captent, capturent plus qu’aucune autre. Elles captent magnétiquement. Subitement, germe, au coin de mon œil, une scène très violemment érotique, qui concentre mon œil, l’arrondit comme une soucoupe, au point qu’il ne puisse pas se détacher — et reconfigure toute la scène.
Des scènes érotiques s’allument, comme des feux de camp, au coin de mon œil.
Ce que permet plus que tout la circulation dans les couloirs, au détour des couloirs, une pièce surgit, dans laquelle il y a des fantômes invisibles de scènes passées, dont les ondes peuvent nous toucher, comme les ondes concentriques sur l’eau d’une pierre jetée il y a déjà longtemps, nous aspirer dans des cercles.