Vacarme 04/05
automne 1997
À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 04/05 (automne 1997), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
le silence de la guerre
Mozart et Van Gogh dans un HLM
par Béatrice Ratebœuf
Mon père était magasinier dans une entreprise d’électro-ménager et athée d’origine protestante. Chaque dimanche matin, il plaçait cérémonieusement la Messe du couronnement de Mozart sur le pick-up, cassait sa longue silhouette dans son fauteuil et écoutait, le visage imperméable. Nous étions tous saisis à la gorge par le cadavre de l’illusion déposée ainsi chaque semaine sur l’autel de sa vie, pendant que, à ses pieds, je passais le peigne dans les franges du grand tapis, ma corvée du (…) Lire →
trésor de cuivre
par Béatrice Ratebœuf
Mon père était allemand, naturalisé français dans les années 1960. Ma mère était alsacienne. En 1942, elle travaillait à Paris pour un marchand de timbres de collection, chez qui elle était en contact avec une clientèle d’officiers allemands. Parce qu’elle était bilingue, elle fut engagée par les Allemands comme interprète à la Chambre des Députés, puis, en 1943, pour un poste à responsabilité au sein des services de sécurité de la police allemande. C’est elle qui recevait les personnes (…) Lire →
les orages
par Béatrice Ratebœuf
Mon père a passé son permis très tard, à plus de cinquante ans, et nous avons tous été malades en voiture jusqu’à notre majorité. Il condui-sait agrippé des deux mains au volant, le chapeau contre le pare-brise, le pied à fond sur l’accélérateur pendant qu’il débrayait. Il dépassait à la manière sportive, en faisant des queues de poisson qui se terminaient par des embardées redressées de justesse. Nous redoutions le moment où ma mère, pour une fois reléguée dans une position d’infériorité, (…) Lire →
plomb et fumée
par Béatrice Ratebœuf
La première fois que nous sommes partis en vacances - c’était en Forêt-Noire - ma mère avait 42 ans, mon père 48. Puis, quelques années plus tard, nous avons passé deux semaines dans une pension de la campagne bavaroise. Comme disait mon père, il n’a plu que deux fois au cours du séjour : une fois pendant huit jours et une fois pendant six jours. Humides jusqu’au fond de l’âme, couverts de piqûres, gavés de charcuterie et étourdis par les châteaux de Louis II, nous étions prêts, mon frère et (…) Lire →