Vacarme 12

été 2000

Vacarme 12

À nos lectrices et lecteurs

Ce numéro, Vacarme 12 (été 2000), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.

Éditorial

a better tomorrow ?

par

Bruce Willis, psychanalyste mort ruminant un échec thérapeutique, se promène dans Philadelphie avec ses camarades zombies, vaincus revanchards, victimes sans humour aucun. Ils font une peur bleue aux petits enfants. Christopher Walken, guerrier prussien à moitié décomposé, sort furieux de sa tombe pour couper la tête des paysans moyens riches des environs. Et Nicolas Cage voit Lazare ressusciter dans Hell’s Kitchen. Le cinéma néo-gothique américain confirme le diagnostic que faisait il y a (...) Lire 

Entretien

Éric Fassin

Chantier

les DDASS : une basse administration

avant-propos

par

Allons, ne faites pas cette tête. Oui, vous vous êtes fait avoir. Et alors ? Vous avez acheté Vacarme pour sa couverture. Vous savouriez d’avance un numéro d’été tout entier voué au corps - le vôtre. Vous découvrez, perplexe, un dossier sur les Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales... Si vous poussiez la curiosité un peu plus loin - et si vous aviez lu jusqu’au bout le dernier numéro de Multitudes, cette autre revue de vacances -, vous verriez pourtant (...) Lire 

Une histoire des DDASS

par

« Née en 1964, la direction départementale des affaires sanitaires et sociales a vécu vingt ans. Vingt ans au cours desquels elle a affirmé sa place et son rôle dans la mise en oeuvre de la politique sanitaire et sociale du pays. Elle a su se situer au carrefour des interventions de l’État, du département, des communes, de leurs établissements publics et également des organismes de Sécurité sociale, des hôpitaux et des institutions privées. » Les DDASS seraient-elles mortes (...) Lire 

Arsenal

des salariés d’associations soutiennent les grévistes de France Terre d’Asile (FTDA)

Rédigé avant la fin de la grève, le texte suivant est ouvert à la signature des salariés d’associations. Envoyer les signatures au GISTI, 3, Villa Marcès, 75011 Paris et par mail à gisti@ras.eu.org
À la suite d’une réunion organisée le 13 mars 2000 à la Bourse du travail de Paris, des salariés de l’ANAFE, du CEDRE-Secours catholique, de la CIMADE, de la Croix Rouge française, du GISTI, des Journalistes africains en exil, du MRAP, du SSAE de Créteil, et aussi des militants de la CGT et (...) Lire 

et, vainement ! visite domiciliaire CAF

par

« Putain les mecs quel paysage : [...], on dirait la banlieue au Moyen-âge, avec, en plus, un cimetière de tanks de la division des lendemains qui chantent. » Romania 94, La Souris Déglinguée
Paris, XXIème arrondissement, 9h02. Comme le prévoit la loi, Martine Brio, agent de la CAF, est autorisée à s’introduire au sein de leur chez soi par des occupants désoccupés. L’inquisition sociale avancée arrive chez vous ou moi, un jour ou l’autre. Visite domiciliaire ? Arrêt de rigueur ! Dès (...) Lire 

sida : où sont les femmes ?

Les participants à la marche des femmes du 15 janvier dernier ont vu circuler un tract intitulé : Nous sommes vivantes et belles. Distribué par la commission Femmes d’Act Up-Paris, il exprimait l’urgente nécessité pour les femmes séropositives de se montrer et de prendre la parole. À la suite de cette manifestation, les filles d’Act Up décidèrent d’inviter des groupes féministes, des associations de lutte contre le sida et toutes les femmes qui le désiraient à une assemblée générale (...) Lire 

il gommone : un dispositif de désobéissance civile

par

Le 29 janvier dernier, Il gommone et les 20 000 manifestants réunis à Milan ont réussi à obtenir la fermeture du centre de rétention de la Via Corelli, le plus grand centre d’Italie du Nord.
La stratégie fut relativement simple : il fallait réussir à entrer à l’intérieur du centre de rétention avec des médias, pour rendre ainsi publique l’existence de ces camps, obtenir rapidement la fermeture du centre lombard, afin de poursuivre la bataille pour la fermeture de tous les centres de (...) Lire 

la purification laïque

par

En France, à la toute fin du siècle dernier. Le Conseil de discipline d’un collège de Normandie venait d’exclure deux élèves de douze ans - miss Esmanur et miss Belgin - pour avoir arboré en classe des « signes ostentatoires de religion » : en l’occurrence, des foulards bon marché, mais d’une marque supposée islamique, Tchador©. Un mois plus tard, une grève d’avertissement conduisait le ministre en personne à diligenter sur place une médiatrice. Les fautives, d’origine turque, acceptèrent (...) Lire 

processus

soupe instantanée à la sauce de haricots noirs

par

Soupe Instantanée à la sauce de haricots noirs, huis clos en un acte écrit en 1981, est la première pièce de Tsai Ming Liang. Quatre stagiaires vivent sur un plateau de cinéma abandonné en attendant la reprise des tournages. Ah Tsai, Hsiao Sheng et Hsiao Lee passent leur temps à jouer aux cartes et observent la passion de Ah Shan pour le cinéma qu’ils prennent pour une sorte de folie passagère. À la fin de la pièce, leur explosion de joie lorsqu’il parvient à les convaincre de partager son (...) Lire 

les amis sans visage de Tsai Ming-Liang

par

En 1995, Tsai Ming-Liang a réalisé un documentaire sur le sida, My New Friends. « L’initiative en revient à un producteur qui avait lancé une série sur le regard porté, dans différents pays, sur les malades du sida. Il a passé commande à cinq réalisateurs, et j’ai été chargé de Taïwan. » Le film n’a jamais été montré en France.
D’abord, surmonter une courte irritation. Deux gays de Taiwan racontent leur séropositivité. On ne verra jamais leur tête, mais des mains, une nuque, un dos, des (...) Lire 

un portrait

par

Vous me montrez ce visage et vous me dites que ce visage est le mien, n’est-ce pas ?
Vous me dites que celui qui figure sur ce papier, c’est moi.
Mais moi, je ne suis pas sur ce papier. Moi, je vous parle d’ici et mon corps tout entier est habité par la vie.
Pourquoi sur ce papier n’y a-t-il que la tête et les épaules, pourquoi sur ce papier n’y a-t-il qu’une partie de moi-même ?
Regardez-moi. Suis-je la moitié d’un homme ?
Regardez mes mains. Mes mains sont vivantes.
Cet homme (...) Lire 

chroniques

ubi est ?

par

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sequelles

par

Le plan de coupe de ton cerveau. Les ravages qui s’exercent à sa surface, le nombre de rayures qui peut être dénombré en elle. L’assèchement de la faculté de découvrir. La restitution du moyeu au moyeu, de la pierre à la pierre, de la clavicule à la clavicule, du satrape à la compagnie du satrape : commodités engendrées par les ans, par la faillite de l’engouement, celle de la joie, tandis que ces rayures que tu croyais bénignes se creusent de plus belle. Incessamment elles obnubileront (...) Lire 

remontant ou descendant le fleuve

par

— Tu pars maintenant. Tu es déjà sur le chemin, tu le sens.
Si tu restes, bientôt, tu bougeras encore moins qu’elle, de façon
plus définitive. Tu seras ouvert au reste, ton corps se sera
détaché de ton autre corps, mortel, et je me demande finalement
si je dois t’offrir cette délivrance.
Elle parlera, tu peux être sûr, avant même d’en arriver
à cela que tu effleures, du bout de ta langue, parce que
déjà je pense la sectionner avec mes dents, si tu t’approches
encore.
Crois-moi, (...) Lire 

Dans le chat

par

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la défaite (notes pour une encyclopédie)

par

Ces quelques notes, hâtives et brouillonnes, pour un livre qui peut-être ne paraîtra jamais — à vrai dire, je ne crois pas que l’on écrive ce genre de livres. (À vrai dire, je ne sais pas non plus si on publie ce genre de notes.) Mais le livre, contradictoirement, devrait parler de cela, valoir pour toutes les notes qui jamais n’ont de suite, qui s’échouent et s’épuisent d’être seulement notées et tendues vers un livre trop haut pour elles. Des pensées qui font immédiatement faillite, (...) Lire 

mouvements d’anémone

par

Klein disait à Linnæus : « Supposez que l’on donne du poil au lézard, ce sera une belette. » C’est une erreur.
Cuvier, Histoire des sciences naturelles.
L’été aux champs. Miroitent des étoiles, des ophiures, des oursins aux armures globuleuses, des holothuries couvertes de papilles colorées ; limaces et lièvres de mer se déplacent lentement ; les jupons translucides des méduses s’évasent et se retroussent. Posés aux fonds sableux, gorgones cramoisies, vérétilles, fouets et coraux (...) Lire 

Nana Frasina

par

Il y était une fois, dans les très lointaines terres où le soleil se lève, un pays qui s’appelait Moldavie, et dans ce pays il y avait un village de paysans qui était nommé Popeshti, et dans ce village de Popeshti il y avait une maisonnette peinte en bleu, et dans la maisonnette habitait une vieille dame qui s’appelait Frasina, mais que tout le monde là-bas appelait Nana, ce qui veut dire "marraine" dans la langue des Moldaves de là-bas.
Nana Frasina commençait tôt sa journée : à quatre (...) Lire 

des ciseaux pour Murati

par

Edwin Murati est un footballeur au destin hors du commun. Il veut jouer et accepte mon pays pour ne rien regretter.
La chance est tombée malade. Je les énervais parce que j’étais petit, ouvert et généreux.
Je suis allé raconter son histoire à l’armée rebelle un soir de novembre 1975 à Tirana, Albanie.
Sa vie, elle est déjà jouée, à chaque match, ça, je le comprends. Mais le désir est trop intense. Cinq ans plus tard, il se trouvait à Athènes deux nuits dans un jardin public pour (...) Lire 

la femme perdue

par

Refusant l’obstacle des films récents passables (American Beauty, Man on the Moon), notre chronique remonte le temps. Le curseur est tombé quelque part entre 1934 et 1940. Du jour au lendemain — dimanche à la cinémathèque, lundi dans l’une des nouvelles salles de Beaubourg — passèrent deux raretés mineures qui racontent la même histoire et partagent même un second rôle (un juge devenu curé). Dans Waterloo Bridge (La valse dans l’ombre) comme dans We Live Again (Résurrection), une ingénue (...) Lire 

les images

par

2 Mai 1987
Parfois il y avait dans sa tête comme une assemblée d’images. Mais la plupart du temps cela ne se passait pas ainsi. C’était d’ailleurs assez difficile à décrire. En cela c’était bien ordinaire et presque embarrassant. Pourtant c’était précisément ce qui lui semblait la composer comme une orange, des quartiers étoilés qui se détachent, l’un après l’autre, avec une élasticité délicate. Elle n’y prenait pourtant pas que du plaisir, pour qui voulait corriger encore, dans la (...) Lire 

l’appartement

par

19 mai 1987
Le lieu pouvait changer d’âme, mais chacun, compte tenu de l’expérience qu’il avait eue de l’appartement dans les années et les saisons précédentes, reconnaissait qu’il était merveilleux au coeur de l’hiver, lorsque la neige recouvrait totalement les alentours, et au coeur de l’été, lorsque toute peur s’estompait, et que les locataires jouissaient pleinement de la chaleur qui effaçait tous les signes d’une époque. Jamais rien ici ne creusait la place de l’ennui, et aucun ne (...) Lire 

Ka, Djed, Djed II

par

pour Fat, Sa, Ja, Ma (Ka)
Égypte, Hikuptah : le palais du ka de Ptah.
Momie tête rasée, Ptah. Thot est sa langue : r gr.(w) n mdw.n=f
Hathor, Mout, elle vient étant grande, Iousaâs, un scarabée sur la tête. L’autre, Seshat, sa tête, nul n’en sait le secret. Kefthernébès face à son seigneur dans la nécropole de Thèbes qui a existé avant tout autre lieu. Colonnes palmi, papyri, lotiformes.
Cobra, taureau dans les étoiles, hippopotame gras à la poitrine humaine, Ti le chasse au (...) Lire 

la pauvreté, la gauche et le christianisme : fait ou devenir minoritaire ?

par

La misère, on sait toujours un peu ce que c’est : tous ces corps défaits, ces demandes sans attente, ces refus sans orgueil ; être tenaillé par la faim, le froid, l’envie, la désespérance du vide de tout, et se dire que ça ne peut pas durer, et que pourtant ça dure, sempiternellement. En revanche, il n’y a même pas à proprement parler d’images d’Épinal ou de poncifs de la pauvreté. Même pas d’images : ni riche, ni mendiant, ni marginal — il y en a tellement —, ni majoritaires — on ne les (...) Lire 

Vacarme 12

Vacarme 12 / été 2000

Rédaction en chef la revue Vacarme

Parution le 3 juillet 2000 Édition Vacarme

Pages 112 ISBN 9782915547832

Diffusion en librairies Difpop

Diffusion numérique Cairn