Invitation de l’Amiral Canevaro ministre des Affaires Étrangères du Royaume d’Italie aux Ambassadeurs des Puissances étrangères à Rome, 29 septembre 1898.
« Les gouvernements se trouvent, depuis plusieurs années déjà, dans l’accomplissement de la tâche qui leur est réservée de veiller à la sécurité de l’État et à celle des citoyens, en présence d’un fait dont la gravité est exceptionnelle et qui réclame au plus haut degré leur attention et leur sollicitude.
Dans tous les pays, les autorités signalent l’existence d’une classe, plus ou moins nombreuse, d’hommes de principes pervers dont la caractéristique est fournie par le fait que leurs agissements et leurs crimes n’ont d’autre but, que celui ouvertement avoué du reste, de saper les bases sur lesquelles est assise la société, telle qu’elle est actuellement constituée, et de la bouleverser de fond en comble.
Ces exaltés qui ne reculent devant l’accomplissement d’aucun attentat, des plus féroces comme des plus insensés, font profession de principes qu’ils dénomment eux-mêmes « principes anarchistes » et qu’ils colportent dans leurs pérégrinations à travers l’Europe, aidés dans cette propagande par une presse clandestine qui ne cesse de faire appel à toutes ces violences, qui glorifie les crimes les plus odieux et les préconise comme les moyens les plus efficaces pour poursuivre à outrance la guerre déclarée à la société toute entière.
Les gouvernements se sont appliqués jusqu’ici, par la stricte exécution des lois existantes et dans quelques cas, par l’adoption de mesures exceptionnelles, à enrayer autant que possible la propagation de ces théories criminelles. Il est constaté cependant que ces efforts, restés jusqu’ici isolés, ne sont pas suffisamment efficaces pour dompter le mal, et pour avoir raison des menées par lesquelles les anarchistes de tous les pays cherchent et parviennent quelquefois à s’entendre, à s’entraider, à s’organiser. La nécessité semble dès lors s’imposer aux gouvernements qui se sentent solidaires face au danger commun de se mettre en mesure de pouvoir se prêter mutuellement un concours continu, établi sur un système de commune défense, étudié dans tous ses détails. (...) »