ma plume est à vous

Madame Marret est présidente de l’association loi 1901 Ma plume est à vous qui met à disposition, à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, des écrivains publics bénévoles.

C’était il y a trois ans. Dans un centre social d’allocation familiale, j’ai vu une personne brandir un dossier qu’elle ne savait pas remplir. À l’accueil personne ne voulait l’aider. Elle ne savait pas lire, je me suis proposée. Quelques jours après, j’ai eu une demande du chef de centre qui m’invitait à venir travailler trois heures par semaine. J’avais des notions de droit du travail, mais aucune expérience du travail social. Je me suis replongée, à cinquante-huit ans, dans les livres. Et puis nous avons dû passer à trois permanences... J’ai appelé une amie à la rescousse. Nous avons fonctionné comme ça pendant six mois. Ensuite, la CAF et la DASES nous ont demandé de créer une association.

Nous remplissons tous les dossiers des personnes qui viennent nous voir : demande de logement, d’allocation familiale, inscription aux ASSEDIC, dossiers de surendettement, d’allocation handicapés, reconstitution de carrière, naturalisation — quand il y a eu les dossiers de sans-papiers, nous avons fait ces dossiers. Il y a aussi les papiers moins ou pas du tout administratifs : nous écrivons, nous lisons le courrier privé, nous remplissons des déclarations de dégâts des eaux, d’accidents de voitures... Nous les aidons pour toutes les démarches de la vie courante. Le public qui vient est très fragilisé. 30 à 40 % sont Français, les autres sont immigrés. Il s’agit d’abord de Maghrébins, puis d’Africains, de Sri Lankais, de Mauriciens, Yougoslaves... Certains d’entre eux n’ont aucun moyen, ou sont au RMI longue durée, certains sont des SDF et ont perdu leurs papiers. Beaucoup ne savent ni lire ni écrire, y compris dans leur langue. Mais il y a aussi des jeunes scolarisés, qui ne savent pas bien lire et qui écrivent en phonétique.

En 1997, nous avions 3500 rendez-vous ; en 1998, nous en avons eu 5865 et dans les six premiers mois de 1999, 4225. En 1997, nous avions douze permanences de trois heures, en 1998, dix-huit permanences et aujourd’hui, vingt-deux. Nous commençons à être présents dans des mairies d’autres arrondissements et dans un centre social du XXe, à leur demande. Nous tiendrons une permanence à la Croix-Rouge de la rue des Abbesses pour venir en aide spécifiquement aux personnes âgées. Par ailleurs, nous allons mettre en place des cours d’alphabétisation.

Je ne travaille pas directement avec le Groupe Permanent de Lutte contre l’Illettrisme, je le regrette d’ailleurs... J’ai assisté au mois de mai à une réunion au sujet de la lutte contre l’illettrisme, mais je n’ai pas de nouvelles depuis. Le problème est que nous travaillons tous dans notre coin. L’idée d’une fédération serait intéressante. Cela dit, si nous avons la même optique, les méthodes sont très différentes.

Le site de l’association

Post-scriptum

Cet article a été publié en 2000 dans le numéro 10 de la revue. Depuis, les activités de l’association ont changé. À leur demande, nous vous précisons qu’ils ne rédigent pas de correspondance privée et ne font pas de courrier pour les sans-papiers.

Ma Plume est à vous : 6, avenue de la Porte-Montmartre, 75018 — Paris. Tél. : 01 42 23 86 53.
Permanence du lundi au jeudi, de 9 à 12h, et de 14h à 17h et le vendredi de 9h à 11h.