Vacarme 21
automne 2002

À nos lectrices et lecteurs
Ce numéro, Vacarme 21 (automne 2002), est désormais archivé et tous ses articles sont accessibles dans leur intégralité. Vacarme aime la gratuité, mais une revue existe grâce à ces abonné·es.
Éditorial
la rue est à nous
par Stany Grelet & Philippe Mangeot
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Entretien
Enzo Traverso
Nous vivons une époque où la mémoire des victimes, objets de compassion, éclipse celle des vaincus, sujets oubliés. Enzo Traverso, histoirien, propose de les articuler : comment redonner une parole aux effacés de l’Histoire ?
La mémoire des vaincus
Entretien avec Enzo Traverso. Lire →
Chantier
Dammarie-lès-Lys : les militants de l’incertitude
Deux émeutes en quatre ans (1993 et 1997), deux morts en deux jours (21 et 23 mai) : à nouveau confrontées aux violences policières, les cités de Dammarie-lès-Lys refusent à la fois la clôture de l’enquête et la bataille rangée. Chronique d’un mouvement.
avant-propos
par Emmanuelle Cosse & Fabien Jobard
Déclaration de Tarek (MIB), le jeudi 6 juin 2002, sur le lieu de la mort de Mohammed Berrichi :
« À l’heure actuelle, on ne sait pas comment ça s’est passé. On n’a pas de témoignage. La vérité. On va dire la vérité : on n’a pas de témoignage qui dit « Voilà, ils l’ont touché ». Mais il y a tellement d’ancienneté, d’anecdotes qui se passent, ils ont une telle habitude de violence, ils ont une telle habitude d’un comportement discriminatoire qu’on ne croit pas dans ce qu’ils disent, qu’on ne (…)
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la puissance du doute
par Fabien Jobard
La mobilisation provoquée par la mort de Mohamed Berrichi, le 23 mai, au terme d’une course-poursuite avec la police, à Dammarie-lès-Lys, est exceptionnelle à plusieurs titres. Non seulement parce qu’elle a refusé l’émeute, mais parce qu’elle ne plaide rien d’autre que l’incertitude : contre les preuves policières et la hâte idéologique, une politique du doute, adossée à l’expérience du danger.
A Dammarie-lès-Lys, la protestation s’élève en dissonance. Sa langue n’est pas celle de la (…)
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autoportraits - 1/ Abdelkader Berrichi
Ce portrait ainsi que les trois autres qui l’accompagnent sont des itinéraires militants, dits à la première personne du singulier, à visage découvert.
Ils ne « redonnent » pas « la parole » à des gens « prives de parole ». Les quatre personnes dont il s’agit n’ont au contraire cessé, durant les mois qui ont suivi les deux décès de mai 2002, voire durant les années qui ont suivi la mort d’Abdelkader Bouziane, de se saisir de toutes les occasions de parole publique. Ces portraits (…)
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autoportrait - 3 / Samir Baaloudj
Ce portrait ainsi que les trois autres qui l’accompagnent sont des itinéraires militants, dits à la première personne du singulier, à visage découvert.
Ils ne « redonnent » pas « la parole » à des gens « prives de parole ». Les quatre personnes dont il s’agit n’ont au contraire cessé, durant les mois qui ont suivi les deux décès de mai 2002, voire durant les années qui ont suivi la mort d’Abdelkader Bouziane, de se saisir de toutes les occasions de parole publique. Ces portraits (…)
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autoportraits - 4 / Benamara Zeghadi
Ce portrait ainsi que les trois autres qui l’accompagnent sont des itinéraires militants, dits à la première personne du singulier, à visage découvert.
Ils ne « redonnent » pas « la parole » à des gens « prives de parole ». Les quatre personnes dont il s’agit n’ont au contraire cessé, durant les mois qui ont suivi les deux décès de mai 2002, voire durant les années qui ont suivi la mort d’Abdelkader Bouziane, de se saisir de toutes les occasions de parole publique. Ces portraits (…)
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« on est en train de régler la situation de M. Kader »
bras de fer téléphonique entre la préfecture et Samir Baaloudj Lire →
être de ceux qui savent
une séance du conseil municipal Lire →
L’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique
par Fabien Jobard
A Dammarie-lès-Lys, l’incrimination pour « outrage à personne dépositaire de l’autorité publique » fait partie de l’expérience ordinaire. Fondée sur la seule parole des policiers, elle témoigne d’une forme d’exercice du pouvoir comparable à celle qui prévaut en prison : une présomption de rébellion, une proximité quotidienne, un traitement disciplinaire - mais à ciel ouvert.
Une incrimination a cristallisé l’attention publique à Dammarie-lès-Lys, celle de l’outrage, parfois couplée à (…)
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Les suites judiciaires de la mort d’Abdelkader Bouziane
par Emmanuelle Cosse
Dammarie, lieu de mémoire. Celle, cuisante, des non-lieux (affaire Bouziane). Celle, méfiante, de la désinformation, d’où l’enjeu de l’image (collectif POIS). Celle du deuil, familière jusqu’au rituel (Xavier Dem, un enterrement politique).
Le 17 décembre 1997, peu après 23 heures, Abdelkader Bouziane (16 ans) part au volant de la Volkswagen Golf blanche de sa mère, de Dammarie-lès-Lys vers Nemours, accompagné de son cousin Djamel Bouchareb (19 ans). Ils sont très vite pris en chasse par (…)
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un enterrement politique
par Emmanuelle Cosse & Fabien Jobard
Dammarie, lieu de mémoire. Celle, cuisante, des non-lieux (affaire Bouziane). Celle, méfiante, de la désinformation, d’où l’enjeu de l’image (collectif POIS). Celle du deuil, familière jusqu’au rituel (Xavier Dem, un enterrement politique).
Une dizaine de jours après sa mort, Xavier Dem était enterré dans le petit cimetière de Vosves, un hameau rattaché à la commune de Dammarie-lès-Lys. Quelques jours plus tôt, la famille avait fait déposer des tracts au local de Bouge qui Bouge : « Nous (…)
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images
par Emmanuelle Cosse, Fabien Jobard & collectif POIS
Dès la manifestation du 27 mai, une autre lutte est menée à l’intérieur de la lutte. Un combat de tous les instants s’engage autour de la production et de la diffusion des discours et de l’image, photographique ou télévisuelle, combat qui prend à Dammarie-lès-Lys la forme de l’appropriation du moyen de lutte des détenteurs de la parole autorisée, qu’elle soit texte ou image : le droit. L’article 9 du Code civil est sans cesse convoqué, qui précise qu’une association est une personne morale, (…) Lire →
Dammarie-lès-Lys : chronologie 2002-2003
par Fabien Jobard
Mardi 21 mai 2002 peu avant midi, de vifs échanges se font entendre dans un pavillon de Dammarie-lès-Lys, non loin de la barre d’immeuble du Bas-Moulin. Très agité, Xavier Dem, 23 ans, s’est rendu chez son grand-père et s’est emparé de sa carabine à plombs. Les voisins, alertés par les cris, à moins que ce ne soit le grand-père lui-même, appellent le commissariat, qui envoie deux agents. A leur arrivée, l’un d’eux reçoit une décharge de plombs dans le coude. Son collègue fait immédiatement (…) Lire →
Arsenal
Journal de répression
par Cabiria
Une association lyonnaise recense les violences faites aux prostitué(e)s. Lire →
les voyageurs de Linosa
par Olivier Doubre
reportage aux marches de l’Europe Lire →
lettre à Paolo Persichetti
par Erri De Luca
« Tu vois, Paolo, ces pouvoirs ont besoin de toi. » Lire →
éducation nationale ?
par Michel Celse
sur une épreuve de bac Lire →
voyage en Peugeot
par Carine Eff
chronique d’une intérimaire à Sochaux Lire →
Processus
« J’vous jure que j’ai entendu »
par Bertrand Ogilvie
Le populaire dans l’art : feuilleton théorique. Lire →
M, comme manga
par Patrick Cherdel
Un abécédaire. Lire →
couleur jardin gris
par Anne Bertrand
les couleurs de l’art Lire →
Chroniques
Un ermite frivole
par François Rosset
Où son âme présente un défaut cardinal : il avoue à demi-mot mal se porter lorsque en réalité il ne ressent rien – que ce soit envers son travail, ceux qui l’entourent, ou s’il constate la vacance de ces désirs qui d’ordinaire le taraudent (ceux-là, en grande part, sont très hauts). Au lieu d’admettre la platitude de cette neutralité atroce – de cette désactivation intérieure dont n’importe quel être souffre de façon récurrente – il fait ses allusions avec une voix basse qui laisse accroire (…) Lire →
Une sérénade
par Suzanne Doppelt
Pour des raisons de mise en page, cette contribution est uniquement disponible en pdf. Lire →
bernique, journal d’une anosmie
par Jean-Pierre Guillard
En novembre 1998, Jean-Pierre Guillard a reçu un coup sur la tête. Il en a perdu le goût et l’odorat.
troisième semaine
J’ai le sentiment de me plier à la cérémonie de la tisane depuis une éternité.
Ça fait trois semaines que l’odorat a disparu. Et trois semaines que, chaque jour, Elia m’apporte le gros bol du remède fumant qu’elle a dégoté chez un marchand d’anxiété alimentaire.
Je m’y plie, je m’y replie et ainsi de suite jusqu’à disparaître dans mon sans goût brûlant.
quatrième (…)
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paris, 15 août
par Pierre Alferi
L’audace impudente, la fraude et la médiocrité règneront toujours, c’est leur sort de revenir sur l’eau.
Les rues les moins fréquentées des grandes villes seront éclairées la nuit mieux qu’elles ne sont en ce moment, et elles seront tout aussi sûres. Parfois les principales rues des petites villes jouiront des mêmes avantages. Telles sont les douceurs et la bienheureuse destinée que le ciel réserve à la génération qui s’élève. Heureux ceux que, au moment où j’écris, la sage-femme reçoit (…)
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une désaffection pour la chose sportive
par Fred Poulet
Régurgiter par associations Délier une histoire Que tel vide amène à tel plein Libéré du convaincre énumérer les indices Il y a des montagnes Leur cime est enneigée Boucles échantillons qui s’altèrent Pour délier les pleins La boucler pour qu’elles s’ouvrent, suggèrent la proximité d’une mer Arracher un épaulé jeté L’haltérophile soulève de la fonte Comme neige au soleil
Jamais je n’aurai mis aussi longtemps pour écrire cette chronique. Il est difficile et fort ennuyeux d’exprimer sa (…)
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Rébus
par Victoire Patouillard
western love
par Bill Luoma
J’ai apprécié ton plat de haricots. C’était grand comme dix amarantes. Tu as aussi acheté des couvertures à la mode pour nous protéger des cris du coyote dans la nuit. Je t’appelais mon petit coussin isolant.
La prairie s’étend à perte de vue au fil de notre errance. Tu as fait un feu pour sécher nos chaussettes. Dans la nuit les bêtes reconnaissantes clignaient des yeux vers les ombres. Les collines se délitaient.
Ton instinct de cheval t’a préservé des concessions minières. Tu as (…)
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l’épeire / plus qu’une enveloppe vide
par Ariane Chottin-Burger
Le cadre de la fenêtre a disparu. Son ombre a filé plus loin, en contrebas de la colline — la vue est grand ouverte et il ne me reste qu’un seul vœu, faire ce que je ne sais pas. Sur le figuier, contre le mur, une épeire allonge ses pattes avec lenteur. Elle évalue un vide puis s’élance, sans tomber. J’étais surprise — vous aussi sans doute, la surprise vous atteint de cette façon. Elle tire le lacet qui maintient ensemble les sourcils au-dessus des yeux. Une fois faite, l’ouverture se (…) Lire →
si possible dormir en blanc
par Frédérique Ildefonse
Du balcon, maintenant, on a la perspective des femmes, dans la trouée. Les animaux sont accumulés, lavés. Ils font passer les animaux ; il y a une chaîne, des répliques. Ceux qui viennent de dehors restent sur le côté. Après la fête, pieds nus, on traverse le long du sable, l’enfilade des voitures. Plus tard, on lavera les vitres et le sol de l’autel. Une tête cachée par une sorte de paille, recouvre le visage. La zone est composée de maisons basses, il y a des couleurs ; certains arbres (…) Lire →
mettons
par Ingeborg Bachmann
mettons
Mettons que je ne sais plus pourquoi je vis ici, puisque j’écris sur Vienne - ou plutôt, quand j’écris, je suis à Vienne. Et mettons qu’ici je ne bois ni café au lait, ni grand crème, ni Kapuziner, mais un capuccino, et les loyers sont chers, mais on mange pour beaucoup moins, et soudain tous les amis s’appellent Giulio ou Giorgio ou Luciano, Ginevra, Marina, Alda. Mettons qu’on rêve déjà dans une autre langue, mais il paraît que ça ne veut rien dire : il faut savoir compter dans (…)
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« aux grèves des mineurs »
par Anne-Françoise Brillot
Photographies et textes extraits d’un monument réalisé par Anne-Françoise Brillot [Agence Paysage(s)] pour La Maison de l’Art et de la Communication, à Sallaumines dans le Nord-Pas- de-Calais. Panneau en acier brut de deux mètres de hauteur, sur chaque face sont installés 35 carreaux de faïence blancs imprimés avec des paysages. Traces physiques de ces histoires englouties sous terre. Morceaux choisis d’entretiens avec d’anciens mineurs sur leurs souvenirs de grèves.
« Mon père mineur, (…)
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deux récits
par Nina Volkova
les abîmes
psychée
À tout lieu de vie correspond un plan, sont attribués des points cardinaux. Tout est si souvent vu d’en haut, en trois dimensions sur un écran ou retranscrit en signes conventionnels sur le papier. On se tient au bord de la carte géographique, on connaît la source des fleuves et l’endroit où ils se jettent. Derrière soi, on aura l’Inde, devant, la Laponie. La Lapone, puis la Finnoise — n’est-ce pas ici que la Reine des Neiges a emmené le garçon gelé ? Une ville (…)
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Un lieu
La Fensch, une vallée au singulier
une vallée au singulier
retours
par Ariane Chottin-Burger & Stany Grelet
un documentaire à la première personne sur une l’agonie d’une vallée industrielle Lire →
« plutôt qu’un personnage que je m’invente, un personnage que je rencontre »
par Ariane Chottin-Burger & Stany Grelet
rencontre avec Laurent Hasse Lire →
séquences
sur les cendres du vieux monde : extraits Lire →