intervention graphique de Jacques Julien
par Antoine Perrot
Et si le sport était un théâtre ? Ou du moins une figure hybride, qui sur une scène improbable, serait à la fois l’acteur, l’action et le décor. Car dans les images (projets de sculptures) que Jacques Julien a réalisées pour Vacarme, il y a simultanément une présence, une absence et un jeu de distances qui inverse les rôles au moment même où nous croyons les saisir : un théâtre de réminiscences. Une présence lorsque la toile de fond rappelle des entrevues de peintures de Magritte, Guston et d’autres, qui elles-mêmes font surgir pêle-mêle d’autres échos : Méliès, Jules Verne, et le théâtre classique quand le support d’un panier de basket pose un genou en terre et déclame. Une absence, car de sportif aucune présence, ni même d’ombre, comme si la disparition du corps humain projetait l’étrangeté d’une solitude que seul le sportif connaît dans ses exploits. Enfin, c’est dans un entre deux, où le panier de basket dans ces multiples métamorphoses rappelle la mélancolie de l’exploit inutile, que surgit un pingouin égaré sur un possible Radeau de la Méduse et confronté à l’univers comme le Moine au bord de la mer de Caspard David Friedrich.
Le titre de la série de maquettes de Jacques Julien (publiées pages 13, 17, 23, 27, 31, 35, 39 et en quatrième de couverture de la version papier de ce numéro) est Le petit théâtre des empathiques. Cette intervention graphique ne peut être vue que dans la version papier de la revue.