Vacarme 66 / Cahier

Crise d’octobre 2013, dite « crise de la salle de consommation » Florilège : la France s’en sortira-t-elle avec ses drogues ?

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Du côté des acteurs de la réduction des risques liés aux usages des drogues et du secteur des drogues en général, [au lendemain de la recommandation du Conseil d’État suspendant l’ouverture de la salle de consommation], c’est bien évidemment le tollé. Et tous réclament, comme le suggère également le Conseil d’État, un changement de la loi. Florilège de réactions des associations, ou comment dire la même chose mais différemment, à la manière d’un Cyrano parlant de son nez.

Psychorigide

"Une salle de consommation de drogues n’est pas conforme avec la loi du 31 décembre 1970. Il faut inscrire le dispositif dans la loi."

Conseil d’État

Comblé

“Merci au Conseil d’État pour son travail de clarification, il faut donc changer la loi.”

Asud

Autoritaire

“Je demande au gouvernement de mettre en œuvre sans délai, et sans nouvelle tergiversation, la recommandation du Conseil d’État, et que le texte de loi soit soumis dans les meilleurs délais au Parlement”

Alain Lhostis, Conseiller de Paris du Xe arrondissement

Promotionnelle

“La charte « pour une autre politique des addictions » signée par 1800 personnes et qui a permis de dégager un large consensus parmi les professionnels est un point d’appui pour engager ce processus de révision de la loi.”

Laurence Cohen, sénatrice du Val de Marne, initiatrice de la charte en question

Jaloux

“Les associations plébiscitées dans ce genre de situation sont toujours celles qui sont financées par l’État, souvent à coup de millions d’euros. C’est un éternel problème en France car on donne toujours de l’importance et de la visibilité aux organisations associatives favorables à l’utilisation des drogues.”

Parents contre la drogue

Soulagée

“Cette décision retardera l’ouverture de plusieurs mois et probablement pas avant les municipales.”

Anne Hidalgo, candidate à la Mairie de Paris

Minimaliste

“L’A.N.P.A.A. demande au Ministère des affaires sociales et de la santé de ne pas renoncer”

ANPAA

Visionnaire

“Comme le prouve l’expérience menée en Suisse, il serait souhaitable d’envisager la distribution d’héroïne médicalement supervisée pour rendre plus efficace le programme de Salle de consommation à moindre risque.”

Cannabis sans frontières

Frustrés

“Les preuves de la solidité scientifique des salles de consommation ne sont plus à démontrer. Validées par l’INSERM et expérimentées dans de nombreux pays, les salles de consommation à moindre risque permettent la diminution de la consommation dans les lieux publics, la réduction des comportements à risque et de la morbidité associée au VIH et aux VHC ainsi que la diminution des overdoses mortelles. Le dispositif répond également à un enjeu de sécurisation des espaces publics.”

Gaïa et Médecins de Monde, gestionnaires de la future de salle de consommation

Insoumise

“Les acteurs de la réduction des risques liés aux usages de drogues prendront leurs responsabilités. Nous n’avons jamais attendu la loi pour avancer.”

AFR

Métaphorique

“Au nom d’une loi dépassée, le Conseil d’État nous empêche de développer des outils nouveaux, largement expérimentés et évalués dans d’autres pays européens. Ordonnera-t-il aux policiers de poursuivre les dealers avec une 2 CV, d’utiliser un téléphone en bakélite ?”

Fédération Addictions

Critiques

“Depuis quarante ans, nos politiques publiques concernant ces substances illicites ne marchent pas, explique Catherine Lemorton. On a la loi la plus répressive d’Europe qui a abouti à un échec évident, pathologique pour la société.”

Groupe des députés socialistes

Suspicieux

“Que cette expérimentation n’ait pas été mieux bordée par le gouvernement nous interroge et nous met en colère. Le Conseil d’État a certes adopté une lecture stricte de la loi de 70 (en occultant la loi de 2004 définissant la réduction des risques), mais ne fallait-il pas s’y attendre ?”

Réseau Français de Réduction des Risques

Obéissant

“Le gouvernement va travailler avec les acteurs concernés par ce projet à la sécurisation juridique de ce dispositif.”

Ministère de la Santé

Malicieux

“Le gouvernement pourrait cependant s’appuyer sur l’article 4c de la Convention Unique de New-York de 1961 relative aux stupéfiants prévoyant des dérogations à la prohibition à des fins exclusivement médicales et scientifiques.”

La fédération des CIRC

Accusateur

“L’un des arguments mis en avant pour défendre la loi de 70 est le fait qu’elle ne serait jamais appliquée ! Cette décision montre tout le contraire. Ce sont les usagers qu’elle condamne et elle risque de fait d’en condamner certains à mort.”

Hôpital Marmottan

Post-scriptum

Fabrice Perez est membre de Techno +. Ce texte a initialement été publié sur le site de l’association : http://www.technoplus.org/t,1/2698/C-est-un-peu-court-veil-homme...---Edito-du-16-octobre-2013