La philosophe Avital Ronell vient d’être suspendue pendant un an de toutes ses fonctions par la New York University (NYU) à la suite d’une procédure engagée par l’un de ses anciens étudiants, Nimrod Reitman. Ce dernier l’a attaquée pour harcèlement au titre du Title IX, disposition du droit états-unien datant de 1972 qui a eu pour but de lutter contre les discriminations.

Cette affaire a fait la une du New York Times il y a quelques jours. Par ailleurs, auparavant une lettre de soutien, rédigée par Judith Butler en faveur de Ronell et envoyée à NYU, a été rendue publique ; elle a soulevé de nombreuses critiques, arguant qu’elle s’inscrivait à l’opposé de ce que le mouvement #MeToo notamment a initié depuis bientôt un an.

Vacarme a rassemblé un ensemble de textes de proches ou lecteurs-lectrices d’Avital Ronell, toutes et tous impliqué-es dans la recherche et l’enseignement supérieur en France. Ils et elles réfléchissent chacun à leur manière à ce qu’une telle affaire révèle, et ce, alors que rien n’est clos – Nimrod Reitman envisage d’attaquer NYU pour ce qu’il considère comme une sanction trop clémente ; Avital Ronell a réagi via un communiqué qui publie des éléments de la correspondance jusqu’alors privée entre son étudiant et elle, donnant à lire une partie de la nature des échanges qu’ils ont pu avoir.

Chaque texte engage une série de questions – harcèlement sexuel, rapports de pouvoir à l’université, relation enseignant/élève, #MeToo, effets de « retour de bâton » et de récupération, amitié, amours et écritures… - qui ne sont ici qu’esquissées, mais l’effet de diffraction produit par cette affaire est tel qu’il est apparu nécessaire de dépasser la sidération première de certains d’entre nous – ne le cachons pas par ailleurs certains dans Vacarme sont intimement liés à Ronell et à son travail– pour, le plus justement possible, essayer de continuer à penser.