Vacarme 11

printemps 2000

Vacarme 11

À nos lectrices et lecteurs

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Minorités

les hommes, les femmes et nous : transsexuel/les et transgenres

Auto-fiction

par

On l’aura remarqué, le cinéma contemporain, d’Almodovar à Chéreau, en passant par Cronenberg ou Neil Jordan, met de plus en plus souvent en scène des personnages transsexuels. On s’en réjouit : la fiction a toujours quelques longueurs d’avance sur le politique, quand elle donne à voir un réel privé qui met publiquement en porte-à-faux les catégories officielles. On comprend aussi que les préoccupations à l’œuvre dans les films de certains de ces cinéastes offrent une belle surface d’accueil (…) Lire 

épigraphe : ordonnance du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800)

Le Préfet de Police,
Informé que beaucoup de femmes se travestissent, et persuadé qu’aucune d’elles ne quitte les habits de son sexe que pour cause de santé ;
Considérant que les femmes travesties sont exposées à une infinité de désagréments, et même aux méprises des agents de la police, si elles ne sont pas munies d’une autorisation spéciale qu’elles puissent représenter au besoin,
Considérant que cette autorisation doit être uniforme, et que, jusqu’à ce jour, des permissions (…) Lire 

portraits de groupes : Camille Cabral (PASTT), Joëlle Grégorie (ASB), Armand Hotimsky (Caritig)

par

Le PASTT est une association de lutte contre le sida. L’ASB se bat sur le terrain juridique et législatif. Le CARITIG est un lieu de recherches et d’informations. Ces trois associations de transsexuelLEs sont situées à Paris. Au mois de juin, elles défileront dans le cortège de la Gay Pride. Pourtant, si le PASTT lutte contre le sida aux côtés de Aides et d’Act Up, si l’ASB tient sa permanence au Centre gay et lesbien, si le CARITIG refuse les frontières des genres pour s’ouvrir à la théorie (…) Lire 

les docteurs et la loi

par

Etre transgenre, c’est s’affronter au principe juridique de “l’indisponibilité de l’état de la personne”. Ce principe veut en effet que le titulaire d’un “état” — autrement dit d’un sexe légal — ne puisse en changer de son propre chef. Longtemps, la loi a totalement ignoré la discordance du genre et du sexe. Il a fallu que la transsexualité soit reconnue comme un “syndrome” pour que les transgenres puissent bénéficier d’avancées médicales et juridiques. Mais cela revient à dépendre de (…) Lire 

« comme un danseur classique, et qui change de vie. »

par

Selon l’assertion répandue, transsexuel rime avec prostitution. Camille Cabral en témoigne : « Les gens pensent que tous les transsexuels se prostituent. C’est quasiment automatique. » Elle ajoute : « C’est presque vrai. »
Presque, parce que « la majorité se prostitue, en effet », parce qu’« il y a tellement de résistances qu’il est difficile pour un transsexuel de faire autrement, surtout lorsqu’il est d’origine étrangère. » Entre le lieu commun et la réalité décrite par les membres du (…) Lire 

T1, T2, T3

par

Quatre soirs et un après-midi par semaine, le bus du PASTT sort sur les lieux de prostitution transsexuelle. Le mardi et le jeudi au bois de Boulogne ; le lundi et le vendredi entre la porte de Clichy et la porte de Clignancourt. La permanence commence à 22h et se termine à 2h du matin. Le trajet est le même à chaque fois. Pendant sept ans, le bus du PASTT n’a jamais cessé d’être présent. Ce bus est la première chose que le PASTT a souhaité avoir. Il marque la présence de l’association dans (…) Lire 

bâtiment D5

par

Maïre Tuahiva a attendu pendant deux ans. Elle passa avec succès l’interrogatoire de la police lorsqu’elle fut convoquée au commissariat de son quartier mais pendant les huit premiers mois, le permis ne lui fut accordé qu’à titre temporaire : il s’agissait d’une mise à l’épreuve.
Maintenant, elle dispose d’un permis de visite définitif à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. C’est la « première visiteuse de prison transsexuelle en Europe », dit Camille avec fierté en nous la présentant. Ce (…) Lire 

les migrantes

par

1. Cabaret géographique.
« Toutes les communautés sont là ce soir. » Camille Cabral, en robe blanche, salue ainsi le public essentiellement transsexuel réuni au Tango où le PASTT organise régulièrement des soirées. Et chaque communauté de répondre par des cris et des applaudissements à l’appel : « Les Brésiliennes sont là !... Les Équatoriennes !... Les Cambod-giennes !... Argentina !... Algéria !... » Pour Camille Cabral, les fêtes du PASTT sont l’occasion pour toutes les filles de se (…) Lire 

une définition de soi

par

La formulation de l’identité transsexuelle diffère d’une association à l’autre, d’une personne à l’autre. Elle repose à la fois sur un capital commun, qui constitue l’assise de revendications majeures, et sur la mise en exergue de spécificités : prostituéE, femme, étrangerE, homme, opéréE, non opéréE, françaisE, etc., créant parfois des divergences au sein de la communauté.
Pourtant définir et imposer ses spécificités, c’est enrayer les rouages de la mécanique dominante - qui juge de ce (…) Lire 

parcours d’obstacles

par

Dans la vie, des situations, des démarches ordinaires et simples pour le commun des mortels deviennent des malaises ou des angoisses pour les personnes appelées transsexuelles. Le problème commence dès que l’on entend la phrase : “ Vous avez une pièce d’identité ? ”
Soudain, des facilités, des évidences, se transforment en difficultés.
Pour tout ce qui concerne l’argent et la banque Faire un chèque Ouvrir un compte Fournir un RIB Faire des prélèvements Retirer de l’argent à un guichet (…) Lire 

casting (Pascale Ourbih)

par

Dilemme classique : les médias sont nécessaires aux associations parce qu’ils leur servent de porte-voix. Mais les médias n’entendent souvent que leur propre discours. Le point de vue de Pascale Ourbih, comédienne.
« On a été contacté par quasiment toutes les chaînes de télé, mais pour montrer tout le temps la même chose : vous étiez un homme avant, vous jouiez à la poupée, un jour, vous êtes devenu une femme. Le côté prévention ne les intéresse pas en général ou alors, on dit deux mots (…) Lire 

"c’est à partir de mon genre que je détermine ma sexualité" (Camille Cabral)

par

« La sexualité est importante pour les transsexuelLEs, comme pour toute personne », affirme Camille Cabral. « Les gens pensent que les transsexuelLEs sont asexuées. Il y a un tabou. La société n’accepte pas que les transsexuelLEs aient droit à ces choses-là. Ils ne veulent pas reconnaître qu’il s’agit d’une minorité qui a des désirs aussi. » Or la sexualité participe de la construction de l’identité. Par ailleurs, le désir des autres contribue également à tracer les contours de cette (…) Lire 

Vacarme 11

Vacarme 11 / printemps 2000

Rédaction en chef la revue Vacarme

Parution le 3 avril 2000 Édition Vacarme

Pages 112 ISBN 9782915547825

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