Vacarme 25
automne 2003

À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 25 (automne 2003), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
chroniques
une journée dans la rade / 4
par François Rosset
Un de mes maîtres, à propos d’un fait politique majeur ayant trait à la puissance industrielle entama ainsi une réunion : « De toute façon, je serai crevé... ». Un homme âgé parlait, je l’écoutais à grand-peine car, simple secrétaire d’Etat, je n’aurais pas dû être présent à ce conseil restreint. Le vieux président parlait, à propos de la Chine, du savoir-faire que nous rétrocédons an après an à cette enclave, et de l’indifférence de nos ouvriers à une déperdition qui devrait les alarmer. Il rappelait que l’on (...) Lire →
c’est très intéressant de regarder courir les athlètes
par Fred Poulet
C’est très intéressant de regarder courir les athlètes, ou sauter, ou lancer des trucs. J’adore regarder les athlètes des journées entières. Et Marie-Jo Perec aussi a regardé des athlètes, parce qu’on l’a retrouvée pas très longtemps avec ses grands yeux désabusés elle nous a dit comme d’habitude que non, ce ne serait pas possible cette fois—ci mais bientôt sûrement.
Claude Serrière fit brusquement irruption dans ma vie, c’est-à-dire qu’il courut en soufflant brusquement au-dessus du jardin. Le village, quand (...)
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midi
par Cole Swensen
Poésie traduite de l’américain par Rémi Bouthonnier.
comment la photographie a changé le visage humain
1
C’est un monument au numéro un.C’est ton visage dans la vitre.C’est quelqu’un que tu ne reconnaîtrais jamais.C’est quelqu’un qui est mort.Pleure. Tu es censé pleurer.Ça secoue la maison, éclate les fenêtresdans un ouragan. Histoire verrouilléedans la pellicule.
2
Et qu’est-ce alors qui est arrivéau visage
Tu passes inciséavant c’était défaitet encore et encoreet nous dirions
ou aurions dit (...)
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carnet italien
par Jean-Claude Lebensztejn
Berlin, juillet 1988 (avec Paul Sharits)
Caravage, l’Amour vainqueur.
Le luth a 7 cordes visibles sur 14, de plus en plus fines de droite à gauche. Le violon a ses 4 cordes, les crins de l’archet sont coincés sous le manche (est-ce possible ?). La musique paraît lisible. Le compas chevauche l’équerre (comme le manche du violon passe à travers l’archet). Des métaphores pour chevaucher ? Le bout du gland de l’Amour avec son ouverture est visible à la pointe du prépuce.
Plumes gris-brun, nettes mais (...)
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traduire les noms propres
par Ryoko Sekiguchi
*Comment traduire les noms propres ? Je ne vais pas pouvoir parler ici d’une théorie bien établie sur la traduction des noms propres, je vais juste évoquer divers questionnements autour du nom propre
*Les noms propres, c’est en général ce qui demeure dans le texte traduit comme le seul témoin du lieu de départ, l’ombre partielle du texte original qui le hante. Ils peuvent se déplacer tels quels au cours de sa transplantation d’une langue à l’autre.
*Je dis ça comme cela. Mais c’est une règle (...)
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le cormoran / un souffle d’âme
par Ariane Chottin-Burger
Deux yeux rouges fichés sur un bâton de suie scrutent l’horizon. Plongent d’un seul coup. Et la mer se referme. Rien ne reste, pas un pli, pas un son. A peine a-t-on vu se dresser ce bout d’observatoire coudé en cintre, qu’il ne nous regarde plus. Il part avec son tuba faire la surprise aux poissons. Mener sa vie sous-marine / Ne dit-on pas que c’est là, justement là, quelque part dans le cou, que l’âme tient au corps ? C’est la fin de la saison. Et te voilà chaussé de grandes phrases, t’est-il si (...) Lire →
John Clare, forêt, amours, folie - poésie
par Anne Bertrand
« Le 8 mars 1860Cher MonsieurJe suis dans un asile de fous et je ne me rappelle plus votre nom ni qui vous êtes. Il faut m’excuser car je n’ai rien à communiquer ni à dire et je ne sais pas pourquoi je suis enfermé Je n’ai rien à dire c’est pourquoi je conclusMes respectsJohn Clare »
vie
Grand poète anglais, fut paysan — de la chaumière où il naquit, à Helpstone, en 1793, jusqu’à l’asile de Northampton où il mourut, âgé de soixante-dix ans. Se loua, travailla dans les champs, les jardins de fermiers, au (...)
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