(cosmiques joyeux)
par Nicolas Lenoir

poème de la photo de profil
Se baigner presque en gris dans la mer presque beigeAvec juste un petit peu de bleuEt quelques nuages qu’agrègeSur l’océan mouillé le Tout miraculeuxCampé là droit debout les épaules trapèzesRien devant ni derrière un peuL’horizon lointain que je baisePar l’Océan épais dans mon dos si je peux
Morbihan, septembre 2014
chanson d’anniversaire
Six avril : le soleil d’hiverM’offre un festin d’anniversaireDe grand bleu et de joie rentréeSortez tables sortez couvertsCoupes de champagne légèresEt laissez-moi me rencontrerJe me sens comme la rivière,Comme le marcheur solitaireQui va suivant le lent courantJe me sens comme la vipèreComme la mue de la vipèreQui se regarde aller devantSix avril : dans le printemps clairJ’anticipe un sept et j’espèreQue je ne vais pas me raterQue je ne vais pas me ratant.
Rouen, 6 avril 2000
rien
J’ai lancé dans les girouettesUn peu de braises de gala :Du mauve, du bleu, pour la fête,Des fraises fraîches trouvées là.J’ai pris mon pouls, scruté la lune,Poussé mon pas au halo bleuEt prolongé, fuyant l’enclume-- Au coin droit de la masse un peu.J’ai cru, sous un toit de colchiques,En quille renversée d’azur,Pousser, au vent anachronique,La plainte des vieilles masures.La rose s’ouvre… à peine offerte,Écartant hors l’écran ses bras,La cuisse en contrebas ouvertePour un moment de débarras.-- De l’embarras. Framboises, dunes,Trouvées là par cliques au mieux,Petites folles d’infortunesPulvérisées parmi les cieux.Ondes, vous avez la musique,Souple au mieux, ronde, à l’aventureDessinée dans les cieux pudiquesQue rien n’éveille que mon pas.
Mars 1999
une petite fille et sa mère à la plage
Très petite, quand elle sauteLes vaguelettes en riant,On dirait un vieil astronauteà l’apesanteur s’essayant.Sa mère se tient tout près d’elle,Dans ses bonds lui tenant la main.Elles rient : « En voilà de belles ! »-- Qui ne mouilleraient qu’un lapin.La plage : « On revient sur la côte ! »Saura-t-elle dire demain.La mer est encore assez haute ;Et sa mère lui tient la main.Elles sont seules ; d’un coup d’aile,Le vent leur montre le néantEt tout, et les choses bien belles :Et le Beau l’aspire, béant.Elle est petite, et si elle ôteLe Reste à la Main qui la tient,Ni joie, ni promesse, ni faute,Ne la gêne entre Tout et Rien.Elle est seule au monde et sa mèreLui fait beau son miroir d’enfant.Elle ne voit que l’Univers,Que Rien, et rien ne l’en défend.
Pirou, 1er août 2003
Post-scriptum
Nicolas Lenoir est né dans la Manche en 1970. Il enseigne la langue et la littérature du Moyen Âge à l’Université de Rouen