Vacarme 07
hiver 1999

À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 07 (hiver 1999), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
Chantier
la sécurité, une valeur de gauche ?
l’alchimie de Villepinte
par Stany Grelet
On dira : « Vous êtes naïfs ; la gauche, de Clémenceau à Deferre, n’a pas attendu Chevènement pour manier la matraque ». N’empêche. Si elle l’a toujours fait, maintenant elle en parle, et fièrement. Les grises nécessités du pouvoir ont été converties en discours. Au prix, il est vrai, de quelques manipulations symboliques.
Nous sommes à Villepinte, à la fin du mois d’octobre 1997. Un parterre de préfets, d’élus locaux, de responsables associatifs et de journalistes écoutent attentivement (…)
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autour du pot
par Stany Grelet
Il est toujours plus facile, évidemment, de démonter des discours plutôt que d’analyser des pratiques. Le discours sécuritaire de gauche, pourtant, suscite un irrésistible désir de citation in extenso et d’analyse rhétorique. On y découvre alors d’étonnantes régularités et d’inquiétants accents.
Dans ce discours sécuritaire qui fut longtemps son monopole, la droite avait mis le meilleur d’elle-même : franc-parler, bon sens, virilité. Malgré beaucoup de bonne volonté, le camp adverse ne (…)
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police justice : état des lieux
par Stany Grelet & Mathieu Potte-Bonneville
entretien avec Catherine Vannier (SM) et Yvon Castel (FASP) Lire →
big brother is watching himself
par Yves Pagès
Un utopiste du siècle passé - Fourier sans doute - proposait ingénument que nous retournions tous nos vestes de devant derrière. Ainsi l’espèce humaine serait-elle acculée à une solidarité minimum : chacun ayant désormais besoin d’autrui pour se reboutonner le dos. Ce bienheureux penseur venait à son insu de réinventer le principe de la camisole de force. Puis vinrent les camicia nere de Mussolini, les chemises brunes, rouges, hawaïennes, les cols dits Mao... : un siècle de basse couture, (…) Lire →
treillis et cravate - sécurité, le point de vue des managers
par Karl Wass
Depuis une dizaine d’années, le secteur privé s’est approprié le langage et les pratiques de la sécurité publique. Le monde discret de la sécurité des entreprises, peuplé d’anciens responsables des services de police ou de renseignements, est en plein essor et les multinationales dépensent de plus en plus d’argent pour se protéger. De quoi, et surtout à quel prix ?
Une multitudes d’ouvrages, d’articles et de discours ont été consacrés aux « dangers » qui menacent le secteur privé. Ceux-ci (…)
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que sait la police ?
par Fabien Jobard
Depuis le XIXe siècle, la sécurité n’est pas seulement objet de souci, ou affaire de force : elle s’inscrit dans le champ d’un savoir qui prétend à la fois établir ses modalités et justifier son exercice. Mais comment ce savoir est-il produit, et à quoi sert-il ?
Les interventions du secrétaire perpétuel de l’Académie française Maurice Druon ne rencontrent pas l’écho qu’elles méritent. M. Druon avait pourtant, un jour, manifesté au président de l’Assemblée nationale, dans les colonnes du (…)
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hautes études
par Fabien Jobard
L’exemple français montre quelles difficultés la réflexion sur la sécurité peut rencontrer, lorsqu’elle prétend déborder le seul savoir policier.
Le savoir sécuritaire est principalement et originellement un savoir policier ; il est secondairement et récemment un savoir universitaire. En France, une institution telle que l’Institut des hautes études de la sécurité intérieure (IHESI), créée par le ministre Pierre Joxe à la fin des années 1980, est un lieu marginal (en termes de budget, (…)
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un lycée
par Mathieu Potte-Bonneville
En Seine Saint-Denis, tous les établissements scolaires ne sont pas gris, ni pris de la même façon dans la tourmente de l’insécurité. Mais que voit-on, lorsqu’on enseigne justement dans un lycée un peu gris, à l’écart de cette violence extrême dont le foyer semble toujours ailleurs ? Surprise : si la demande sécuritaire y apparaît constante, ses usages multiples en dispersent l’apparente unité, la font éclater en un nuage de soucis, de pratiques et de jeux de pouvoirs. De quoi avons-nous (…) Lire →
« il est temps que les bons se rassurent, et que les méchants tremblent. »
par Pierre Zaoui
La gauche de gouvernement dit : il est temps de cesser d’opposer la liberté à la sécurité. Il est temps d’exiger, pour le peuple, un peu de sûreté. Tout cela nous pourrions le dire aussi. Il n’est pas sûr, toutefois, que notre ton lui plaise.
Les exigences de sécurité sonnent désagréablement aux oreilles de la gauche d’aujourd’hui. Peut-être depuis Rousseau, c’est-à-dire depuis cette idée que la vraie liberté serait la liberté de décider de tout pour soi, de se prescrire à soi-même ses (…)
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leur sécurité contre la nôtre
par Stany Grelet
« Quand elle s’était retrouvée face à lui, à le regarder droit dans les yeux, elle avait quelque chose qui l’avait arrêté net. L’avait fait reculer d’un pas à chaque tressaut du cœur du bébé, jusqu’à ce qu’enfin il n’y en eut plus. - « Je l’ai arrêté », dit-elle en contemplant l’endroit où se trouvait jadis la palissade. « J’ai pris mes bébés et je les ai mis là où ils seraient en sécurité. » La scène a lieu dans un État américain du Sud, peu avant la guerre de Sécession. Sethe, une esclave (…) Lire →