Vacarme 25
automne 2003

À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 25 (automne 2003), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
Chantier
le secret
dévoiler, se dévoiler
avant-propos
par Fabien Jobard
N’avoir rien à cacher ; se cacher pour être heureux : deux exigences adressées à soi, ou à autrui, qui sont aussi deux formes concrètes d’engagement. Le secret se situe à la démarcation entre ces deux choix. Certes, lorsqu’il revient sous l’aspect du complot ou de la conjuration, le secret se pare encore des atours de l’occulte, dont quelques uns entretiennent le commerce. Mais, au-delà, il traverse et travaille la vie collective dans ses préoccupations les plus routinières, qui sont aussi parfois les (...) Lire →
du lit de la tyrannie au droit à l’indifférence
par Yannick Barthe, Emmanue Didier, Cyril Lemieux & Dominique Linhardt
La légitimité du secret est toujours plus discutée. Pourquoi alors les pratiques de dissimulation subsistent-elles ? C’est que le secret incarne toutes les ambiguïtés démocratiques : on le refuse souvent à autrui, quand on ne cesse de le réclamer, à bon droit, pour son propre compte.
C’est un petit badge que l’on peut télécharger, en ce mois de mars 2003, sur le site internet du magazine américain The Nation (). En lettres blanches sur fond violet, juste trois mots : « Secrecy Promotes Tyranny ». La (...)
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votre vie privée contre la nôtre
par Act Up-Paris
Nous reproduisons ici la tribune que l’association Act up-Paris avait publiée dans Le Monde daté du 26 juin 1999. Ce document sur la dissimulation et la révélation répondait alors aux attaques acérées et multiples dont Act Up avait fait l’objet lorsqu’elle menaça de recourir à l’outing.
Délation, inquisition, pratique policière, terrorisme, totalitarisme, fascisme, etc. La presse n’aura pas manqué de vocabulaire pour dénoncer notre projet de outing. Nous nous sommes déjà exprimés sur les raisons, peu (...)
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enquête sous le regard public
S’il est un domaine qui semble tout entier fait de secret et de stratagèmes, c’est bien celui de l’enquête policière. Mais quel usage est-il fait du secret, et quelle en est la nature, lorsque l’enquête est menée sous le contrôle de l’opinion, et veut faire la lumière sur des opérations de police ? Cette tension définit, en quelque sorte, la commission d’enquête, institution majeure, en Amérique du Nord, de l’exigence de publicité et de transparence, mais aussi du rapport à la puissance publique. J.-P. (...) Lire →
archives en suspens
Dépositaires des choses passées, nos archives sont la trace de ce qui n’a pas été détruit, de ce qui a échappé à ce silence tombal qui menace tout écrit dont nul ne se serait soucié de la conservation et de la publicité. L’archive est toujours, de cette manière, une rescapée du secret scellé par le temps. Préférer la conservation à la destruction, c’est s’engager, et engager les générations qui viennent, quant au partage entre le secret et le public.
Un engagement, donc, pour la sauvegarde des archives comme (...)
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la loi, les archives, l’histoire
par Sébastien Laurent
Comment écrit-on l’histoire ? Cette question revient fréquemment dans le débat public, à propos de Vichy, ou de la guerre d’Algérie. Dans l’enceinte parlementaire, on vit récemment un Premier ministre plaider pour une ouverture plus large des archives publiques. Or, puisque l’histoire s’écrit essentiellement à partir d’archives, les liens doivent donc être questionnés qui unissent les archives, la recherche historique et le droit : y a-t-il un « secret des archives » qui entraverait l’écriture de (...) Lire →
« en alerte face à l’histoire »
Revenant sur le silence du 17 octobre 1961, nous avions rencontré il y a quelques années Brigitte Lainé et Philippe Grand, archivistes depuis 1978 aux Archives de la ville de Paris. Un an auparavant, en mars 1999, ils avaient en effet répondu à la convocation du juge et témoigné en faveur de Jean-Luc Einaudi, mis en cause par Maurice Papon, préfet de Paris en octobre 1961, dont J.-L. Einaudi avait affirmé qu’il était le responsable d’un « massacre ». Le juge avait alors débouté M. Papon de sa plainte (...) Lire →
le secret et la prophétie
par Florent Brayard
Le ministre est l’affidé du prince : il prolonge le mystère de sa charge. Pourtant, l’indubitable stupéfaction de Gœbbels, lorsqu’il découvre ce qu’est vraiment le génocide des Juifs d’europe, oblige à renverser le secret, pour le penser comme forme même de son contraire, la prophétie.
1.
Les juifs vont à présent être expulsés vers l’Est à partir du Gouvernement général, en commençant par Lublin. Il est employé ici une méthode passablement barbare et qui n’est pas à décrire plus avant, et qui des juifs (...)
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pragmatique du secret médical
par Élise Bourgeois-Fisson, Sylvain Dambrine & Jérôme Martin
Le secret médical est souvent le paravent du corporatisme des médecins, qui vont jusqu’à contester aux malades la consultation de leur dossier. comment défendre le secret ? Comment le contester, aussi, même d’un point de vue de malade, sans donner plus de prise au pouvoir ?
« Le secret médical n’a pas été fait pour qu’on taise des risques ! » Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2003 à l’Assemblée Nationale. « Rompre le contrat de confiance entre le praticien et le malade, c’est transformer le premier en flic et (...)
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vœux bien nus de nos cols hauts de viles pentes
par Gabriel Costes
L’art de gouverner s’est doté au fil des siècles de savoirs propres, avec leurs dépositaires et leurs techniques. Les secrétaires d’État, d’abord « clercs du secret » sous Philippe le Bel, enrichirent ainsi l’art de maintenir et partager les secrets du Prince des affaires publiques. À l’âge classique, les techniques de sceau et de cachet, mais aussi les techniques cryptogrammatiques de toutes les sortes, se déployaient alors même que le Prince ne pouvait, déjà plus, se soustraire à l’exigence de (...) Lire →
une ténébreuse petite affaire
par Fabien Jobard
Sous le silence, on veut entendre le stratagème du complot, là où il n’y a trop souvent que l’immuable pesanteur de la société. Le dévoilement devient alors un exercice, qui refuse le spectaculaire, mais exige l’engagement ; et découvre un peu ce que la représentation politique dissimule.
Il prit contact avec moi l’hiver dernier. Il ne voulait pas « en » parler au téléphone. Nous avons donc pris rendez-vous dans un café bruyant à Paris, un samedi après-midi. Jean-Claude est (aujourd’hui, il faut dire : « (...)
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