Vacarme 12
été 2000
À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 12 (été 2000), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
chroniques
ubi est ?
par Suzanne Doppelt
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sequelles
par François Rosset
Le plan de coupe de ton cerveau. Les ravages qui s’exercent à sa surface, le nombre de rayures qui peut être dénombré en elle. L’assèchement de la faculté de découvrir. La restitution du moyeu au moyeu, de la pierre à la pierre, de la clavicule à la clavicule, du satrape à la compagnie du satrape : commodités engendrées par les ans, par la faillite de l’engouement, celle de la joie, tandis que ces rayures que tu croyais bénignes se creusent de plus belle. Incessamment elles obnubileront tes (…) Lire →
remontant ou descendant le fleuve
par Frédérique Ildefonse
— Tu pars maintenant. Tu es déjà sur le chemin, tu le sens.
Si tu restes, bientôt, tu bougeras encore moins qu’elle, de façon
plus définitive. Tu seras ouvert au reste, ton corps se sera
détaché de ton autre corps, mortel, et je me demande finalement
si je dois t’offrir cette délivrance.
Elle parlera, tu peux être sûr, avant même d’en arriver
à cela que tu effleures, du bout de ta langue, parce que
déjà je pense la sectionner avec mes dents, si tu t’approches
encore.
Crois-moi, un (…)
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Dans le chat
par Emmanuel Bonetti & Samson Sylvain
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la défaite (notes pour une encyclopédie)
par Mathieu Potte-Bonneville
Ces quelques notes, hâtives et brouillonnes, pour un livre qui peut-être ne paraîtra jamais — à vrai dire, je ne crois pas que l’on écrive ce genre de livres. (À vrai dire, je ne sais pas non plus si on publie ce genre de notes.) Mais le livre, contradictoirement, devrait parler de cela, valoir pour toutes les notes qui jamais n’ont de suite, qui s’échouent et s’épuisent d’être seulement notées et tendues vers un livre trop haut pour elles. Des pensées qui font immédiatement faillite, (…) Lire →
ultime menu en l’honneur de quatre lecteurs de Vacarme
par Michel Celse
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mouvements d’anémone
par Ariane Chottin-Burger
Klein disait à Linnæus : « Supposez que l’on donne du poil au lézard, ce sera une belette. » C’est une erreur.
Cuvier, Histoire des sciences naturelles.
L’été aux champs. Miroitent des étoiles, des ophiures, des oursins aux armures globuleuses, des holothuries couvertes de papilles colorées ; limaces et lièvres de mer se déplacent lentement ; les jupons translucides des méduses s’évasent et se retroussent. Posés aux fonds sableux, gorgones cramoisies, vérétilles, fouets et coraux tendent (…)
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Nana Frasina
par Salvatore Puglia
Il y était une fois, dans les très lointaines terres où le soleil se lève, un pays qui s’appelait Moldavie, et dans ce pays il y avait un village de paysans qui était nommé Popeshti, et dans ce village de Popeshti il y avait une maisonnette peinte en bleu, et dans la maisonnette habitait une vieille dame qui s’appelait Frasina, mais que tout le monde là-bas appelait Nana, ce qui veut dire "marraine" dans la langue des Moldaves de là-bas.
Nana Frasina commençait tôt sa journée : à quatre (…)
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des ciseaux pour Murati
par Fred Poulet
Edwin Murati est un footballeur au destin hors du commun. Il veut jouer et accepte mon pays pour ne rien regretter.
La chance est tombée malade. Je les énervais parce que j’étais petit, ouvert et généreux.
Je suis allé raconter son histoire à l’armée rebelle un soir de novembre 1975 à Tirana, Albanie.
Sa vie, elle est déjà jouée, à chaque match, ça, je le comprends. Mais le désir est trop intense. Cinq ans plus tard, il se trouvait à Athènes deux nuits dans un jardin public pour aider (…)
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la femme perdue
par Pierre Alferi
Refusant l’obstacle des films récents passables (American Beauty, Man on the Moon), notre chronique remonte le temps. Le curseur est tombé quelque part entre 1934 et 1940. Du jour au lendemain — dimanche à la cinémathèque, lundi dans l’une des nouvelles salles de Beaubourg — passèrent deux raretés mineures qui racontent la même histoire et partagent même un second rôle (un juge devenu curé). Dans Waterloo Bridge (La valse dans l’ombre) comme dans We Live Again (Résurrection), une ingénue (…) Lire →
les images
par Frédérique Ildefonse
2 Mai 1987
Parfois il y avait dans sa tête comme une assemblée d’images. Mais la plupart du temps cela ne se passait pas ainsi. C’était d’ailleurs assez difficile à décrire. En cela c’était bien ordinaire et presque embarrassant. Pourtant c’était précisément ce qui lui semblait la composer comme une orange, des quartiers étoilés qui se détachent, l’un après l’autre, avec une élasticité délicate. Elle n’y prenait pourtant pas que du plaisir, pour qui voulait corriger encore, dans la mesure (…)
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l’appartement
par Frédérique Ildefonse
19 mai 1987
Le lieu pouvait changer d’âme, mais chacun, compte tenu de l’expérience qu’il avait eue de l’appartement dans les années et les saisons précédentes, reconnaissait qu’il était merveilleux au coeur de l’hiver, lorsque la neige recouvrait totalement les alentours, et au coeur de l’été, lorsque toute peur s’estompait, et que les locataires jouissaient pleinement de la chaleur qui effaçait tous les signes d’une époque. Jamais rien ici ne creusait la place de l’ennui, et aucun ne (…)
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Ka, Djed, Djed II
par Hélène Nancy
pour Fat, Sa, Ja, Ma (Ka)
Égypte, Hikuptah : le palais du ka de Ptah.
Momie tête rasée, Ptah. Thot est sa langue : r gr.(w) n mdw.n=f
Hathor, Mout, elle vient étant grande, Iousaâs, un scarabée sur la tête. L’autre, Seshat, sa tête, nul n’en sait le secret. Kefthernébès face à son seigneur dans la nécropole de Thèbes qui a existé avant tout autre lieu. Colonnes palmi, papyri, lotiformes.
Cobra, taureau dans les étoiles, hippopotame gras à la poitrine humaine, Ti le chasse au harpon (…)
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la pauvreté, la gauche et le christianisme : fait ou devenir minoritaire ?
par Pierre Zaoui
La misère, on sait toujours un peu ce que c’est : tous ces corps défaits, ces demandes sans attente, ces refus sans orgueil ; être tenaillé par la faim, le froid, l’envie, la désespérance du vide de tout, et se dire que ça ne peut pas durer, et que pourtant ça dure, sempiternellement. En revanche, il n’y a même pas à proprement parler d’images d’Épinal ou de poncifs de la pauvreté. Même pas d’images : ni riche, ni mendiant, ni marginal — il y en a tellement —, ni majoritaires — on ne les (…) Lire →