Vacarme 20
été 2002

À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 20 (été 2002), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
chroniques
pouquoi charlie parker est-il mort ?
par Count Basie & Jeff Goldberg
Jeff Goldberg : Pourquoi tant de musiciens de jazz comme Charlie Parker sont-ils morts jeunes ?
Count Basie : Quoi ?!
J. G. Pourquoi tant de musiciens de jazz sont...
C. B. Pourquoi sont-ils ? ! !
J. G. Morts jeunes, ouais.
C. B. Je ne suis pas Dieu !
J. G. Y a-t-il...
C. B. Pourquoi me poses-tu cette question ? !
J. G. Eh bien, parce que je...
C. B. Comment peux-tu poser une question pareille à un homme ? ! !
J. G. Je ne sais pas. Il n’y a personne d’autre à qui le demander.
C. B. (...)
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obituary
par François Rosset
Après sa mort, Guzman vécut une vie plus que réelle, prodigieuse en étendue ; elle se déroula en Europe, sans considération de frontière. Il ne se vit opposer aucun dogme, aucune entrave administrative. Tout naturellement, les cercles les plus fermés l’accueillirent. Il résida à flanc de montagne ainsi que dans ces palais qui mouillent au pied des canaux. Il respira des brumes autant qu’il arpenta, sous la lumière artificielle, les immenses travées que l’on bâtit en marbre sous la terre. Ses (...) Lire →
les âmes
par Frédérique Ildefonse
D’abord, on passe le tunnel de bambou. Ensuite, il suffit par exemple de regarder la mer pour pouvoir y entrer. Les épisodes succèdent aux rêves et aux offrandes. — Il faut que je tourne Il faut que je finisse de tourner pour me retrouver stable Je suis en train de tourner Le nombre des astres est fixe, il y a donc un roulement des âmes. Lire →
tout le monde n’a pas eu la chance etc. etc.
par Fred Poulet
Certains événements, certaines personnes, sont des ensemencements qui font pousser dans notre vie d’interminables branches hybrides. Comment tel adorable étranger rencontré dans notre enfance nous fera aimer son pays inconnu pour toujours. Tel oncle qui nous aura offert notre première guitare sera l’inséminateur d’une vocation. Comment le goût immodéré de nos parents pour telle ou telle activité sera la condition d’une indéfectible aversion. Ce qui fait d’un repas dominical chez mes grands-parents un (...) Lire →
ora
par Grégory Bétend
Jusqu’en mille quatre-vingt huit et depuis mille sept-cent quatre-vingt dix-huit, le bras nord du grand transept n’est pas. Le bras sud ? il reconnut immédiatement la flèche la plus haute sursitaire oui sursitaire. mori, memoria Ora marchait devant, marchait et parlait en même temps, comment vois-tu ceci, comment vois-tu cela, il voudrait dire-encore, il se souvient, son ombre sur les murs, errante, ombre, errant sur les murs.
Il pénètre dans l’avant-nef par le parvis par ce qui devait être (...)
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dans le monde éternel
par Florent Martinez
Ceux qui passent avec moi dans l’étendue libre des allées sentent-ils que la beauté haute et immobile comme les arbres ne nous retient pas plus qu’elle ne nous chasse ?
Aux présences mobiles et un peu raides devant l’immobilité du monde, aux présences vêtues comme elles peuvent pour l’inspection cérémonielle et bâclée de notre passage dans le monde, au rite abhorré du dimanche qui hésite sur le lieu où nous sommes, je ne peux pourtant pas douter d’avoir trouvé — trouvé dans un regret — le monde dans un (...)
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les éphémères / à la rencontre de qui
par Ariane Chottin-Burger
En 1830, Andersen a découvert à Rome, dans un ancien cimetière, une double tombe où étaient inscrits « Rien » et « Ombre » au pied des monuments de l’homme et de la femme.
De toutes petites plantes grasses poussent leurs visages aux papilles grenat au bord des sentiers, à l’ombre de rien. Ce sont des succulentes, à peine dessablées. Des cactées. Parfois leur cœur est jaune. Le soir, d’un mouvement furtif qui ferme leur corolle, leur visage se rétracte sous le sable. Et c’est un étonnement de ne plus les (...)
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les « ci-gît »
par Anne Portugal
murs m’entourant de voisins destin moyen me tirant en arrière et réussir m’eût aveuglément couronné
y mettrais-tu pollux ce bouliste et l’amitié plus arrondie pour regagner la coupe
de nos cœurs il était à tout jamais moderne économique pliable à toutes les jointures
si lent le paysage n’est pas si mal et me convient rien de pesant que l’air de tous les jours et le goût du conservateur
vertes ici les pelouses que l’hiver il oublie et cueille et demain avec son père il dort et qu’il couvre d’un drap
tu (...)
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la concierge revient de suite
par Agnès Minazzoli
Je n’avais pas vu l’aveugle depuis un certain temps. Je m’inquiétais. L’aveugle ? Je ne le connais pas mais je le vois tous les jours et, ce jour-là, rien n’était comme tous les jours.
J’étais déjà dehors. Dans la rue, dans Paris, je marche toujours très vite, l’air plutôt dégagé. Préoccupée, je vais d’un pas plus lent, peut-être. Peut-être était-ce le cas, ce matin-là : qu’allais-je faire de cet homme trouvé à huit heures sur le paillasson ? « Monsieur, vous ne pouvez pas rester ici. La gardienne monte dans les (...)
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