Vacarme 19
printemps 2002
À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 19 (printemps 2002), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
chroniques
sur la figure d’un jaloux absorbé
par François Rosset
Lorvatte est au nombre de mes amis ; en tout cas, je le porte depuis longtemps dans mon souvenir. Certains prétendent que je m’oblige à le fréquenter ! La preuve que c’est là une idée fausse ? Je rencontre toujours Lorvatte en tête-à-tête dans la semaine qui suit chaque réception à laquelle j’ai voulu, au nom de notre amitié, qu’il se joigne, alors que peu m’importe de faire se côtoyer n’importe qui aux mondanités que j’organise ; je n’ai aucunement le souci d’apparier mes invités en (…) Lire →
Rock and Roll all Night
par Fred Poulet
À Salt Lake City, les Russes ont failli se fâcher. L’effrayant monsieur Poutine a grondé les Américains. Sur un mode très néocommuniste — trop d’argent autour de ces jeux. Déclarant en somme qu’il comprend mieux le taux d’hémoglobine de ses fondeuses que le nationalisme américain. Le taux d’hémoglobine. Tu dis moi toutes les choses tu aimes.
Les Américains se sont aussi fâchés parce qu’une juge française a, selon les critères patinesques, odieusement surnoté le couple russe. Évincée (…)
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ne perdons pas courage, c’est beau aussi ce qu’on n’a pas
par Béatrice Ratebœuf
Il n’est pas sportif, mais il est souple parce qu’il est myope (chaque semaine, dans le bain sans ses lunettes, il coupe les ongles de ses pieds en se contorsionnant). Les bras autour des genoux, il roule vers la cuisine en heurtant les meubles. Sa tête crépite de cracs minuscules, ceux des coquilles d’escargot que ses semelles ont écrasées sur les routes humides de la nuit. Ses rêves se font à pied, pas dans une voiture où l’on n’entend rien de ce qui se passe sous les pneus. Il a à peine (…) Lire →
la surface de l’eau
par Frédérique Ildefonse
pour ceux à qui j’en ai parlé ce qu’en ont dit certains les a fait entrer tout droit dans la réalité
les petits enfants, et la tête a failli cogner contre le sol
qui voit la mer et les corps de tambour il arrête
j’attends le cadre de l’image ne bouge pas : sur le balcon la nuit le corps des jeunes filles souffle comme des algues sous l’eau
on me présente les enfants la mer est habitée comme un miroir la grande peur précédente,
sinon ce serait lui qui viendrait dans les rêves.
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le gerris / ai-je assez de courtoisie ?
par Ariane Chottin-Burger
À la surface de l’étang un être d’eau glisse sans s’enfoncer. Ce n’est pas le notonecte qui fait la planche et remonte comme liège, l’air prisonnier de sa toison - une certaine façon de remettre son manteau. Celui-ci a des pattes longues qui le soulèvent à faible hauteur : assez pour qu’un reflet se profile, appliqué en tout point à son ombre vivante. - Comme tu lui ressembles. L’eau et l’air se meuvent séparément, l’une réfléchit l’autre. Seul le ciel se penche. Comme tu lui ressembles. (…) Lire →
la main courante
par Suzanne Doppelt
Prise de service neuf heures ronde Achille et Caïn dix heures retour onze heures ronde Achille et Caïn douze heures retour douze heures quarante ronde Achille et Caïn treize heures vingt retour quatorze heures trente ronde Achille et Caïn quinze heures trente parti fin de service. 9 mai 1967 Dressé observations au Jeune Fierson Thierry, 7 rue des Minimes (prise de ballon cinq fois). Insulte constamment gardes et jardiniers, a des gestes obscènes envers les Jeunes filles, projection de (…) Lire →
Huguette est-elle derrière la porte ?
par Anne Portugal
huguette est-elle derrière cette porte ?
elle sort avec toi je sortais elle s’est tirée je me suis tiré
elle sort tu sors et s’ils continuent tu sors
chacun de son côté
toi avec tes enfants tu as un manteau tu sors
tu laisses passer
ça lui arrive de sortir lui qui vient d’arriver elle laisse son gars derrière cette porte
elle sort avec ses copines part en courant si tu dois te préparer je préfère
il fait la gueule elle sort elle est toujours sortie elle veut sortir
ils (…)
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quatre ans
par Christine Desrousseaux
Martin ne lisait pas la presse locale. Mais il fumait.
C’est donc au café-tabac de son quartier qu’il fut informé de la macabre découverte. Madame Bellet avait été retrouvée chez elle. Ou du moins ce qui restait d’elle. Car depuis quatre ans, personne ne s’était aperçu de son décès. - On est peu de chose, hein ? Quatre ans à pourrir au bas de son escalier. Pauvre femme... lança un homme accoudé au comptoir. - Et les voisins, demanda le barman, ils n’ont rien vu les voisins ? C’était (…)
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